L’idée de nous intéresser aux sociétés familiales nous est venue en 1995. On se souvient que de 1990 à 1995 le CAC 40 n’avait pratiquement pas progressé alors que sur la même période certaines sociétés avaient très bien performé.
En nous intéressant à ces sociétés, nous nous sommes aperçus que leur superformance boursière correspondait à une superformance économique et que nombre d’entre elles présentaient un actionnariat familial fort.
Quels sont ce
s critères de performance économique ?
Un des éléments importants concerne la rentabilité des capitaux investis. On s’aperçoit que les entreprises familiales réalisent rarement voire jamais d’acquisitions en haut de cycle. Elles savent éviter les acquisitions qui sont trop chères.
Ce n’est pas toujours le cas de sociétés qui se fixent des objectifs de croissance externe trop importants. Ceci reste vrai aujourd’hui.
On constate que ces entreprises offrent une croissance des résultats plus forte et plus régulière. En moyenne, le retour sur capitaux employés est de 25% dans les sociétés familiales alors qu’il n’est que de 17% pour les entreprises de l’indice SBF 250.
Vous placez Carrefour, PPR ou Lagardère parmi les sociétés familiales. Quelle en est votre définition ?
Notre définition est assez simple. Les sociétés familiales sont celles qui sont contrôlées par des personnes physiques, au niveau de la direction ou au niveau de l’actionnariat. C’est le cas par exemple des familles Mulliez et Defforey pour Carrefour
D’autre part, il faut que la société représente l’essentiel des avoir de ces actionnaires familiaux. C’est un gage d’investissement personnel de la part de ces actionnaires.
Enfin, il faut que cet actionnariat soit pérenne. Ce critère nous amène à ne pas retenir certaines entreprises dans notre sélection. C’est le cas notamment de Casino : nous avons des doutes sur l’engagement de son actionnariat familial.
Vous n’investissez pas sur des sociétés comme Rue Impériale de Lyon, pourquoi ?
Les holding sont rarement assez liquides pour pouvoir y entrer et en sortir facilement. D’autre part, on préfère investir dans des sociétés avec une vraie activité économique.
Il peut y avoir des exceptions à cette règle. Nous sommes entrés dans CGIP en septembre par opportunité car le cours était réellement bas. Nous en sortirons quand nous estimerons que ses sous-jacents ont bien remonté et que la décote est moins importante.
Il faut aussi préciser que notre univers d’investissement est d’abord le SBF 250
Donc peu de place pour les sociétés étrangères…
Les sociétés familiales sont très représentées sur le marché français. Elles font 25% de la cote. Cela est moins vrai à l’étranger. Néanmoins, le portefeuille d’Oddo Génération compte aussi des valeurs étrangères comme l’allemand Wella.
Vous n’utilisez pas de benchmark, quel est votre mode de gestion ?
Nous utilisons un benchmark, le Oddo Sociétés Familiales. Il a été créé à notre initiative mais il est géré à l’extérieur et dispose d’un comité scientifique indépendant. Cet indice comporte 118 valeurs.
Par rapport à ce benchmark, le fonds Oddo Génération avec 58 lignes présente un traking error de 3 à 4%.
Nous gardons les lignes plutôt longtemps, même si sur les valeurs moyennes le portefeuille tourne d’avantage. On peut dire que sur l’année, le portefeuille connaît une rotation d’un tiers.
Mais alors, quel est le point faible de ce fonds familial ?
Il présente en fait un biais sectoriel important. Dans la mesure où nous investissons sur des sociétés familiales, il y a des secteurs qui sont sous-représentés ou totalement absents comme par exemple le secteur bancaire ou la pharmacie.
Cela n’est pas sans conséquence : lorsque France Télécom tirait l’indice CAC 40 à la hausse nos performances pouvaient paraître peu attractives.
En revanche, ce fonds offre une bonne visibilité qu’apprécient plusieurs fonds de fonds.