Les actions européennes étaient stables lundi à la mi-journée après que les élections législatives allemandes ont donné un résultat conforme aux sondages, ouvrant la voie à une coalition centriste entre les conservateurs vainqueurs et les sociaux-démocrates.
Avant dimanche, les marchés s'étaient préparés à des scénarios risqués, notamment une victoire plus forte que prévu de l’AfD (extrême droite) ou une coalition entre les sociaux-démocrates, les Verts et la gauche, mais aucun de ces scénarios ne s’est concrétisé.
Le mandat centriste du prochain gouvernement a été renforcé par le fait que le parti populiste BSW, favorable à la Russie, n’a pas réussi à recueillir les 5 % de voix nécessaires pour entrer au parlement.
Alors que le parti libéral pro-entreprise FDP, qui détenait jusqu’en novembre le ministère des finances, n’a pas non plus réussi à rester au parlement, le parti post-communiste Left a fait bonne figure, défiant les sondages pour remporter près de 9 % des voix.
“La réaction des marchés boursiers ce matin a été relativement modérée, mais à court/moyen terme, nous pensons que l’impact d’un nouveau gouvernement sur les actions allemandes pourrait être significatif”, déclare Michael Field, stratègiste actions Europe chez Morningstar.
“La baisse des prix de l'énergie, par le biais d’une réduction des impôts, est quelque chose qui peut se produire rapidement, et les annonces de plans visant à améliorer les infrastructures et à réduire les formalités administratives, en particulier sur les marchés du travail, devraient certainement donner un coup de fouet aux actions”, a-t-il ajouté.
La victoire des pro-défense stimule le secteur
Parmi les actions allemandes gagnantes, on trouve le secteur de la défense, le prochain chancelier conservateur Friedrich Merz s'étant engagé en faveur de l’autonomie stratégique et d’un soutien accru à l’Ukraine.
Parmi les partenaires de coalition probables de M. Merz, les sociaux-démocrates, Boris Pistorius, partisan de la politique étrangère, est l’un des principaux candidats à la succession d’Olaf Scholz, ce qui renforce la perspective d’une augmentation des dépenses de défense par le nouveau gouvernement.
La société allemande de défense Rheinmetall RHM a augmenté de 3,8 % lundi matin, tandis que la société de capteurs et d'électronique Hensoldt HAG a progressé de 6 %.
Ailleurs en Europe, le groupe aérospatial Airbus AIR, le conglomérat italien de défense Leonardo LDO et le britannique BAE Systems BA. ont chacun augmenté d’environ 2 %, tandis que les marchés européens plus larges sont restés globalement en ligne avec la clôture de vendredi.
“Nous pensons que l’objectif actuel de 2% du PIB pour les dépenses de défense allemandes sera la limite inférieure”, déclare Loredana Muharremi, analyste de Morningstar pour l’aérospatiale et la défense.
“Compte tenu des récents développements, nous pensons que l’objectif à moyen terme sera de 3-3,5 %, en particulier dans le cas d’un gouvernement Merz-Pistorius.
Surperformance des moyennes capitalisations
Alors que les valeurs sûres allemandes de l’indice de référence DAX 40 dépendent des exportations et ne réalisent qu’un cinquième de leur chiffre d’affaires sur le marché intérieur, les valeurs à petite et moyenne capitalisation sont plus exposées à leur marché national et, par conséquent, à la politique intérieure.
La perspective d’un environnement politique plus favorable aux entreprises a permis aux actions de moyenne capitalisation de surperformer lundi.
“Bien entendu, les valeurs moyennes, celles qui exercent une grande partie de leurs activités en Allemagne, bénéficieront d’un avantage considérable”, observe M. Field de Morningstar.
L’indice MDAX des 50 valeurs moyennes cotées à Francfort a surpassé les marchés plus larges, augmentant de 2,5 % à midi en Allemagne, tandis que les grandes capitalisations du DAX 40 étaient en hausse de 0,9 % et que l’indice SDAX des petites capitalisations augmentait de 1,1 %.
Quelle est la prochaine étape pour le “frein à la dette” ?
À l’approche des élections, une réforme de la limite constitutionnelle d’emprunt de l’Allemagne, familièrement appelée “frein à l’endettement”, a retenu l’attention des investisseurs, qui y voient une voie potentielle vers une forte augmentation des dépenses de défense et d’infrastructure.
L’augmentation de dernière minute du soutien au parti de gauche, combinée à la forte progression de l’AfD, parti d’extrême droite, signifie que plus d’un tiers des sièges parlementaires iront à des mouvements populistes qui ne coopéreront probablement pas avec la nouvelle chancelière sur la réforme constitutionnelle.
Alors que l’AfD rejette totalement le relâchement du frein à l’endettement, la gauche s’oppose à l’augmentation des dépenses militaires et à la poursuite de l’aide militaire à l’Ukraine.
Porté par la promesse de stabilité du résultat des élections, l’euro a d’abord augmenté jusqu'à 0,7 % dans les échanges asiatiques tôt lundi, mais a réduit ses gains après l’ouverture des marchés européens.
Les rendements des obligations d'État allemandes à 10 ans sont restés globalement neutres, le sort des garde-fous fiscaux controversés de l’Allemagne restant incertain.
“Le résultat des élections - et notamment l’absence d’une majorité des deux tiers pour la CDU/CSU, le SPD et les Verts - renforce les doutes quant à la possibilité de réaliser des dépenses budgétaires supplémentaires par le biais d’une réforme du frein à l’endettement”, a écrit Felix Huefner, économiste chez UBS, dans une note publiée lundi, tout en ajoutant que “l’assouplissement budgétaire pourrait devenir plus difficile, mais resterait possible et peut-être même probable”.
Parmi les autres moyens d’augmenter les dépenses, on peut citer une “clause de sauvegarde” intégrée pour les urgences nationales, qui doit être renouvelée chaque année, et la création d’un fonds spécial, comme l’a fait l’Allemagne pour améliorer la préparation militaire en 2022.
Sunniva Kolostyak a contribué à cette histoire.
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