Jean-François Delcaire, gérant du fonds HMG Découvertes, s’est retrouvé l’an dernier avec 11 sociétés détenues en portefeuille ayant fait ou faisant l’objet d’une offre de rachat annoncée ou finalisée au cours des deux dernières années.
Son fonds, noté Silver par Morningstar, a battu son indice de référence et la moyenne de catégorie au cours des trois dernières années.
En 2024, le fonds, qui a gagné 7,68 %, a été l’un des très rares à enregistrer une performance positive quand le reste de la concurrence accusait des pertes parfois significatives (sa moyenne de catégorie a reculé de 7,99% l’an dernier) mais également à faire mieux que son indice de référence.
« Les fonds investis sur les petites et moyennes capitalisations peuvent jouer un rôle clé dans la diversification d’un portefeuille, en offrant un potentiel de surperformance supérieur à celui des large caps sur le long terme », observe Mathieu Caquineau, directeur au sein de la recherche sur les fonds pour Morningstar.
« Notre recherche montre que les catégories small et mid caps sont généralement plus propices à la gestion active, avec des chances de succès à long terme plus importantes que sur les catégories large caps. Un autre point intéressant à souligner est la faible valorisation actuelle des small et mid caps par rapport aux large caps, en particulier sur le marché européen », ajoute-t-il.
La surperformance du fonds par rapport à son indice et sa catégorie s’est amplifié depuis l’été 2022, période marquée par une multiplication des opérations sur titres – comme pour les sociétés Explosifs et Produits Chimiques (toujours en cours), ESI Group ou CS Group.
Les OPA, un critère de sélection des titres
Être investi dans des entreprises qui font l’objet d’une offre publique n’est pas l’objectif premier du fonds, mais fait partie des critères de sélection de titres, reflet de l’expérience passée du gérant, qui travaillait pour le compte propre de BNP Paribas Arbitrage.
« Ma feuille de route comme ‘propre trader’ était que j’avais le droit de gagner mais pas le droit de perdre, ce qui n’est pas très éloigné de la philosophie d’investissement de Warren Buffett », explique le gérant au cours d’un entretien téléphonique avec Morningstar le 23 décembre dernier.
« Des valorisations de plus en plus décotées ont créé les conditions pour des opérations de retrait de cote ou des opérations financières qui ont fait ressortir des multiples de valorisation plus élevés », observe le gérant.
Au-delà des opérations de fusions-acquisitions, le gérant regarde avant tout la qualité des modèles d’affaires et prête une grande attention à la gouvernance d’entreprises où les dirigeants sont souvent les fondateurs ou des actionnaires de référence.
« L’objectif du fonds est d’être sélectif sur la qualité des modèles d’entreprises – plutôt rentables, avoir peu voire pas de dettes et qui se permet, comme son nom l’indique, de sortir des sentiers battus, ce qui a permis au fonds d’éviter d’être pris dans les mouvements de collecte ou de décollecte qui ont pénalisé d’autres gérants », explique-t-il.
Des idées nouvelles pour le portefeuille
Les nombreuses sorties de titres ont ainsi amené le gérant à sélectionner de nombreuses idées nouvelles l’an dernier.
Sur la base du dernier portefeuille disponible, à fin septembre 2024, les fonds s’est porté acquéreur l’an dernier de nombreuses sociétés cotées.
La plupart des nouvelles idées d’investissement du gérant ont été choisies en raison de la déconnexion entre la qualité du modèle économique de ces entreprises et une valorisation jugée décotée par le gérant.
« Les actions achetées en 2024 répondent à mes critères de sélection : le risque de baisse me semble limité, et il y a une forte décote sur la valeur des actifs détenus avec un catalyseur potentiel lié à une opération sur le capital, comme pour Rubis par exemple. Le plus souvent, j’ai du rendement, il y de la trésorerie au bilan, autant d’éléments qui permettent d’être patient », explique Jean-François Delcaire.
Virbac, spécialiste français de la santé animale, est un autre exemple des nouvelles idées du gérant et illustre sa philosophie d’investissement.
« Virbac est une société de grande qualité qui a complètement ‘deraté’. Le titre était fortement détenu par des investisseurs anglo-saxons qui ont vendu la France suite aux incertitudes liées à la situation politique, indépendamment de la qualité des modèles économiques et de leurs performances financières », illustre-t-il.
L’espoir d’un rebond des actions en 2025
Pour le marché français, l’année 2024 a été compliquée. Elle l’a été davantage encore pour les petites valeurs, encore plus exposées que les grandes sociétés cotées à la détérioration de la situation politique dans le pays.
Les espoirs d’un rebond semblent encore minces en ce début d’année 2025, mais si celui-ci devait arriver, il profiterait énormément aux petites valeurs, qui ont été particulièrement pénalisées par la décollecte des fonds ces dernières années.
« On arrive à une espèce de climax d’inquiétude sur les petites valeurs. La catégorie subit un désamour depuis 6-7 ans, et ce mouvement de décollecte qui l’a fortement pénalisée semble arriver à son terme », observe le gérant
L’explication ne vient pas seulement des flux mais également de la réglementation.
Pour flécher davantage l’épargne des particuliers vers les petites valeurs, les pouvoirs publics avaient lancé en 2014 le PEA-PME, un plan d’épargne dédié aux petites valeurs.
Mais ce plan était assorti de contraintes assez lourdes, notamment en termes de capitalisation boursière (1 milliard d’euros) et de taille de bilan ou de chiffre d’affaires. L’engouement initial s’est étiolé au fil du temps et des contre-performances boursières des petites valeurs.
Or ces contraintes ont été récemment relaxées, avec une capitalisation boursière maximale de 2 milliards d’euros, ce qui élargit l’univers d’investissement pour les gérants.
« On a trois éléments qui pourraient avoir un impact favorable : le fait que le PEA-PME a changé en juin 2024 ; de nombreuses opérations de concentration dans l’industrie de la gestion d’actifs qui a conduit à la fermeture de nombreux fonds ou des changements de mandats élargis à l’Europe ; en fin d’année, les opérations de ‘window dressing’ qui ont conduit certains gérants à sortir des petites pondérations », note Jean-François Delcaire.
A cela s’ajoute une catégorie constituée pour bonne part d’entreprises le plus souvent bien gérées, explique le gérant.
« L’économie (les entreprises) c’est un peu comme le promeneur dans la forêt. Autour du promeneur, il y a un chien (la Bourse) qui va et vient. Aujourd’hui on a un traitement boursier défavorable pour de nombreuses entreprises de qualité. La bonne nouvelle, c’est que les deux ne se perdent jamais de vue. »
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