PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau a confirmé jeudi prévoir une dégradation de sa marge opérationnelle courante pendant son exercice décalé 2024-2025, après un premier semestre marqué par des conditions de marché toujours difficiles aux Etats-Unis et en Chine.
Pour l’exercice en cours, qui s’achèvera fin mars 2025, Rémy Cointreau prévoit un repli de son chiffre d’affaires de 15% à 18% sur un an et sur une base organique, soit à périmètre et taux de change constants. Le groupe avait indiqué le mois dernier s’attendre à une “nouvelle année de baisse organique à deux chiffres” de son chiffre d’affaires par rapport à l’exercice précédent.
Le propriétaire du cognac Rémy Martin a en outre précisé s’attendre à une marge opérationnelle courante de 21% à 22% en organique pour 2024-2025. Le groupe avait auparavant indiqué prévoir une “dégradation organique” de sa marge opérationnelle courante. En 2023-2024, la marge opérationnelle du groupe avait atteint 25,5%.
“L’année 2024-2025 s’inscrit comme une année de transition qui permettra notamment de finaliser l’ajustement des stocks de la région Amériques et de reprendre, à partir de 2025-2026, la trajectoire fixée à l’horizon 2029-2030”, a indiqué Rémy Cointreau dans un communiqué. Pour 2029-2030, Rémy Cointreau continue ainsi de viser une marge brute de 72% et une marge opérationnelle courante de 33%.
Economies de 42 millions d’euros au 1er semestre
Le second semestre 2024-2025 sera “marqué par la poursuite des efforts dans le cadre du plan d'économies de 50 millions d’euros sur l’exercice en cours”, a souligné le directeur général du groupe, Eric Vallat, cité dans le communiqué.
Le groupe a déjà réalisé au premier semestre un total de 42 millions d‘euros d’économies dans le cadre de ce plan, qui comprend 55% d'économies pérennes et 45% de réductions de coûts ponctuelles, a-t-il expliqué au cours d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Les réductions de dépenses publicitaires représentent 35 millions d’euros, tandis que les dépenses industrielles diminueront de 2 millions d’euros et les frais généraux, de 13 millions d’euros, a détaillé Eric Vallat. Les économies réalisées sur les frais généraux n’incluent pas de suppression d’emplois, a ajouté le dirigeant.
“Il est toutefois impératif de garder le cap et le temps est venu de se préparer à la reprise”, a prévenu Eric Vallat. Il a indiqué que certains investissements marketing seraient réintroduits “pour accompagner les pics d’activité aux Etats-Unis et en Chine”.
Au cours du premier semestre 2024-2025, le groupe a observé aux Etats-Unis de “récents signaux encourageants sur le cognac et la résilience des Liqueurs & Spiritueux”, tandis que Rémy Cointreau a continué à gagner des parts de marché en Chine, “malgré un marché incertain”, a souligné Eric Vallat.
Pour les six mois d’avril à septembre, le résultat net part du groupe de Rémy Cointreau a baissé sur un an de 18,6% en données publiées et de 24,2% en données organiques au premier semestre, à 92 millions d’euros.
Le résultat opérationnel courant (ROC) de Rémy Cointreau a reculé sur un an de 12,9% en données publiées et de 17,6% en données organiques, à 147,3 millions d’euros.
Baisse du résultat opérationnel courant du cognac
La marge opérationnelle courante du premier semestre est ressortie à 27,6%, contre 26,6% un an plus tôt, mais elle a reculé de 0,5 point de pourcentage sur une base organique par rapport au premier semestre 2023-2024.
Le ROC de la division Cognac a diminué sur un an de 17,9% en données publiées et de 13% sur une base organique, à 126,5 millions d’euros. La marge opérationnelle courante de la division s’est établie à 37%, en repli organique de 0,2 point de pourcentage sur un an.
Au premier semestre, le pôle Liqueurs & Spiritueux a vu son ROC reculer sur un an de 1,1% en données publiées et de 3,3% sur une base organique, à 30 millions d’euros. La marge opérationnelle courante de cette division s’est établie à 16,5%, en hausse organique de 1,5 point de pourcentage par rapport au premier semestre 2023-2024.
La division Marques partenaires a enregistré une perte opérationnelle courante de 0,6 million d’euros, contre un bénéfice de 0,2 million d’euros un an plus tôt.
Selon un consensus compilé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 87 millions d’euros et sur un ROC de 132 millions d’euros au premier semestre 2024-2025.
Rémy Cointreau avait déjà publié le mois dernier son chiffre d’affaires pour le premier semestre, faisant état d’une baisse sur un an de 16,2% en données publiées et de 15,9% à périmètre et taux de change constants, à 533,7 millions d’euros.
Rémy Cointreau avait abaissé ses objectifs pour 2024-2025 à l’occasion de cette publication.
Moins d’impact des droits de douane aux Etats-Unis qu’en Chine
Par ailleurs, Rémy Cointreau est attentif au risque d‘une augmentation des droits de douane aux Etats-Unis après l’élection de Donald Trump à la présidence du pays.
“Nous surveillons la situation de près”, a déclaré Eric Vallat lors de la conférence avec des journalistes, tout en estimant que “10% de droits de douane ne seraient pas dramatiques pour le groupe”. D'éventuelles taxes additionnelles aux Etats-Unis auraient un “impact négatif évident, mais pas aussi important que les droits de douane potentiels en Chine”, a expliqué le dirigeant.
Concernant la Chine, Rémy Cointreau a répété avoir “pris acte de la décision” du pays d’appliquer des droits de douane additionnels temporaires de 38,1% sur les importations de cognac à compter du 11 octobre. “Si ces droits provisoires étaient confirmés, les conséquences seraient limitées pour 2024-2025 et le groupe activerait son plan pour en atténuer les effets à partir de 2025-2026”, a ajouté Rémy Cointreau.
Si la Chine décidait de pérenniser cette mesure, “l’impact de la hausse des droits de douane ne serait pas totalement compensé dès la première année”, a prévenu Eric Vallat.
Jeudi en début de séance, l’action Rémy Cointreau cédait 0,6%, à 57,05 euros.
-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: LBO
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