Nouvelles incertitudes sur le Japon

Alors que sa croissance était déjà étale, les incertitudes concernant la reprise économique aux Etats-Unis et plus largement au niveau mondial pèsent sur le Japon. Le pays est confronté à une devise qui demeure désespérément forte, un marché actions en fort recul depuis le début de l’année et un secteur bancaire largement fragilisé.

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Une hirondelle ne fait pas le printemps et les récentes hausses de l’indice Nikkei, pour encourageantes qu’elles soient avec par exemple + 2,68% aujourd’hui, ne réussissent pas à lever les hypothèques qui pèsent sur l’Archipel. Alors qu’il tutoyait les 14.000 points en début d’année, le Nikkei reste englué autour des 9.900 points.

Difficile dans ces conditions de se porter acheteurs sur des fonds investis dans ce pays alors que de nombreuses incertitudes demeurent. L’indice MSCI Japon a lâché plus de 24% depuis le début de l’année et on peut craindre qu’il abandonne encore du terrain.

Fondamentaux précaires

En eff

et, les perspectives sur le cours terme ne sont guère encourageantes. Plusieurs valeurs de la cote nippone offrent peu visibilités. SalomonSmithBarney vient de revoir son appréciation à la baisse concernant le secteur automobile japonais, le dégradant dans son ensemble de superformance à neutre. Il est vrai que les constructeurs locaux travaillant à l’export sur le marché américain risque de payer au prix fort les derniers événements Outre-Atlantique.

Et ce alors que les exportateurs étaient déjà fortement pénalisés par un yen fort. Ce dernier s’est légèrement déprécié aujourd’hui s’échangeant à près de 117,5 yens pour un dollar suite aux dernières interventions de la Banque du Japon. Le grand argentier a en effet injecté de nouveau des liquidités afin de soutenir le système monétaire local, achetant du dollar pour un montant de l’ordre de 1 milliard de dollars.

Cette initiative a donné un bol d’air au yen qui n’a toutefois pas retrouvé son niveau de la semaine dernière quand il s’échangeait à quelques 120 yens pour un dollar. Plusieurs facteurs expliquent la vigueur de la devise, en particulier le rapatriement en fin d’année fiscale de liquidités par les filiales nippones installées à l’étranger. Mais ce seul facteur conjoncturel ne suffit pas à tout expliquer

Marge de manœuvre étroite

La Banque du Japon dispose en définitive de peu de levier pour intervenir sur le yen. Avec des taux à 0%, l’autorité monétaire locale ne peut pas être moins attractive en terme de rémunération de l’argent.

D’autre part, cet argent « pas cher » n’a pas permis de relancer la consommation intérieure qui marque décidément le pas. Quant à l’activité industrielle, elle ne semble pas plus florissante. Les derniers chiffres publiés par le Ministère japonais de l’industrie font état un recul de 4,5% de la demande électrique au mois d’août.

Et la publication demain des chiffres du commerce extérieur pour le mois passé ne devrait pas recelait plus de bonne surprise. Les observateurs tablent sur un recul de 10 à 20%.

Facteurs de rebond

Les fonds investis sur les valeurs japonaises ont lourdement payé leur tribu à la récession. Depuis le début de l’année, notre catégorie Actions Japon, à l’instar du MSCI Japon, a perdu plus de 25%. A noter toutefois que la catégorie Actions Japon Small Cap a mieux tiré son épingle du jeu, affichant un recul moyen d’à peine plus de 16%.

Parmi les produits ayant réussi à limiter la casse, on note le fonds Axa Rosenberg Japan Equity Alpha Fund B. Il s’agit d’un fonds action assez largement diversifié entre valeurs technologiques comme NEC, valeurs cycliques avec par exemple Fuji Photo, biens durable avec Honda Motor et industrie financière avec Nomura Securities.

Il pourrait profiter d’un assainissement du secteur financier japonais. Avec des stocks de créances plus ou moins douteuses, les banques japonaises sont en effet à la peine. La mise en cessation de paiement la semaine dernière du groupe de distribution Mycal, débiteurs auprès de ses fournisseurs de plusieurs centaines de millions de dollars, a fait craindre un moment que les banques créancières de Mycal soient peu ou prou déstabilisées par son défaut de paiement.

Pour l’heure il n’en est rien et les opérateurs intervenant sur les valeurs du secteur bancaire reprennent confiance. D’autant que l’on attend des autorités un renforcement du cadre réglementaire de l’industrie bancaire. Une initiative qui outre de meilleurs ratios prudentiels pour les banques elles-même ferait reculer les facteurs d’incertitudes qui inquiètes les différents agents économique de l’Archipel.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
AXA IM Japan Equity B JPY Acc1 800,59 JPY0,36Rating

A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.