L’article a été mis à jour pour tenir compte du vote du Sénat intervenu à la mi-journée, jeudi 6 février.
Le gouvernement Bayrou a réussi à faire adopter le budget 2025 par l’Assemblée nationale mercredi 5 février. Les actions ont réagi positivement, tandis que l’écart de taux entre la France et l’Allemagne ont reculé depuis la mi-janvier. Nous revenons sur les éléments cruciaux de ce budget, ce que cela signifie pour le déficit public et les entreprises et ce qu’il faut attendre par la suite.
Budget 2025 : que va-t-il se passer maintenant ?
Le texte du budget a été validé par le Sénat ce jeudi 6 février, le vote de la haute assemblée étant acquis sans trop de difficulté.
Il partira ensuite au Conseil constitutionnel, qui a le pouvoir de censurer certaines dispositions, ce qui a déjà été le cas par le passé, pour le budget 2024 par exemple.
Parmi les 67 articles du texte, plusieurs articles pourraient être retoqués par la haute juridiction, en particulier l’article 3 sur la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, et l’article 11 sur la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises (20,6% pour les sociétés dont le chiffre d’affaires dépasse les 3 milliards d’euros).
Quel impact sur le déficit public ?
Après un déficit public de 6% en 2024, le budget 2025 prévoit un déficit de 5,4% cette année. A moyen terme, le gouvernement vise un déficit public de 3% d’ici 2029, afin d’être en phase avec les contraintes budgétaires européennes du traité de Maastricht (1992).
La France n’a jamais que rarement respecté le critère de 3% de déficit public au regard des critères de Maastricht(graphique). Les gouvernements successifs à la tête du pays depuis 30 ans n’ont jamais réellement fait preuve d’une volonté de contrôler les déficits publics, y compris dans les périodes de forte croissance économique.
« Une croissance faible (0,8% estimés) risque de faire déraper le déficit public, mais une base de départ plus favorable en 2024 pourrait aider à ramener le déficit public proche de l’objectif du gouvernement », estiment les économistes de Morgan Stanley dans une note publiée jeudi matin.
Quel impact sur les entreprises ?
La mesure qui concerne directement les actions concerne la fiscalité accrue sur les bénéfices des entreprises qui relèvent de l’impôt sur les sociétés en France. Selon les calculs de la banque Morgan Stanley, la surcharge de 20,6% prévue en 2025 pour les entreprises réalisant un chiffre d’affaires entre 1 et 3 milliards d’euros et la « surtaxe » de 4,12% pour celles qui font plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires pourrait impacter les bénéfices des entreprises composant l’indice CAC 40 à hauteur de 2,7% et moins de 1% pour l’indice MSCI Europe.
Selon Morgan Stanley, environ la moitié des hausses d’impôts ont déjà été intégrées par le consensus des analystes.
La question de l’imposition des sociétés pourrait toutefois rester d’actualité en 2026 si le gouvernement ne parvient pas à réduire le déficit public cette année.
Comment les marchés réagissent-ils ?
La Bourse de Paris gagnait 1% à 14h20 jeudi, aidée toutefois par des publications de résultats bien accueillies dans le secteur bancaire.
« Les actions françaises surperforment leurs homologues européennes depuis le début de l’année, même avant l’annonce d’aujourd’hui. Ainsi, bien que l’adoption d’un budget ne puisse être qu’une bonne chose, l’attention des marchés semble se porter ailleurs », tempère Michael Field, stratégiste actions Europe chez Morningstar.
Le regain d’optimisme autour de la capacité du gouvernement Bayrou à se maintenir malgré l’utilisation de l’article 49.3 et le vote de deux motions de censure (toutes deux rejetées) ont visiblement contribué à refaire baisser la pression sur la dette française.
Le rendement à 10 ans demandé par les investisseurs pour acheter la dette émise par l’Etat français a reculé à 3,12% jeudi après avoir atteint un pic de 3,47% mi-janvier.
L’écart de taux avec la dette allemande s’est lui réduit à 0,72% contre 0,87% mi-janvier, reflet d’une moindre inquiétude des investisseurs quant à la capacité de la France de réduire son déficit public.
Budget 2025 : quelles sont les prochaines étapes ?
Les investisseurs suivront avec attention la reprise des discussions pour la réforme des retraites, qui doit se tenir au cours du mois de mai.
La France doit poursuivre les efforts en matière de réformes structurelles pour mieux contrôler les déficits de ses régimes sociaux, et contribuer à améliorer la croissance potentielle du pays sur le long terme.
En tant que deuxième économie de la zone euro, le pays doit s’impliquer davantage dans les enjeux de réformes pour contribuer à regagner en compétitivité, dans un contexte marqué par l’intensification des tensions commerciales provoquées par l’administration Trump et la concurrence très intense de la Chine.
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