Comment intervenir sur une région parfois aussi controversée ?
Nous avons à la fois une approche macro-économique et de sélection des valeurs, c’est ce qu’on appelle faire du top-down et du bottom-up. A cela nous ajoutons une grille lecture sectorielle.
Nous essayons, ce n’est pas vraiment un objectif formel de gestion, d’être un peu en avance sur les points d’inflexion dans les différents pays. Nous avions bien anticipé le rebond du Brésil par exemple en 1999 où l’on a vu des actions prendre plus de 200% sur les matières premières.
Mais nous gardons en tête le benchmark que nous nous sommes fixé, le MSCI Amérique Latine : pas d’écart par rapport au benchmark de plus de 10% par pays. Au niveau sectoriel, nous nous autorisons un écart pouvant aller jusqu’à 20%, dans la pratique nous ne dépassons que rarement les 10%.
Il s’agit d’une gestion benchmarkée…
Il est clair que nous ne sommes pas dans une logique d’absolute return. Nous avons particulièrement superformé l’indice en 1999, mais c’était exceptionnel. Il ne s’agit pas de quelque chose que l’on peut faire tous les ans. Si on fait 4 ou 6% de plus que le benchmark chaque année, on est déjà très content.
L’indice permet aussi de rester sur les marchés liquides. Nous investissons en priorité sur des grandes et moyennes capitalisations car nous avons des objectifs de liquidité importants : il faut que 90% du fonds soit avec des positions inférieures à 5 jours de volume.
Cette approche prudente au niveau de la liquidité est indispensable lorsque l’on gère un portefeuille sur les pays émergents. Les interventions des gérants sur ces marchés peuvent faire décaler certaines valeurs, il faut en tenir compte.
Vous êtes actuellement très exposé sur le Brésil et le Mexique…
Nous sommes très positifs sur le Brésil et légèrement positif sur le Mexique qui représentent environ 87% de notre portefeuille. Le poids de ces deux pays dans le portefeuille est supérieur au benchmark.
Récemment, beaucoup d’opérateurs étaient surpondérés sur le Mexique par rapport au Brésil. En particulier en raison du risque de défaut argentin. Mais le scénario argentin pouvait être anticipé depuis 1 ans…
D’autre part, il existe des incertitudes sur le Mexique, en particulier au niveau des cours du pétrole. Mais récemment l’annonce d’une baisse de la production russe et l’hypothèse de plus en plus vraisemblable d’une reprise aux Etats-Unis ont réduit la pression sur le Mexique.
En Argentine, qui représente environ 2% du portefeuille, nous sommes sur des valeurs exportatrices comme Siderca, le numéro 1 mondial du pipe pour l’industrie pétrolière ou Perez Companc, aussi dans le pétrole.
Quelle est la tendance pour les 12 mois à venir ?
L’Amérique Latine comme toutes les régions émergentes a été un peu délaissée par les investisseurs qui étaient plus intéressés par l’univers des technologies. En outre, il y a eu une série de crises depuis 1994 : Mexique, Russie, Asie… Avant ces crises, on enregistrait sur les marchés émergents des niveaux de valorisation plus importants que sur les marchés développés en raison des anticipations de croissance.
Notre scénario le plus probable est positif. Il faut replacer l’Amérique Latine dans un contexte mondial, et nous sommes confiants dans la reprise de la croissance mondiale. On a atteint en bourse des niveaux de valorisation attractifs, d’autre part de gros efforts ont été faits au cours des dernières années pour améliorer les comptes publics.