PARIS (Agefi-Dow Jones)--Année après année, le rendez-vous s’est installé. Euronext a dévoilé le 18 mars, à l’occasion de sa conférence annuelle, son 7e baromètre de l’actionnariat du CAC 40 et du SBF 120.
Premier enseignement du baromètre, la gestion d’actifs, toujours première classe d’actionnaires, voit son poids s'éroder d’une année sur l’autre à 25,2% du CAC 40 (24,6% pour le SBF 120), soit 619 milliards d’euros à fin 2023, contre 26% à fin 2022. En onze ans, la croissance est finalement loin d'être irrésistible (21,2% en 2012). La gestion passive - soit plus de 1.300 fonds - gagne toujours du terrain sur les 12.000 fonds de gestion active et capte 7,2% du CAC 40 (6,9% du SBF 120).
La prime est très nette aux plus gros acteurs: le Top 5 de la gestion représente 8,6% du CAC 40 et 8,1% du SBF 120. Au jeu des plus lourds, Vanguard dépasse Blackrock avec 2,3% du SBF 120 à fin 2023, contre 2,1% pour le premier gestionnaire mondial d’actifs.
Le triomphe du capitalisme familial
L’essor spectaculaire du capitalisme familial s’est poursuivi. Fondateurs et actionnaires familiaux détiennent 21,2% du CAC 40, contre 21% à fin 2022, une proportion qui ressort à 21% pour le SBF 120 (contre 20,5%). Les raisons sont connues. Le millésime 2023 a vu le triomphe boursier du secteur du luxe, avec des envolées aussi spectaculaires que celles de Hermès (+188%), LVMH (+77 %) ou L’Oréal. De quoi renforcer le poids des familles actionnaires. Présentes dans le capital de 16 membres du CAC 40, elles en détiennent en moyenne 29% du capital. A l'échelle de l’indice, les familles Arnault, Dumas et alliés et Bettencourt Meyers composent ainsi le podium des premiers actionnaires du CAC 40 avec des 7,3%, 5,5% et 3,4% respectifs. Les cinq premières familles pèsent à elles seules 18% du CAC 40.
Le destin boursier contrarié de Kering aboutit à l'éviction de la famille Pinault du Top 10 des plus gros actionnaires du CAC 40. La famille Del Vecchio, par son poids dans EssilorLuxottica, pointe désormais au dixième rang.
Le parcours haussier du secteur de la défense et de l’aéronautique - Safran, Thales, Airbus - a fait en 2023 les affaires de l’Etat, présent dans près de la moitié de l’indice. A travers ses différents véhicules (APE, Caisse des dépôts, Bpifrance, IFP...), il détient 2,5% du CAC 40, contre 2,2% un an plus tôt et pointe au 4e rang des principaux actionnaires de l’indice (2,7% du SBF 120), soit deux rangs gagnés, mais loin des 6% de 2012. Le fonds de pension norvégien pointe quant à lui au neuvième rang, avec 1,6% du CAC 40. Les investisseurs industriels - à l’image de Nestlé dans L’Oréal, ce qui fait du groupe suisse le 8e actionnaire du CAC 40 - pèsent 2,8% de l’indice. Présents dans 7 groupes, ils détiennent en moyenne 11% de capital des entreprises en question.
L’actionnariat individuel encalminé
Enfin, troisième enseignement, l’actionnariat individuel marque le pas, qu’il s’agisse d’actionnaires en direct ou d’actionnaires salariés. Certes, les particuliers pointent à 5,4% du CAC 40 contre 5,3% en 2022 et 4,6% en 2021, mais ils ne retrouvent, ainsi, que l'étiage de 2012. C’est sur ce terrain de l’actionnariat populaire qu’Euronext se heurte sans doute aux plus grandes difficultés méthodologiques. En effet, seuls 21 pensionnaires de l’indice phare parisien dévoilent le poids réel des particuliers dans leur capital où ils disposent, en moyenne, de 9,3% des actions cotés. Les actionnaires salariés représentent en moyenne de 3% du CAC 40.
Avec la disparité des performances boursières sectorielles en 2024, notamment la grise mine du luxe et le regain des valeurs liées à la défense, le futur baromètre attendu l’an prochain devrait marquer ses modifications sensibles, avec une érosion des actionnaires familiaux et le renforcement public.
Un exercice difficile
Si, de prime abord, cette cartographie du capital des grands groupes cotés français, lancée en 2012, semble un exercice relativement simple, il n’en est rien.
En dépit de la concentration croissance de la place parisienne -- le CAC représente 80% de la capitalisation boursière des 794 sociétés cotés à Paris et le SBF 120, 91,8% -, Euronext confesse devoir consacrer pas moins de six mois à établir un tel relevé. Le groupe doit recourir au croisement de plusieurs bases documentaires et sources chiffrées, qu’il s’agisse des données recueillies auprès des entreprises elles-mêmes, de Factset ou de Morningstar pour la gestion collective, afin de s’approcher de la cartographie la plus fidèle de la géographie réelle.
Mais une vision plus précise reste impossible puisqu’au final, Euronext identifie à fin 2023 seulement 66,3% des actionnaires du CAC 40 (67% pour le SBF 120). Cette proportion est stable d’une année sur l’autre (66,2% à fin 2022) mais se compare à 58% en 2012. Autrement dit, 829 milliards de capitalisation du CAC 40 demeurent dans des mains actionnariales qui ne sont pas identifiées, une proportion élevée qui, selon Euronext, ne biaise pas l’analyse des grands équilibres.
-Lionel Garnier, L’Agefi, ed: JDO
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