Les frais de gestion en question

Combien coûte la gestion d’un fonds ? Et à qui revient cet argent ? Une récente étude du cabinet Deloitte Touche lève le voile sur cette délicate question.

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Le cabinet Deloitte Touche publie sa dernière analyse des frais de gestion au niveau international qui pour l’année 2002 porte sur près d’une vingtaine de pays.

Aux côtés de la France, du Luxembourg, du Royaume-Uni ou de l’Allemagne, sont aussi abordées les Iles Vierges ou les Caymans qui en raison de leur cadre réglementaire connaissent un développement soutenu de la gestion sur leur territoire

Concernant le marché hexagonal, il apparaît que les frais qui y sont pratiqués se situent dans le moyenne des standards européens, avec pour les fonds monétaires indique l’étude de Deloitte 0,5% et à l’opposé 2,5% en moyenne pour les fonds actions. Ces chiffres corroborent ceux d’une étude réalisée par Mc Kinsey montrant que les fonds actions coûtent 2 fois plus cher à gérer que des fonds obligataires et 4 fois plus que des fonds monétaires

Le poids de la distribution

D’autre part, «de manière générale, entre 30 et 50% des frais vont à la distribution, estime-t-on chez Deloitte, et entre 10 à 33% au dépositaire».

Des chiffres que confirme Alain Leclair, président de l’AFG-ASFFI qui en France fédère l’ensemble de l’industrie de la gestion collective. Il rappelle que sur une enveloppe globale de dépenses de 2,27% par exemple, seuls 1,3% vont aux frais de gestion proprement dits, le reste couvrant les dépenses de marketing, administratives, d’enregistrement, etc.

Surtout, note Alain Leclair, on assiste à une évolution très nette de la façon dont se répartissent les frais et les marges : alors que l’on enregistre une baisse des frais de back office (gestion administrative optimisée grâce à des systèmes d’information toujours plus performants), on note « une hausse des frais de gestion et de distribution. Cela s’explique par la progression des frais de distribution compris dans les frais de gestion, avec une répartition de 60% pour la distribution et de 40% pour la gestion »

Une industrie condamnée à se restructurer

Reste à savoir comment ces frais vont évoluer en Europe avec la dernière mouture du passeport européen qui facilite la commercialisation d’un fonds « made in Europe » dans les différents pays de la Communauté.

A cet égard, le président de l’AFG-ASFFI rappelle opportunément que si «la taille moyenne d’un fonds aux Etats-Unis est de 833 millions de dollars, elle n’est que de 125 millions pour un fonds européen». En clair cela signifie que le poids des frais est proportionnellement plus lourd en Europe qu’Outre-Atlantique.

Si les Américains gèrent 6.800 milliards de dollars d’actifs avec 7.700 fonds seulement alors qu’il faut 25.500 fonds aux Européens pour gérer 3.197 milliards de dollars, il y a fort à parier que l’industrie européenne évoluera inéluctablement vers une réduction du nombre de fonds disponibles.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.