« C’est un beau concept marketing ». Spécialiste des marchés actions, ce gérant de fonds ne cache pas le peu d’estime qu’il accorde aux fonds garantis. Selon lui, les fonds garantis ne seraient rien d’autre que de la poudre aux yeux destinée à des investisseurs timorés ne voulant pas se contenter de rendements monétaires ou obligataires mais n’osant pas jouer réellement les marchés actions.
« Un fonds garanti prend un peu de la hausse des marchés et protège l’investisseur à la baisse. On peut obtenir le même résultat en mixant actions et obligations, éventuellement en utilisant des produits dérivés. Je crois que les fonds garantis intéressent le public à cause de la faible culture action de ce dernier. »
Analyse objective ou point de vue partiale d’un stock picker qui affirme qu‘il faut être prêt à perdre beaucoup si on veut avoir la chance de gagner beaucoup ? Toujours est-il que les fonds garantis ne suscitent pas l’assentiment général. C’est peu dire même qu’il est de bon ton de les dénigrer, ou tout au moins de leur trouver de nombreux défauts.
Offrant des perspectives de gains limitées, les fonds garantis manqueraient de clarté, les investisseurs n’étant pas toujours en mesure, selon leurs détracteurs, d’apprécier leur réel potentiel tant leurs mécanismes sont sophistiqués.
Complexité des modèles
Il est vrai qu’à la lecture des notices COB de ces produits, on reste parfois pantois devant les conditions à réunir pour escompter un gain : ce dernier est conditionné par la réalisation d’une ou plusieurs conditions. Dans la majorité des cas il s’agit du comportement d’un panier de référence comptant entre 10 à 20 actions ou bien encore des indices internationaux ou des indices sectoriels
On reste alors admiratif devant le talent créatif des gérants et des équipes d’ingénierie financière à l’origine de ces modèles. Car reconnaissons-le, l’investisseur moyen perd rapidement pied lorsqu’il s’agit de se faire une opinion sur les chances de survenue des conditions nécessaires à un gain futur.
En réalité, pour appréhender l’intérêt d’un produit qui lui est proposé dans cette catégorie, l’investisseur ne peut pas faire l’économie d’une ou plusieurs simulations. Alors qu’on lui indique que son placement est susceptible à son terme, soit 3 à 7 ans, de lui offrir un rendement attractif, il lui appartient de voir jusqu’à quel point les hypothèses de calcul sont vraisemblables.
Famille hétérogène
En dépit de ces difficultés d’appréhension, le marché des fonds semble avoir le vent en poupe. Les annonces de produits se succèdent et les investisseurs ont véritablement l’embarras du choix. Sur le seul marché français, Morningstar répertorie près de 400 produits dans cette catégorie, et pas loin de 1.300 au niveau européen.
Néanmoins les encours drainés par les fonds garantis demeurent faibles : quelque 36 milliards de francs selon les chiffres de la COB pour le mois d’octobre, soit 4,6% du total des OPCVM.
La base Morningstar d’autre part n’applique pas de notation sur cette catégorie. En effet, les conditions varient à ce point d’un produit à un autre que toute comparaison raisonnée est sujette à caution.
Le poids de frais
Il est alors difficile de mettre en exergue les performances ou qualité d’un produit par rapport à un autre. Certes, il est possible de classer les fonds garantis par performances sur une durée d’un mois, 3 mois, 1 an ou 3 ans, mais cela ne peut en aucun cas fournir une grille de lecture pour l’investisseur.
C’est que la véritable valeur ajoutée d’un fonds garanti apparaît, éventuellement, à son terme.
Et ce d’autant que les frais associés à ce type de produits sont parfois conséquents. Il n’est pas rare de voir des produits affichant des droits d’entrée de 6, 7, 8 ou 9%. Dans d’autre cas, se sont les frais de sorti avant terme qui peuvent frôler les mêmes taux. Certains fonds réussissent même à cumuler des droits d’entrée et de sortie au tarif fort.
Et lorsque droits d’entrée et de sortie sont plus accessibles, ce sont les frais de gestion qui prennent parfois le relais. On ne le répètera jamais assez, les fonds garantis se conçoivent dans une logique de placement long. Il s’agit d’un placement dont il ne faut pas sortir avant terme au risque de payer le prix fort.