Pour battre les actions françaises en 2024, il fallait investir en Europe

Après une année décevante pour les actions françaises, les spécialistes de la classe d’actifs ont battu leur indice en regardant au-delà de leur marché domestique.

Jocelyn Jovène 18.12.2024
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Woman fund manager

Pour battre les actions françaises, il fallait investir en Europe.

Si malgré une année difficile pour les actions françaises, les gérants de la catégorie Actions France ont pour l’heure fait un peu mieux que leur indice de référence, certains se sont démarqués en privilégiant les actions européennes, en particulier les valeurs de croissance.

Une performance assez rare qui mérite d’être relevée si l’on compare la performance de la moyenne de catégorie et de l’indice Morningstar France.

Au 10 décembre, les gérants de la catégorie Actions France affichent une progression de 1,87% en moyenne, contre une hausse de 0,37% pour l’indice Morningstar France (dividendes inclus).

Mais ceux qui s’en sont le mieux sortis ont aussi fait le pari des actions européennes, dans des proportions parfois importantes.

5 gérants qui s’en sortent

LMdG Familles & Entrepreneurs

  • Note Morningstar : Neutral
  • Frais courants de gestion : 2,14%
  • Performance 2024 (au 18 décembre) : 10,55%
  • Exposition aux actions françaises : 20,7%
  • Exposition aux actions Europe développée : 81,8%

Le fonds LMdG Familles & Entrepreneurs d’UBS Wealth Management est en tête du classement de la catégorie Actions France depuis le début de l’année avec une progression de 11,6%.

Ce fonds, noté « Neutral » par Morningstar, ne détient que 20% environ d’actions françaises contre 86% d’exposition à la France pour la moyenne des quelque 149 fonds de la catégorie. L’analyse du portefeuille du fonds indique que Novo Nordisk, SAP, Investor AB, Cellnex, ABB et Ferrari font partie des 10 plus grosses positions du fonds.

Parmi ses plus grosses positions en actions françaises on retrouve Hermès International, LVMH, L’Oréal et Publicis.

« La raison de la sous-exposition à la France est liée à la volonté d’élargir notre univers d’investissement à l’Europe continentale, tout en conservant la recherche d’entreprises familiales et entrepreneuriales de qualité », explique Emmanuel Regnier, gérant du fonds chez UBS La Maison de Gestion, lors d’un entretien téléphonique.

« Ceci nous a conduit à changer de benchmark, et à mettre à jour notre prospectus en avril dernier. Même si nous étions déjà plus prudents sur la France compte tenu du contexte politique, mais surtout de l’exposition indirecte à la Chine de certains poids lourds de la cote, ces changements ont été plutôt bénéfiques mais montrent qu’il était opportun en 2024 d’avoir une exposition plus large qu’aux seules actions françaises »

« Même si nous étions déjà plus prudents sur la France compte tenu du contexte politique, ces changements ont été plutôt bénéfiques mais montrent qu’il était opportun en 2024 d’avoir une exposition plus large qu’aux seules actions françaises », ajoute-t-il.

Le gérant estime qu’au regard du nouvel indice de référence du fonds (MSCI Europe ex-UK en remplacement de l’indice Euronext CAC All Share), l’exposition de 20% du fonds aux actions françaises est plutôt cohérente, tout en préservant aux investisseurs la possibilité d’investir dans le fonds dans le cadre d’un PEA.

Vega France Opportunites

  • Note Morningstar : Neutral
  • Frais courants de gestion : 2,77%
  • Performance 2024 (au 18 décembre) : 5,06%
  • Exposition aux actions françaises : 82,7%
  • Exposition aux actions Europe développée : 99,8%

Patrick Lanciaux, gérant du fonds Vega France Opportunités, explique la surperformance du fonds par son exposition à des valeurs de croissance et de qualité.

« Le fonds a bénéficié de la surperformance des premières positions qui sont constituées majoritairement d’entreprises leaders de leur marché dans des secteurs d’activité assez concentrés », explique-t-il.

« L’exposition aux valeurs européennes du fonds répond à la même approche quant au profil de société recherchée mais qui n’existe pas sur le marché français. »

MCA Europe

  • Note Morningstar : Neutral
  • Frais courants de gestion : 2,39%
  • Performance 2024 (au 18 décembre) : 5,04%
  • Exposition aux actions françaises : 64,4%
  • Exposition aux actions Europe développée : 94%

Le fonds MCA Europe, deuxième du classement au regard de sa performance annuelle (+6,5%), également noté « Neutral », est exposé à hauteur de 64% aux actions françaises.

