Les actions des banques françaises sont-elles toujours attrayantes ? 

Malgré la forte hausse de son cours de Bourse, BNP Paribas est une des actions  préférées de Morningstar. 

Jocelyn Jovène 27.03.2025
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Secteur des services financiers

Les actions des banques françaises, qui avaient sous-performé le secteur européen en 2024, sont en train de rattraper leur retard en ce début d’année 2025.

Alors qu’elles avaient fait moins bien que l’indice Morningstar DM Europe Banks l’an dernier, les trois principales banques cotées en France – BNP Paribas BNP, Société Générale GLE et Crédit Agricole ACA – enregistrent des gains de respectivement 35,8%, 61,6% et 28,9% depuis le début de l’année, contre une hausse de 26,4% pour le secteur bancaire européen.

Comment expliquer ce rebond ? Les actions des banques françaises sont-elles encore attrayantes ?

Le retour des investisseurs internationaux vers les actions européennes, qui s’est amplifié depuis l’annonce du plan d’investissement allemand dans les infrastructures, a favorisé le secteur bancaire en créant un environnement favorable à la progression de leur situation financière.

Par exemple, la repentification de la courbe des taux, qui reflète un plus grand optimisme quant à la croissance économique dans la zone euro, a un effet bénéfique pour les marges bénéficiaires des banques dans leur activité de banque de détail.

Des résultats 2024 plutôt bien orientés mais quid de 2025 ?

L’autre facteur de soutien vient des derniers résultats trimestriels des trois banques françaises, qui ont dans l’ensemble plutôt rassuré.

Début février, BNP Paribas a affiché un bénéfice net du quatrième trimestre supérieur aux attentes. La première banque française par la capitalisation boursière a réaffirmé ses objectifs pour 2026 et annoncé un programme de rachats d’actions de 1 milliard d’euros qui sera lancé au deuxième trimestre de cette année.

Société Générale a également battu les attentes, tant au niveau du produit net bancaire que du résultat d’exploitation du quatrième trimestre, et a confirmé une poursuite de l’amélioration de sa profitabilité en 2025 tout en relevant son objectif de rentabilité des capitaux propres tangibles à plus de 8% cette année.

Crédit Agricole a également fait bien mieux que les attentes du marché en termes de bénéfice net au cours du dernier trimestre de 2024 et a indiqué verser un dividende supérieur aux prévisions des analystes.

Cette dynamique va-t-elle se poursuivre en 2025 ?

« Les banques françaises ont tendance à générer plus de revenus de la banque d’investissement que leurs homologues européennes, explique Johann Scholtz. Nous pensons que la perspective de dépenses plus élevées et la décision d’affecter les économies à l’industrie de la défense pourraient favoriser les banques françaises. Nous notons également que les banques d’investissement ont tendance à prospérer lorsque les marchés sont volatils, BNP et SocGen devraient en bénéficier. »

L’impact de l’évolution de la courbe des taux, qui a favorisé les actions des banques françaises depuis le début de l’année, devrait toutefois être tempéré, estime l’analyste.

« L’évolution de la courbe des taux influencera les bénéfices des banques européennes, mais je pense que le marché a probablement surestimé son impact à l’avenir, souligne Johann Scholtz, analyste du secteur bancaire en Europe pour Morningstar. L’impact sur les bénéfices par action en 2025 pourrait être moins prononcé que certains investisseurs ne le pensent. »

Les banques françaises sont-elles encore attrayantes ?

Après la forte progression de leur cours de Bourse, les trois grandes banques françaises sont raisonnablement valorisées. Société Générale se trouve même en territoire 2 étoiles, soit une relative cherté avec une prime de 33% par rapport à l’estimation de juste valeur de Morningstar.

La seule banque qui se traite encore avec une décote de valorisation relative est BNP Paribas.

Pour Virginie Galas, responsable de la recherche CROCI chez DWS, « les banques françaises affichent une rentabilité du capital ajustée proche de 9%, soit un niveau inférieur à celui attendu en Europe. Cette différence de rentabilité est reflétée dans la différence de multiple d’actif net : 0,9x pour les banques françaises contre 1.2x pour les banques européennes. Ainsi, les banques françaises et les banques européennes traitent sur des multiples de résultats similaires (autour de 15x) et toujours inférieur à celui des banques américaines (autour de 20x). »

Quelle banque privilégier ?

BNP Paribas est la banque que Morningstar considère comme étant toujours relativement attrayante, malgré la forte progression de son cours de Bourse récemment.

Pour Johann Scholtz, « BNP Paribas est notre premier choix parmi les banques européennes et est la seule banque décotée dans notre couverture actuelle. Nous pensons que la décote par rapport aux multiples de valorisation de leurs pairs européens est exagérée. Elle est en partie justifiée par une rentabilité légèrement inférieure, mais il s’agit d’une banque bien gérée qui mérite un multiple de valorisation plus élevé. »

Indicateurs clefs de Morningstar pour BNP Paribas

BNP Paribas BNP

Analyst: Johann Scholtz, CFA


Que penser de SocGen et Crédit Agricole ?

Indicateurs clefs de Morningstar pour Société Générale GLE

Analyst: Johann Scholtz, CFA


« Nous estimons que la SocGen est sur la bonne voie pour améliorer sa rentabilité. Les deux dernières années ont été largement transformatrices pour la banque, marquées par un remaniement de la direction, la cession d’activités non essentielles dans certaines zones géographiques et des gains d’efficacité en matière de coûts attendus depuis longtemps », note Johann Scholtz.

« Ces efforts ont conduit à une amélioration significative du ratio coûts/revenus, qui est passé de 73,8 % il y a un an à 69 %, mais qui reste supérieur à la moyenne de ses pairs européens. La croissance du résultat net a également été soutenue par les bonnes performances des revenus de commissions (en hausse de 11 %), des revenus d’assurance (en hausse de 11 %) et des revenus de négociation (en hausse de 27 %), malgré une baisse de 4 % des revenus nets d’intérêts dans un contexte de baisse des taux, le tout en glissement annuel. Dans la mise à jour de notre modèle, nous considérons maintenant la prévision de la marge d’intérêt nette avec plus de prudence, s’attendant à ce qu’elle soit d’environ 80 points de base par rapport aux 110 points de base que nous attendions précédemment. »

« Nous saluons la capacité de la SocGen à redresser la barre et à se concentrer sur les indicateurs clés, alors qu’elle était auparavant à la traîne de ses pairs. Cependant, malgré le doublement du bénéfice par action en 2024 (EUR 4,40 contre EUR 2,20) en 2023 et la légère augmentation du rendement des fonds propres tangibles à 6,9 % contre 4,2 % il y a un an, son rendement reste inférieur à notre estimation du coût du capital de 11,5 %. »

Indicateurs clefs de Morningstar pour Crédit Agricole ACA

Analyst: Johann Scholtz, CFA


« Credit Agricole SA a publié des résultats solides, contribuant à la dynamique positive des banques européennes au quatrième trimestre 2024. La banque a réalisé un trimestre record en termes de revenus. La croissance du Crédit Agricole a été soutenue par son pôle de collecte d’actifs, où les revenus d’assurance ont rebondi au quatrième trimestre après une baisse au troisième. Le Crédit Agricole a maintenu son ratio de fonds propres de base (common equity tier 1) à 11,7 %, soit un niveau légèrement inférieur à celui de la plupart de ses pairs européens. Au cours de l’année écoulée, la banque a distribué un peu plus de capital qu’elle n’en a généré », indique Johann Scholtz, expliquant une plus grande prudence sur la valeur, déjà bien valorisée par le marché.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.