TMT : l’heure n’est plus aux “concept stocks”

La gestion d’un fonds techno implique réactivité, et discernement. Gérant du fonds Infology, Daniel Lenhard explique pourquoi…

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Vous avez lancé votre fonds TMT, Infology, en mars 98, est-ce qu’il n’était pas déjà un peu tard pour entrer sur ce marché

Non, nous sommes entrés sur ce marché avant d’autres et nous avons profité de marchés porteurs pendant 2 ans.

Rétrospectivement, je pense que nous sommes entrés sur le marché raisonnablement tôt, ce qui nous a permis d'être pleinement investi pendant une grande partie de la phase de hausse et de superformer notre indice de référence, le Goldman Sachs Technology Index.

Au cours des 3 dernières années, votre stratégie a-t-elle beaucoup évolué ?

A l’origine nous avions une forte pondération sur le logiciel et internet. Les services et les télécommunications étaient faiblement représentés jusqu’en juin 2000 [les marchés technologiques ont atteint leur plus-haut en mars 2000, NDLR].

Soyons clairs, nous n’avons pas réussi à attraper le plus-haut du marché, mais nous avons identifié le retournement peu après. Ce retournement de tendance n’était pas évident à jouer car on avait déjà eu des phases de correction auparavant et il est toujours difficile sur le vif de distinguer une correction dans une tendance haussière d'une inversion de tendance.

Nous n'avons jamais essayé de jouer contre-tendance : tant que les tendances étaient haussières, on s’est laissé porter. Nous savions qu’avec cette stratégie on ne pouvait pas jouer le plus-haut.

Nous ne sommes pas un fonds impulsif, nous ne jouons pas les tendances à court terme sur 1 ou 2 semaines. L’équipe est composée d’un gérant et de 4 analystes spécialisés sur les différents secteurs des technologies et nous prenons toujours le temps d’analyser les fondamentaux de chaque position.

Quels sont aujourd’hui les secteurs que nous privilégiez ?

Essentiellement le networking. C’est un secteur qui a excessivement mal performé en 2001 mais dont la perception s'améliore progressivement. C’est la correction d’une situation où il était survendu. Même chose pour le logiciel

En terme de valeurs, notre portefeuille est constitué à plus de 9% de Microsoft que nous détenons depuis longtemps mais sur lequel nous nous sommes renforcés récemment. L’éditeur Autodesk est une autre valeur que nous aimons bien. Il n’offre pas une croissance très élevée mais elle est régulière et la société présente une évaluation raisonnable et une excellente visibilité.

Le logiciel représente environ 20% du portefeuille, comme le networking avec des valeurs telles que Cisco, Lucent, Nortel. L’internet pèse moins de 3% mais il est en augmentation. Le hardware s’élève à 8% avec EMC, Sony et Palm, les semi-conducteurs à 17% avec des valeurs comme Intel. Les télécommunications pèsent 22% avec des sociétés américaines telles que Worldcom ou européennes comme Telenor ou Vodafone.

Vous jouez surtout des valeurs qui ont pignon sur rue…

Aujourd’hui, on privilégie les grandes capitalisations qui offrent une bonne visibilité. Avant mars 2000, le marché recherchait des « concept stocks » qui défrichaient de nouveaux marchés. La logique est dorénavant différente, il y a une prime aux leaders, aux entreprises bien capitalisées qui ont déjà traversé un cycle économique.

Quels sont vos pronostics pour les mois qui viennent ?

Les évaluations actuelles ne sont pas bon marché et il est difficile d’être trop optimiste, nous restons donc dans une logique de contrôle du risque. Après 3 mois de hausse, nous pensons que l’euphorie n’est plus d’actualité.

Les anticipations de bénéfices pour 2002 demeurent élevées, peut-être même un peu excessives. En ce qui concerne la publication des résultats du quatrième trimestre 2001, nous sommes confiants : les entreprises avaient communiqué des objectifs très conservateurs, en particulier après les évènements du 11 septembre. Ces objectifs devraient être atteints, voire légèrement dépassés dans leur grande majorité. Pour l'année 2002, c’est une autre affaire…

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.