FRANCFORT (Agefi-Dow Jones)--Le volume des émissions d’obligations d’Etat dans la zone euro se maintiendra à des niveaux très élevés en 2025, mais les analystes s’attendent à une forte demande de la part des investisseurs à la recherche de rendements corrects et d’actifs refuges.
Selon plusieurs analystes, l’offre brute d’obligations des 11 plus grands émetteurs de la zone euro pour 2025 devrait s'élever à environ 1.280 milliards d’euros. Ce chiffre comprend les émissions de nouvelles obligations destinées à financer les déficits budgétaires et les remboursements des obligations arrivant à échéance.
Bien que légèrement inférieures au niveau de 2024, les émissions d’obligations resteront extrêmement élevées par rapport aux données historiques, compte tenu des dépenses supplémentaires qui ont été nécessaires les années précédentes en raison de la pandémie de Covid et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le niveau élevé de l’offre pourrait entraîner un risque de volatilité temporaire pour les obligations, ce qui se traduirait par une hausse des rendements. Dans l’ensemble, cependant, l’appétit pour l’achat d’obligations de la zone euro devrait être suffisant.
Les rendements restent relativement élevés, la Banque centrale européenne (BCE) devrait réduire ses taux d’intérêt et les investisseurs veulent encore acheter des actifs moins risqués compte tenu des incertitudes géopolitiques.
“Pour les investisseurs à la recherche de rendements, les obligations européennes sont attrayantes étant donné les risques de stagnation séculaire [à long terme] sur le continent”, affirme Benjamin Melman, directeur mondial des investissements chez Edmond de Rothschild Asset Management.
L’exception française
Les obligations de l’Etat français pourraient toutefois constituer une exception, compte tenu de l’instabilité politique dans le pays et de l’incertitude concernant le budget.
Edmond de Rothschild avait réduit toute exposition aux obligations du Trésor français avant même la récente chute du gouvernement. La société de gestion d’actifs considère par ailleurs que les emprunts des Etats de la zone euro présentent un bon rapport qualité-prix.
Selon Antonio Cavarero, responsable des investissements chez Generali Asset Management, la hausse des taux des obligations et la baisse de leur prix attireront davantage d’acheteurs, y compris des petits épargnants. Le marché est “conscient de l’offre à venir” et les prix des obligations reflètent déjà largement cette situation, indique-t-il.
Conformément aux tendances historiques, les émissions devraient être plus élevées au début de l’année, lorsque les pays commencent leurs programmes de financement annuels, et ralentir progressivement au fur et à mesure que l’année avance.
Des pressions sur l’offre seront possibles lorsque des volumes importants seront émis en même temps, ce qui pourrait entraîner une baisse des prix et une augmentation des rendements, mais cette situation ne devrait être que temporaire. “Il pourrait y avoir des situations propices à la volatilité et à la sous-performance au niveau local, qui devraient toutefois rester relativement limitées”, ajoute Antonio Cavarero.
Changement de braquet à la BCE
La demande d’obligations devrait être suffisamment soutenue, même si la Banque centrale européenne réduit son bilan par le biais d’un resserrement quantitatif. A partir de 2025, l’institution de Francfort ne réinvestira plus dans les obligations arrivant à échéance issues des précédents programmes d’achat d’obligations.
Un niveau élevé d’offre brute d’obligations d’Etat n’a rien de nouveau. Néanmoins, le niveau record des émissions d’obligations d’Etat dites “nettes-nettes” pose un problème.
Il s’agit du volume d’obligations pour lequel de nouveaux investisseurs doivent être recherchés. L'émission nette est le volume de l’offre d’obligations moins les remboursements et les données nettes-nettes tiennent compte de la politique de resserrement quantitatif de la BCE.
Erjon Satko, stratégiste taux chez Bank of America, s’attend à ce que l’offre “nette-nette” atteigne un nouveau record pour le marché des emprunts publics de la zone euro, à savoir environ 670 milliards d’euros. Il pense que cette offre sera absorbée, à condition que la volatilité des taux se stabilise davantage, en raison notamment des taux d'épargne élevés de la zone euro.
Selon John Hardy, chef de la stratégie macroéconomique de Saxo, dans le cas improbable où le marché de la dette de la zone euro deviendrait instable, la BCE devrait trouver un moyen de stabiliser le marché.
“Je ne pense pas que des perturbations majeures se produiront. S’il y a le moindre signe de tension, un mécanisme sera inventé”, estime-t-il.
-Emese Bartha, The Wall Street Journal (Version française Aurélie Henri) ed: JDO
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