Quelques questions à se poser avant d'investir dans un fonds

Merci aux lecteurs qui m’écrivent pour avoir des conseils. Malheureusement je n’ai pas de boule de cristal… mais quelques pistes pour y voir plus clair.

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Comment faut-il faire pour trouver dans les fonds 5 étoiles ceux qu’il faut acheter ? Est-ce que je peux prendre n’importe lequel ?

Merci à cette lectrice de nous donner l’occasion de revenir sur la façon dont les fonds sont notés et surtout sur la façon dont il convient d’utiliser cette notation.

Avant toute chose, rappelons rapidement que Morningstar ne recommande aucun fonds ni à l’achat ni à la vente. Les investisseurs en mal de conseil pourront trouver sur les différents sites Morningstar beaucoup d’informations, de chiffres, de matière pour alimenter leur réflexion et nous l’espérons leur processus de décision ; mais en aucun cas des recommandations. Certains le regretteront, mais c’est comme cela.

Deuxième mise au point, qui va sans dire pour certains mais qu’il est bon de rappeler : la notation Morningstar porte sur les performances passées d’un fonds, en aucun cas sur ses performances à venir.

Ces deux rappels méthodologiques étant faits, passons aux choses sérieuses.

Une notation relative

Les esprits assoiffés de certitudes ne manqueront pas de demander « si la notation ne me permet pas de jouer gagnant à tous les coups, à quoi peut bien servir de savoir que tel fonds à 5 «étoiles et tel autre 1 étoile seulement ? ».

Soyons sérieux, s’il existait un modèle infaillible pour investir à tous les coups, il y a fort à parier que les analystes financiers, journalistes, conseillers et autres entrepreneurs intervenant sur le marché de l’information utiliseraient cet outil d’abord pour leur propre compte, passeraient des jours tranquilles dans leur jardin ou sur une quelconque plage tropicale… et se garderaient bien de communiquer à des tiers leur recette.

Disons simplement que la notation permet d’identifier dans une catégorie donnée quels sont les fonds qui se sont le mieux comporté. Ainsi dans la catégorie des fonds actions dans le secteur Santé, la base Morningstar identifie 2 fonds 5 étoiles en France sur un total de 79 fonds santé. Cela signifie que ces 2 produits font partie des 10% de fonds ayant offert le meilleur rendement corrigé du risque au cours des 3 dernières années (Morningstar ne note que les fonds avec au moins 3 ans d’historique).

Faut-il pour autant acheter ses fonds ? Sur ce point, pas de conseil ou de recommandation à attendre de Morningstar. En revanche, on constatera qui si ces fonts ont fait mieux que leur homologue de la catégorie santé, cette catégorie affiche dans son ensemble un recul de 13% depuis le début de l’année. Et que ces 2 fonds 5 étoiles font respectivement –15 et –8% depuis le début de l’année. Mais, on le sait, c’est sur le long terme que l’on mesure la qualité d’un produit de gestion collective.

Avant de s’intéresser à tel fonds 5 ou 1 étoile de la catégorie santé, il faut donc savoir si on croit que le secteur de la santé va bien se comporter à l’avenir.

Mesurer les expositions

Si on a déjà identifié des thèmes d’investissements, la santé, les TMT, les obligations des pays émergents ou les monétaires dollars par exemple, reste à évaluer les différents produits offerts dans chacune de ces catégories.

Outre la notation, qui témoigne des performances passées, on s’intéressera à la volatilité, ou écart-type, des produits. La volatilité mesure l’écart de performance d’un fonds par rapport à sa moyenne : plus la volatilité est importante plus un fonds est susceptible de s’écarter de sa moyenne, plus la volatilité est réduite plus le fonds est sans surprise affichant une certaine stabilité dans le temps.

Au delà des chiffres, il est aussi souhaitable de s’intéresser à la composition même du fonds sur lequel on a des vues. On regardera ainsi quelle est son exposition géographique. Si on est convaincu que la zone Amérique Latine est entrée dans une période de turbulence, le risque de défaut de l’Argentine pesant sur ses voisins et le Mexique souffrant du manque de tonus de ses donneurs d’ordres nord-américains, on sera circonspect si on s’aperçoit qu’un fonds est exposé à plus de 50% à l’Amérique Latine.

Evaluer la diversification

De la même façon, il est toujours bon de jeter un coup d’œil sur l’allocation sectoriel d’un fonds. Si un fonds compte près de 20% de ses actifs dans les secteurs de la distribution, de la finance et de l’énergie, et que l’on convaincu que ces 3 secteurs vont sous-performer, il y a de fortes chances pour le fonds en question suive la même tendance.

Enfin, les investisseurs les plus volontaires passeront en revue les dix premières ligne du portefeuille du fonds qui les intéresse. Selon les fonds, ces 10 premières lignes représentent 60% des actifs du fonds, ou bien 20%…

Quoi qu’il en soit, le portefeuille peut fournir plusieurs indications précieuses. Un fonds comptant 80 lignes mais dont les 10% représentent 60% de ses actifs est un fonds relativement peu diversifié où le risque est concentré sur quelques valeurs. Que 2 ou 5 de ces valeurs chutent et la performance globale du fonds s’en ressentira…

En faisant ce rapide « tour du propriétaire » des fonds sur lesquels on souhaite investir, il est possible d’identifier des facteurs bloquant qui font hésiter à aller plus loin. Ou au contraire des facteurs encourageants qui incitent à regarder un produit de plus près pour éventuellement franchir le pas.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.