Mais cette nouvelle baisse, la neuvième depuis le début de l’année, suffira-t-elle à relancer la machine ? Plusieurs observateurs s’interrogent et craignent que la politique monétaire ne soit un levier qui tende à perdre de son efficacité.
Alors qu’en sit
uation de forte croissance, une remontée des taux rend l’endettement plus coûteux et vise à éviter une surchauffe économique et les risques inflationnistes, lorsque la croissance stagne, une baisse des taux doit inciter les entreprises à investir en leur facilitant l’accès au crédit.
Politique budgétaire à la rescousse
Les décisions de la Fed agissent donc par effet mécanique, mais aussi comme un signal. C’est une des raisons qui font dire à certains que Alan Greenspan, le président de la Fed, est « l’homme le plus puissant du monde ».
Cette fois pourtant, les analystes sont sceptiques. « Le problème est que le secteur privé n’a pas une structure de bilan qui lui permet de s’endetter plus et le système bancaire n’est pas en position d’étendre ses lignes de crédit » estime Lacy Hunt, anciennement économiste à la Fed, cité par CNN.
Pour de nombreux observateurs il est en effet nécessaire que cette mesure monétaire s’accompagne de mesure fiscale pour avoir un impact sur la consommation, l’investissement, et par conséquent sur la relance économique.
Un point de vue que partage le président Bush qui a indiqué hier que « la meilleure façon de stimuler la demande est de donner de l’argent au gens pour qu’ils le dépensent ».
Déséquilibre
A court terme, on s’attend donc à ce que la politique budgétaire de l’Etat fédéral soit de nouveau assouplie. Quant à la Fed, elle devrait de nouveau réduire ses taux à l’issue de sa réunion du 6 novembre, ou plus tard en décembre. En tout état de cause, la majorité des économistes considèrent que les taux directeurs américains seront à 2% à la fin de l’année.
Quant à l’évolution de la politique budgétaire, elle devrait avoir des conséquences à moyen terme sur les emprunts longs. Alors qu’en début d’année, on disposait d’un excédent budgétaire de quelques 281 milliards de dollars, il n’est plus que de 150 milliards. Et les nouvelles dépenses fédérales à venir, effort de reconstruction, soutien de la consommation et budget militaire, conduisent à penser que l’Etat fédéral devra de nouveau faire appel à l’emprunt pour se financer.
Dans ces conditions les opérateurs anticipent l’arrivé sur le marché d’emprunts long terme. Le Trésor américain avait entamé une politique de rachat d’emprunts, dont des 30 ans, qui avait porté au cours des 12 derniers mois sur quelques 55 milliards d’euros. Politique qui a été momentanément suspendue.
Si elle se confirmait, cette tendance pèserait sur les taux longs américains et tendrait leur rendement.