Les actions européennes et asiatiques ont de nouveau chuté lundi, poursuivant la pire déroute du marché depuis le début de la pandémie de coronavirus, après que le président américain Donald Trump a déclaré qu’il maintiendrait ses politiques tarifaires.
L’indice Stoxx Europe 600 a clôturé en baisse de 4,5 %, après des baisses encore plus marquées pour les actions chinoises. Les marchés américains ont ouvert en forte baisse avant de se redresser brièvement en raison de rumeurs selon lesquelles un répit de 90 jours sur les droits de douane était en discussion. Ces espoirs ont été rapidement anéantis lorsque Trump a démenti de tels projets et a menacé d’augmenter les droits de douane contre la Chine. Le Nasdaq et le S&P 500 étaient tous deux de nouveau dans le rouge pendant la soirée européenne.
L’indice Nasdaq Composite, fortement technologique, est entré en marché baissier vendredi, après avoir chuté de 20 % par rapport à son plus récent sommet. L’indice S&P 500, plus large, a oscillé en territoire de marché baissier tout au long de la séance de lundi. Il devrait clôturer en baisse de 3,12 % pour entrer également officiellement en marché baissier.
Trump annonce une escalade de la guerre des tarifs douaniers
Dans un message publié sur les réseaux sociaux dimanche, Trump a semblé déterminé à maintenir les droits de douane les plus élevés des États-Unis depuis plus d’un siècle. « La seule façon de résoudre ce problème est d’appliquer des DROITS DE DOUANE, qui rapportent actuellement des dizaines de milliards de dollars aux États-Unis. Ils sont déjà en vigueur, et c’est une belle chose à voir », a-t-il écrit sur Truth Social.
Ne laissant aucun doute sur le fait que la guerre commerciale est vouée à s’intensifier, Trump a ensuite déclaré lundi que si la Chine ne revenait pas sur ses mesures de rétorsion tarifaires de 34 % d’ici mardi, les États-Unis augmenteraient encore leurs droits de douane mercredi.
Les investisseurs ont peur de « profiter de la baisse »
« La liquidation des marchés n’a pas encore atteint la même ampleur que celle de mars 2020, mais elle a tout de même choqué les investisseurs », a déclaré lundi Michael Field, stratège en chef des marchés européens chez Morningstar. « Une similitude essentielle avec cette époque est le manque de visibilité sur la possibilité que les choses s’aggravent considérablement pour les marchés mondiaux avant de s’améliorer, ce qui dissuade les investisseurs de profiter de la baisse. »
« La principale différence entre aujourd’hui et cette époque, cependant, est que notre situation actuelle est entièrement d’origine humaine et pourrait en théorie être corrigée du jour au lendemain. La direction que prendra le marché à partir de maintenant dépendra de la question de savoir si l’optimisme qui entoure cette situation l’emporte sur le risque de bouleversement permanent de notre système commercial mondial. »
« Un air de capitulation »
« Je pense qu’il y a vraiment un air de capitulation sur le marché, a déclaré lundi Kathleen Brookes, responsable de la recherche au Royaume-Uni chez XTB. Le DAX est en baisse de 10 %. J’ai vu cela et je me suis dit que nous étions en territoire de capitulation. Il y a une panique massive qui s’est emparée des marchés. »
Pour Brookes, il ne faut pas être frileux pour saisir ce moment : « C’est une excellente opportunité d’achat si vous avez une grande tolérance au risque, potentiellement parce que les mouvements sont justes, ils sont insensés, et ils sont injustifiés et injustifiables à ce stade, car nous ne savons vraiment pas ce que l’avenir nous réserve. »
« Aujourd’hui marque un début de semaine très chaotique », a déclaré Stuart Clark, gestionnaire de portefeuille de Quilter’s WealthSelect. « Les perspectives de bénéfices se sont considérablement affaiblies, et le sentiment a suivi le mouvement. Cependant, le mécanisme de pondération du marché a commencé à s’ajuster via les valorisations. La question clé est maintenant de savoir si nous dépasserons l’équilibre dans ce processus. Compte tenu de l’environnement actuel, il semble encore trop tôt pour ajouter du risque dans nos portefeuilles. »
Dans un contexte de volatilité exceptionnelle lundi, Mark Preskett, gérant de portefeuille senior chez Morningstar, a averti qu’il y avait « tellement d’incertitude. Nous n’avons toujours pas vu l’Europe réagir ».
« D’une manière générale, nous avons rééquilibré nos portefeuilles en revenant au marché de pointe, donc en rachetant des actions et en vendant des obligations », a ajouté M. Preskett.
Les actions chinoises dans une liquidation historique
Une chute spectaculaire des actions asiatiques a marqué le début de la semaine de négociation, l’indice Hang Seng de Hong Kong terminant la séance en baisse de 13,2 %, sa pire performance depuis la crise financière asiatique de 1997. Les marchés de Hong Kong avaient été fermés pour un jour férié lors de la vente massive mondiale de vendredi dernier.
L’indice CSI 300 de la Chine continentale a chuté de 7 % par rapport à vendredi, tandis que l’indice de référence japonais Nikkei 225 a terminé la séance en baisse de 7,8 % et que le KOSPI sud-coréen a chuté de 5,6 %.
Les actions européennes ont été entraînées à la baisse par les services financiers et l’énergie
Les pertes asiatiques se sont étendues à la séance de négociation européenne, l’indice Stoxx Europe 600 clôturant en baisse de 4,5 %. L’indice du secteur des services financiers Stoxx 600 a sous-performé l’indice de référence principal, entraîné à la baisse de 5,4 % par les sociétés de capital-investissement Bridgepoint BPT, Partners Group PGHN et EQT EQT. Les valeurs énergétiques ont également été à la traîne par rapport aux marchés plus larges, les contrats à terme sur le pétrole brut ayant repris les baisses de la semaine précédente.
Dans un revirement spectaculaire, les actions européennes de l’aérospatiale et de la défense ont effacé la quasi-totalité de leurs pertes au cours de la séance de bourse, après que Rheinmetall (RHM) ait initialement chuté de plus de 10 %. Le groupe allemand de défense a terminé la séance en hausse de plus de 6 %.
Les rendements des obligations d’État ont continué de baisser, les investisseurs ayant acheté cet actif refuge.
Sunniva Kolostyak et Christopher Johnson ont contribué à cet article.
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