Un recul limité à 10% depuis le début de l’année, ce n’est bien sûr pas satisfaisant mais c’est beaucoup moins que les sous-jacents dont certains ont reculé 3 fois plus. Il faut reconnaître que le rôle des convertibles a bien fonctionné cette année.
En fait, nous avons procédé à un changement de profil au cours de la dernière année : en mars 2000 nous étions sur des convertibles très action avec à l’époque un fort delta* moyen. Le delta était de l’ordre de 0,70. Et comme nous étions très actions nous avons pris la baisse. A
ujourd’hui le delta est de 0,25, les convertibles ont un profil obligataire et sont par conséquent plus sensible à l’évolution des taux et du risque de signature.
Nous avons procédé à des rééquilibrages en surpondérant Axa par exemple et en sous-pondérant France Télécom. Parallèlement nous avions entamé une diversification dans les mid-cap, ce qui a été profitable durant le premier semestre.
J’ai mal profité de la remontée qui a eu lieu de mars à mai, car j’étais plutôt investi sur des produits défensifs.
Quels sont aujourd’hui vos principes d’investissement ?
Nous avons bien joué le secteur de la distribution en profitant de la bonne tenue de Rallye et Casino qui sont très présentes sur le marché et nous avons profité de la baisse de l’action Carrefour pour nous renforcer sur la convertibles. En septembre nous avions pas mal de liquidité, à hauteur de 10% environ, ce qui est somme toute raisonnable. D’autre part nous nous sommes désensibilisés des convertibles mid-cap.
Les grosses pondérations sont un peu incontournables, dans les indices il y a les poids lourds comme la TotalFina 1,5% 2004. J’en ai 8% du portefeuille pour une contribution action de l’ordre de 16%. C’est un sous-jacent que j’aime bien car la société offre encore un potentiel de restructuration important.
Nous avons plusieurs lignes de Rallye Casino qui pèsent pour 4% du portefeuille et ont une contribution actions de l’ordre de 13%. Ces obligations ont bien performé et je passe en sous-pondération sur les plus forts delta.
L’Axa 2,5% 2014 représente 8% du portefeuille avec une contribution action de l’ordre de 10%. Les Bouygues 1,7% 2006 interviennent à hauteur de 2,8% de notre portefeuille pour une contribution de 9%. La société a eu le bon réflexe en ne participant pas aux enchère pour les licences télécoms de 3ème génération.
Nous avons un faible engagement sur Suez Lyonnaise 4% 2006 (0,37%) pour une contribution actions de près de 1,7%. Il s’agit d’une convertible à profil action, c’est une belle défensive, avec un delta de quasiment 1. J’en ai très peu mais c’est très dynamisant.
Et les valeurs dont vous restez à distance…
Actuellement, je crois qu’il faut rester à distance de Société Générale qui risque d’être affectée par la crise des marchés financiers, en terme de résultats financiers et de défaut d’entreprises. Lafarge est une bonne valeur défensive mais la visibilité sur le secteur n’est pas très bonne, notamment sur l’activité ciment. J’ai longtemps sous-pondéré LVMH, j’y étais revenu suite à l’offre de PPR sur Gucci mais après les évènements du 11 septembre je vais peut-être revendre.
Je suis en retrait sur PPR, en raison des risques qui pèsent sur le luxe et de la reprise de la participation Gucci qui renforce l’endettement de la holding.
Est-il encore temps d’investir sur un fonds convertibles ?
Une obligation convertible, c’est une obligation plus une option. Avec la baisse des marchés, la composante action perd de son poids, les delta tendent à baisser mais en contrepartie leurs rendements augmentent.
Les convertibles ont longtemps intéressé des gérants proches des actions. Aujourd’hui, les convertibles sont plus proche de l’obligataire.
Pour les investisseurs confiants dans le marché actions, il vaut mieux sortir des convertibles qui possèdent de faibles delta et par conséquent une faible réactivité en cas de fort rebond du marché. Par contre, je pense que c’est le moment idéal pour un investisseur obligataire car il bénéficie de taux de rendement attractif, d’un risque limité puisque les convertibles sont proches de leur plancher obligataire et d’une « option d’achat » long terme sur le marché actions.
Attention, les convertibles sont un produit technique, et pour un particulier je préconise un investissement par le biais de SICAV ou FCP gérées par des professionnels.
* delta= sensibilité de la convertible aux mouvements de l’action