Selon Romain Houet, gérant de la stratégie, le fonds a bénéficié de la surperformance de valeurs européennes, notamment Prosus et SAP, ainsi que de l’opération de rachat sur Neoen.

« Depuis la fin du gouvernement Borne, nous nous attendions à un peu plus d’instabilité au niveau du gouvernement et avons décidé d’internationaliser un peu plus le portefeuille en sortant des valeurs franco-françaises. Notre plus forte contribution, Prosus, a bénéficié du rebond de Tencent et de la réduction d’une décote de holding très forte en début d’année. En outre, la société profite de la vente de titres Tencent pour racheter ses propres titres. »

Le pari sur des valeurs françaises exposées aux booms des centres de données, comme Schneider Electric (+37% en 2024), a également aidé.

Investir PEA Palatine

  • Note Morningstar : Neutral
  • Frais courants de gestion : 1,79%
  • Performance 2024 (au 18 décembre) : 3,39%
  • Exposition aux actions françaises : 68,8%
  • Exposition aux actions Europe développée : 81,6%

Ce fonds qui a un peu plus des deux tiers de ses actifs en France, va aussi chercher des idées d’investissement outre-Atlantique. Selon les 10 premières positions à fin novembre 2024, on trouvait Microsoft (3,21% du fonds) en deuxième position, Walmart (2,87%), America Express (2,73%).

« Ce fonds est un atypique parce qu’il intègre les suggestions de valeurs du journal Investir, envoyées les jeudis après-midi. Elles concernent 4 paniers de valeurs qui constituent le fonds (actions internationales, petites et moyennes valeurs, valeurs de rendement, grandes capitalisations de qualité et de croissance). Ces suggestions sont ensuite passées au crible de notre processus d’investissement », explique Bruno Vacossin, gérant du fonds.

« Cette année, le fonds a bénéficié de la bonne performance des valeurs américaines et de certaines grandes valeurs de croissance. »

Kirao Multicaps

  • Note Morningstar : Non noté
  • Frais courants de gestion : 1,15%
  • Performance 2024 (au 18 décembre) : 3,02%
  • Exposition aux actions françaises : 59,3%
  • Exposition aux actions Europe développée : 98,7%

Le fonds Kirao Multicaps ne détient « que » 59% d’actions françaises. Au sein de ses 10 premières positions, on trouve plusieurs valeurs européennes comme UCB, Philips, SAP ou De’Longhi.

Pour Fabrice Revol, fondateur de Kirao et gérant du fonds, « l’exposition aux valeurs européennes est un choix délibéré d’avoir de l’Europe en dehors de la France à mesure que notre effort de recherche a augmenté. C’est une évolution très lente pour passer de 25% à 40% qui n’est pas une décision de gestion pour l’année. »

« Le gros de notre performance cette année est attribué à la très forte progression d’UCB, un laboratoire belge qui bénéficie de l’autorisation de mise sur le marché de son traitement du psoriazis, de Bureau Veritas, Alstom et SAP, parmi d’autres. A l’inverse, nos performances ont été pénalisées par Carl Zeiss Meditec ou Sopra, un groupe de services informatiques qui nous semble anormalement mal apprécié par le marché. »

La surperformance est peu fréquente chez les gérants actifs

Si les gérants de fonds en actions françaises font un peu mieux que leur indice, sur le long terme, cette capacité à surperformer est plutôt rare.

« La gestion active peine à surperformer le marché sur le long terme. À fin juin 2024, notre baromètre actif/passif montre que sur dix ans, seulement 5 % des fonds actions actifs avaient survécu et surperformé la gestion passive », souligne Mathieu Caquineau, directeur pour la recherche sur les fonds chez Morningstar.

Il explique : « le principal écueil de la gestion active réside dans les frais de gestion, qui grèvent significativement les performances des fonds d’actions françaises. Pour les investisseurs particuliers, ces frais sont souvent alourdis par des rétrocessions importantes. »

« La vigilance sur les frais doit être la priorité numéro un des investisseurs. Côté gestion active, il faut privilégier des stratégies éprouvées avec des experts capables de tirer parti des opportunités sur tout le spectre du marché français », recommande-t-il.

© Morningstar, 2024 - L’information contenue dans ce document est à vocation pédagogique et fournie à titre d’information UNIQUEMENT. Il n’a pas vocation et ne devrait pas être considéré comme une invitation ou un encouragement à acheter ou vendre les titres cités. Tout commentaire relève de l’opinion de son auteur et ne devrait pas être considéré comme une recommandation personnalisée. L’information de ce document ne devrait pas être l’unique source conduisant à prendre une décision d’investissement. Veillez à contacter un conseiller financier ou un professionnel de la finance avant de prendre toute décision d’investissement.


L'auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.