Les incertitudes quant aux implications de la politique de l’administration Trump sur l’économie américaine profitent aux actions européennes et notamment aux actions françaises, qui bénéficient du regain d’intérêt des investisseurs pour la classe d’actifs et d’une possible accélération de la croissance en Europe.
Depuis le début de l’année, l’indice Morningstar France progresse de 9,7 % contre une hausse de 9,1 % pour l’indice Morningstar DM Europe.
Pourtant, la plupart des grandes sociétés cotées à la Bourse de Paris auraient du mal à échapper à une récession des Etats-Unis, comme d’ailleurs l’ensemble des actions à travers le monde.
Mais quelle est l’ampleur de cette exposition et quelles seraient les conséquences d’une récession américaine pour la Bourse de Paris ?
« Contrairement à l’Allemagne, qui dépend fortement des États-Unis pour ses échanges commerciaux, la balance commerciale entre la France et les États-Unis est beaucoup plus équilibrée, ce qui signifie que la dépendance à l'égard de l'économie américaine est moindre », note Michael Field, stratégiste actions Europe chez Morningstar.
« Cela ne veut pas dire que la France et les actions françaises ne seront pas affectées par une récession aux États-Unis », précise-t-il.
Une exposition non négligeable aux Etats-Unis
Les grandes actions françaises sont, pour un certain nombre d’entre elles, fortement internationalisées et certaines obtiennent souvent une part plus importante de leur chiffre d’affaires aux Etats-Unis qu’en France. En soi, cela n’est pas surprenant compte tenu de la taille du marché américain – le PIB américain étant près de 10 fois plus important que le PIB de la France.
« L’exposition des entreprises du CAC 40 représente en moyenne près d’un quart de leur chiffre d’affaires, le CAC 40 étant généralement composé d’entreprises mondiales. Au fur et à mesure que l’on descend dans les marchés, l’exposition aux États-Unis diminue évidemment, de sorte que ce sont les principaux indices qui subiraient les conséquences d’une récession américaine », estime Michael Field.
Selon les données de Morningstar, l’exposition moyenne aux Etats-Unis des actions constituant l’indice Morningstar France serait de 22% environ, contre 16% pour l’exposition à la France.
L’analyse des données des entreprises membres de l’indice CAC 40 semble confirme ce chiffre, même si de nombreuses entreprises ne divulguent pas leur exposition aux seuls Etats-Unis, mais à l’Amérique du Nord, voire à la zone « Amériques ».
Comparer les entreprises n’est donc pas toujours aisé, mais on peut supposer que l’économie américaine domine la zone « Amérique du Nord » ou « Amériques » compte tenu de sa taille et de son poids dans le PIB de la région ou du continent.
Sur la base des données 2023, le PIB des Etats-Unis représente près de 93% du PIB de l’Amérique du Nord (Canada et Etats-Unis) et 76% du PIB de la région Amériques.
Notons enfin que certaines entreprises ne publient pas nécessairement la répartition géographique de leurs ventes mais uniquement leur activité par segments d’activité. C’est le cas par exemple d’Edenred ou de Veolia. Contactées, ces sociétés n’étaient pas immédiatement disponibles pour apporter une précision.
Que se passerait-il en cas de récession ?
La question que se poseraient logiquement les investisseurs consiste à déterminer quels secteurs d’activité seraient les plus impactés si un scénario de récession aux Etats-Unis devait se matérialiser.
« Indépendamment de l’impact réel sur la France, les investisseurs prendraient sans aucun doute très mal l'éventualité d’une récession aux États-Unis, ce qui entraînerait presque certainement une vente des actions européennes, les investisseurs craignant une récession européenne », observe Field.
« Les entreprises industrielles et de consommation seraient probablement les plus touchées, car les consommateurs et les entreprises américains réduiraient presque certainement leurs dépenses », estime-t-il.
« Les entreprises de biens de consommation discrétionnaire seraient en première ligne de ces réductions, des entreprises comme Michelin, Kering, Renault et Stellantis, qui est très exposée aux États-Unis. Les entreprises industrielles comme Bureau Veritas, Airbus. Et Air Liquide, en ressentiraient également les effets », ajoute Field.
Les actions les plus exposées sont-elles chères ou bon marché ?
Outre l’exposition géographique, d’autres facteurs impactent la performance des actions, en particulier leur niveau de valorisation.
Au sein de l’indice CAC 40, les 25 entreprises qui réalisent au moins un quart de leurs ventes en Amérique du Nord se traitent sur un ratio cours/juste valeur moyen de 0,99x. Un ratio cours/juste valeur constitue en général un signal de sous-évaluation. Plus ce ratio est faible et en-deçà de 1, plus le titre considéré est sous-évalué, c’est-à-dire décoté par rapport à l’estimation de juste valeur de Morningstar.
Quelques entreprises bénéficient toutefois d’une décote de valorisation, comme Eurofins Scientific (0,7x), L’Oréal (0,89x), Bureau Veritas (0,71x), Safran (0,88x), Kering (0,49x), Pernod Ricard (0,80x) ou STMicroelectronics (0,74x).
Certaines de ces entreprises se traitent avec une décote en raison de problèmes quant à leur potentiel de croissance organique ou sur l’évolution de leur profitabilité à court terme. Mais il est intéressant de noter que la plupart de ces entreprises disposent d’un rempart concurrentiel étroit (« Narrow Moat ») ou étendu (« Wide Moat »), ce qui signifie qu’il s’agit d’entreprises de qualité mal valorisées par le marché.
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