Les émissions d’obligations d’entreprises en euros démarrent l’année 2025 en trombe

Le mois de janvier est traditionnellement actif sur les marchés primaires obligataires.

Agefi/Dow Jones 14.01.2025
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PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le marché primaire obligataire crédit en euros n'échappe pas à la déferlante d'émissions après un peu plus d’une semaine d’activité en 2025.

“Nous nous attendions à un bon début d’année, souligne Blaise Bourdy, responsable origination obligataire pour les entreprises en France, Belgique et Luxembourg chez la Société Générale. Deux facteurs clés soutiennent cette dynamique: la forte liquidité sur le marché en cette période de l’année et l’importante collecte dont continuent de bénéficier les marchés d’obligations corporate investment grade comme high yield.”

Le mois de janvier est traditionnellement actif sur les marchés primaires obligataires alors qu'émetteurs et investisseurs se repositionnent après un mois de décembre peu actif.

Au 10 janvier, près de 15 milliards d’euros d’obligations ont déjà été émis sur l’ensemble des segments du marché (investment grade, high yield et placements privés), soit légèrement moins que les 17 milliards placés l’an dernier à la même date.

L’ensemble des compartiments est ouvert, qu’il s’agisse des émetteurs les mieux notés comme Nestlé, qui a placé 1,1 milliard d’euros sur deux tranches (7 ans et 20 ans), ou du haut rendement. Les émissions de Kiloutou, une double tranche à 400 et 150 millions d’euros, et de Tereos (300 millions), signalent l’appétit des investisseurs pour la classe d’actifs.

Autre signe de cette bonne orientation, les hybrides, obligations perpétuelles permettant aux émetteurs de renforcer leur bilan, l’un des compartiments les plus sensibles au sentiment de marché, ont également débuté l’année sur les chapeaux de roues: Enel a levé 2 milliards d’euros de nouvelles obligations sans refinancement, Lufthansa 500 millions et La Poste 750 millions. “Nous avons plusieurs émissions dans les cartons en hybrides qui devraient être placées dans les prochains jours”, poursuit le banquier.

Inquiétudes sur les taux

Plusieurs émetteurs ont proposé des obligations avec des échéances de long terme, comme Nestlé à 20 ans, qui a enregistré un carnet d’ordres de 7,1 fois l’offre. Les transactions ESG (environnement, social et gouvernance) ont également repris, notamment au format SLB (sustainability-linked-bond) avec l'émission de 600 millions réalisée par Heathrow.

“L’ensemble des transactions se passe très bien, relève Blaise Bourdy. Il n’y a pas de “fatigue” des investisseurs.”

Le début d’année volatil sur les marchés financiers ne semble pas avoir affecté, jusqu'à maintenant, ce flux d'émissions. Pourtant, les inquiétudes quant à l’ampleur et au calendrier des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine, entre inflation persistante, hausse du pétrole, marché de l’emploi robuste et perspectives de politiques reflationnistes de Donald Trump, ont provoqué un dérapage des taux longs aux Etats-Unis, et par contagion, sur les autres marchés. Cela commence à peser sur les marchés actions.

En revanche, les spreads (écarts de taux) de crédit tiennent, toujours grâce à la forte demande.

Cette forte demande se traduit par des conditions d'émissions favorables avec des carnets d’ordres toujours largement sursouscrits et des primes d'émissions par rapport à la courbe secondaire d’un émetteur parfois négatives.

Cela a été le cas de l'émission de 500 millions à 5 ans de Ferrovial (-3 points de base, soit -0,03 point de pourcentage) et celle de 850 millions d’euros de GM Financials à 6,5 ans, placée avec une concession de --7 points de base. Le niveau de la prime, qui reste le plus souvent positive, dépend aussi de chaque émetteur.

Le groupe énergéticien portugais EDP a placé lundi 750 millions d’euros d’obligations vertes à 6,5 ans tandis que Téléperformance et Ipsos ont mandaté des banques pour des opérations sur le marché obligataire dans les prochains jours.

Ipsos a annoncé la semaine passée être désormais noté Baa3 par Moody’s et BBB par Fitch, ce qui lui permettrait d'économiser environ 50 points de base (pb) par rapport à une émission non notée. Ces notations “permettront au groupe de diversifier ses sources de financement, d’améliorer son accès au marché de la dette et d'élargir sa base d’investisseurs”, a indiqué la société dans un communiqué. Une émission de 400 millions d’euros à 5 ans est envisagée.

“Le flux d'émissions devrait ralentir à mesure qu’on approchera de la période de silence des entreprises (blackout) avant la publication de leurs résultats qui battra son plein mi-février”, affirme Blaise Bourdy. Le marché devrait ensuite de nouveau accélérer. Les spécialistes de SG CIB anticipent une progression des émissions à 360 milliards d’euros en IG (investment grade) et 110 milliards en HY (high yield) pour l’ensemble de l’année.

-Xavier Diaz, L’Agefi, ed: JDO

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires


L'auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.

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