BPCE et Generali créent leur champion de la gestion d’actifs

Avec 1.900 milliards d’euros d’actifs sous gestion naît le deuxième gestionnaire d’actifs en Europe derrière Amundi.

Agefi/Dow Jones 21.01.2025
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assicurazioni generali

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Un deal majeur pour commencer l’année dans la gestion d’actifs européenne.

BPCE et Generali ont officialisé mardi leur projet de mariage entre égaux dans l’asset management, en discussions depuis l’an dernier. Les instances de gouvernance des deux groupes ont validé lundi l’opération, d’abord côté BPCE puis chez Generali, dont le conseil s’est achevé dans la soirée.

En mariant d’un côté Natixis Investment Managers, et de l’autre Generali Investments Holding (GIH), la banque française et l’assureur italien se targuent de créer le champion européen de la gestion d’actifs par les revenus.

Avec environ 1.900 milliards d’euros d’encours et le futur ensemble sera bien deuxième sur ce critère derrière Amundi, mais ses 4 milliards d’euros de revenus combinés le placeront au premier rang européen. Et il devancera dans tous les cas BNP Paribas Asset Management, qui s’apprête à intégrer Axa IM.

L’ensemble NIM-GIH, en attendant de trouver un autre nom, marchera sur trois jambes. D’abord son cour de métier historique, la gestion assurantielle, avec environ 1.000 milliards d’euros gérés pour le compte de BPCE Assurances, de CNP Assurance et du lion de Trieste.

Ensuite, la gestion dite de “conviction”, qui regroupe des boutiques telles que Loomis et Harris Associates, ou DNCA Finance, Mirova et Sycomore côté européen. Enfin, les actifs privés, forts de presque 200 milliards d’euros sous gestion, un domaine qui concentre aujourd’hui les efforts de développement des asset managers sur le globe, à commencer par le numéro un mondial BlackRock.

Dividende prioritaire pour BPCE

Pour parvenir à un accord capitalistique à 50-50, comme ils le souhaitaient dès le départ, les deux partenaires ont fait dans la dentelle.

En termes d’encours, Natixis Investment Managers était en effet plus lourd et davantage tourné vers le compte de tiers, avec à fin septembre près de 1.280 milliards d’euros sous gestion. Generali Investments Holding affiche un portefeuille de 680 milliards, à près des deux tiers pour compte propre. Sa joint-venture dans la gestion en Chine reste par ailleurs en dehors du périmètre du projet.

L’assureur s’est donc engagé à apporter 15 milliards d’euros en cinq ans sous forme d’investissement dans les fonds d’actifs privés du nouvel ensemble.

Ce seed money atteindra 5 milliards d’euros dès la première année. “C’est un élément très important, car le capital devient un facteur clé de succès dans l’asset management, une industrie qui s’est historiquement développée avec peu de fonds propres”, décrypte un proche du dossier. BPCE a en outre négocié un dividende prioritaire les deux premières années de l’accord. Generali bénéficierait, sur la même période, du remboursement d’un prêt lié au financement de l’acquisition du spécialiste américain du crédit privé MGG récemment annoncée.

La parité est aussi la règle dans la gouvernance. Nicolas Namias, président de BPCE, prendra celle du futur gestionnaire, tandis que Philippe Donnet, directeur général de Generali, sera vice-président. A l'échelon opérationnel, Woody Bradford, patron de Generali Investments, dirigera la joint-venture, tandis que Philippe Setbon, son pendant chez Natixis IM, deviendra directeur général délégué (deputy CEO). Cette répartition des pouvoirs est prévue pour durer cinq ans, et pourra ensuite alterner ou non, selon le choix des deux parties. Le conseil du gestionnaire comptera six administrateurs issus de chaque maison et trois indépendants.

Mariages entre affiliés à prévoir

Il faudra faire vivre en pratique cette structure de “co-contrôle”, où aucun des deux partenaires n’est censé prendre le pas sur l’autre. L'équilibre doit permettre de convaincre les pouvoirs publics, notamment dans une Italie jalouse de l’indépendance de ses champions nationaux.

Le projet a été partagé en amont, en insistant sur la différence entre l’asset manager, regroupé, et l’asset owner, qui reste maître de ses décisions d’investissement, par exemple en emprunts d’Etat italiens.

Le mariage se doublera d’un partenariat commercial de 15 ans pour distribuer les expertises de gestion au sein des réseaux de distribution des deux groupes. Une durée qui témoigne de l’engagement des parties, et qui tend à devenir une nouvelle norme pour ce type d’accords structurants: Axa et BNP Paribas se sont aussi liés pour 15 ans.

BPCE et Generali devraient préciser, dans un deuxième temps, les ambitions de leur bébé.

La création d’un poids lourd mondial de la gestion assurantielle, un métier à marges serrées où la taille compte, doit leur permettre de convaincre d’autres compagnies.

Des synergies de revenus sont aussi attendues de la démultiplication des expertises et des canaux de distribution. Mais des économies seront aussi au programme, dans les fonctions centrales et dans la rationalisation des expertises de gestion.

Avec 18 boutiques issues de NIM et 12 de Generali, le groupe ressemblera à une constellation. “Il y aura sûrement un travail de regroupement de certains affiliés à faire”, juge la même source, à commencer par la gestion assurantielle. Un beau programme en perspective.

-Alexandre Garabedian, L’Agefi. ed: LBO

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires


L'auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.

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