Alors que la plupart des valeurs européennes de l’automobile plonge après l’annonce de Trump d’une hausse de 25% des tarifs sur l’ensemble du secteur, l’action Renault tient bon.
Jeudi 27 mars, malgré les annonces de Trump, l’action Renault était l’une des rares actions de l’automobile européenne à avoir progressé quand ses rivaux comme Stellantis, Mercedes-Benz, Volkswagen ou BMW cédaient du terrain.
Le titre surperforme aussi sur un et trois ans et fait presque aussi bien que le marché des actions européens, avec un gain de respectivement 8,7% sur un an et 30,5% (annualisé) sur 3 ans, contre respectivement 10,2% et 8,9% pour et marché européen et -23,4% et 5,3% pour l’indice Morningstar DM Europe Auto Manufacturers.
Comment expliquer cette surperformance ?
« L’essentiel de la surperformance de Renault n’est pas lié à son manque d’exposition aux États-Unis, mais plutôt à l’excellente exécution qui s’est déroulée au cours des trois dernières années », explique Rella Suskin, analyste actions chez Morningstar.
Certains investisseurs pourraient penser que la bonne tenue de l’action Renault est liée au fait que contrairement à ses concurrents européens, notamment Stellantis qui contrôle plusieurs marques en partie produites puis vendues aux Etats-Unis comme Chrysler ou RAM, Renault n’a pas de présence directe sur le marché américain.
Sa seule présence est indirecte, à travers sa participation de 35,7% au capital du japonais Nissan Motor. Ce dernier a réalisé environ 55% de ses ventes en Amérique du Nord au cours des neuf premiers de son exercice fiscal clos fin mars 2025.
Les facteurs du succès de Renault
Pour l’analyste, le succès de l’action Renault tient à des facteurs plus structurels :
- Renault a entamé un programme de restructuration très profond et très large en 2021.
- L’entreprise a rapidement reconnu l’existence de surcapacités dans l’industrie automobile et a rapidement fermé une partie de sa capacité de production. Son outil industriel fonctionne à 90 % de ses capacités, ce qui a permis au groupe d’atteindre des marges record pour l’entreprise, désormais plus petite mais plus rentable.
- Renault a par ailleurs lancé plusieurs nouveaux modèles dans les délais et le budget impartis au cours des six derniers mois. « Je ne peux pas en dire autant des autres constructeurs automobiles, estime Rella Suskin. Cela a permis à Renault d’augmenter ses volumes au cours de l’année dernière, contrairement à ses homologues européens. »
- Enfin, note Suskin, « l’accent est mis sur le profit par véhicule. Renault a considérablement réduit le temps de développement des voitures, cherchant à concurrencer les Chinois. Ils ont réduit le nombre de pièces dans une voiture. Alors que tous les constructeurs automobiles font de même, Renault y est parvenu plus rapidement. »
Indicateurs clefs de Morningstar pour l’action Renault
Analyst: Rella Suskin, CFA
- Fair Value Estimate: €80.00
- Price/Fair Value: 0.61
- Morningstar Rating: ★★★★★
- Morningstar Uncertainty Rating: High
- Economic Moat: None
Pourquoi Morningstar a récemment abaissé l’estimation de juste valeur de Renault
Dans une note du 21 mars, Rella Suskin écrivait: «nous révisons légèrement notre estimation de la juste valeur de Renault de 85 à 80 euros par action, en intégrant une année supplémentaire de marges de milieu de cycle, qui devraient revenir à des niveaux moyens historiques de l’ordre de 5 %, au lieu des 9 % actuellement atteints. »
« L’équipe de direction actuelle de l’entreprise a fait preuve d’excellence depuis la mise en œuvre de la stratégie « Renualution » en 2021 : réduction de la base d’actifs afin que l’entreprise puisse fonctionner à 90 % de son taux d’utilisation, lancement des produits dans les délais, en respectant les délais qui reflètent la ‘vitesse de la Chine’, et réorganisation de l’entreprise pour plus de souplesse, ce qui donne à Renault une longueur d’avance à court terme. Cependant, nous constatons que les concurrents locaux rattrapent leur retard en proposant des produits concurrents et que la concurrence des concurrents chinois se poursuit. Les améliorations structurelles de sa base de coûts et de sa rentabilité unitaire compenseront en partie un environnement plus concurrentiel avec des perspectives de croissance des ventes de véhicules modérées. Nos prévisions de flux de trésorerie disponible par véhicule vendu s’élèvent en moyenne à 684 euros, contre une moyenne historique sur 10 ans de 452 euros et une moyenne historique élevée de 1 310 euros au cours des deux dernières années. Nos volumes de ventes de véhicules totaux resteront stables au cours des 10 prochaines années malgré la croissance du marché, ce qui implique des pertes de parts de marché. »
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