Pourquoi la techno asiatique est attractive…

Alors que les fonds techno ont perdu en moyenne 48% en un an, JF Pacific Technology a tiré son épingle du jeu. Son gérant, Victor Lee, explique pourquoi il faut jouer les technologiques asiatiques.

Juli Iacuaniello, 05.08.2002
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Le secteur des techno a été massacré en bourse au cours des 2 dernières années, comment conseiller à des investisseurs de revenir dessus ?

Le secteur des valeurs technologiques est très large. Certains de ses domaines ont très mal performé au cours des dernières années, comme l’internet et les télécommunications.

Cependant, d’autres domaines, et plus particulièrement certaines sociétés, ont bien performé. Par exemple Samsung Electronics est au même cours qu’en janvier 2000, au plus haut de la bulle technologique. Nous restons à distance des sociétés qui n’ont pas un plan d’affaires clairement profitable et ne disposent pas d’avantages concurrentiels durables par rapport à leurs compétiteurs.

Les valeurs technologiques asiatiques sont sensibles à la conjoncture économique mondiale, la conjonction de la reprise économique globale et des faibles niveaux de valorisation des sociétés technologique asiatiques, en comparaison de leurs homologues américaines, rend le secteur attractif sur le long terme.

Les fonds techno investissant en Asie comptent parmi ceux affichant les meilleures performances, cela tient-il aux sociétés ou à la reprise qui est en cours dans la région ?

Les valeurs techno asiatiques ont bénéficié du fait qu’un cycle de reprise est en cours aux Etats-Unis, de la relativement forte demande aux Etats-Unis en matière d’électronique grand-public et de faibles niveaux de valorisation. De nombreuses compagnies comme Samsung Electronics ou Nintendo sont sur des marchés qui ont bien résisté en dépit du ralentissement économique comme les consoles de jeu, les lecteurs DVD ou encore les écrans à plasma.

La demande pour ces produits est restée robuste, même en période de ralentissement économique. Les économies asiatiques connaissent en outre une reprise de la demande intérieure, à côté de la reprise liée aux exportations, qui aide à maintenir les niveaux de valorisation quand le Nasdaq est faible.

L’Asie est traditionnellement très dépendante des cycles américains…

La reprise américaine peut s’étaler jusqu’au troisième trimestre 2002 mais nous pensons que le pire est passé pour l’économie américaine. Les consommateurs continuent à bénéficier de taux d’intérêts bas pour refinancer leurs emprunts immobiliers et leurs crédits automobiles, ce qui permet de soutenir leur pouvoir d’achat. A plus long terme, le renforcement de la demande domestique, en particulier en Corée, en Chine et au Japon, jouera un rôle tout aussi important.

Votre fonds est exposé à hauteur de 40% au Japon, que pensez-vous de la situation politique et économique au Japon et quel impact cela peut-il avoir sur les valeurs que vous avez en portefeuille ?

La lenteur des réformes politiques au Japon ne participe pas à soutenir les résultats des entreprises, en revanche les restructurations y participent. Les entreprises japonaises procèdent à des rachats d’actions dans de fortes proportions et les restructurations continuent à améliorer la qualité de leurs résultats et de leurs bilans. Au Japon, nous nous intéressons aux entreprises pour lesquelles nous anticipons une croissance des bénéfices grâce à des restructurations.

Quels sont les pays asiatiques les plus attractifs, et ceux dont vous restez à l’écart ?

La Corée demeure actuellement un des pays les plus attractifs en Asie pour investir en raison des faibles niveaux de valorisation des valeurs technologiques coréennes et de la demande intérieure.

Nous demeurons prudents sur Taiwan dans la mesure où nos points réguliers avec les sociétés technologiques taiwanaise nous conduisent à penser que la demande pour les composants informatique ralentit. Les fournisseurs de puces taiwanais devraient présenter des résultats décevants pour le troisième trimestre.

Quel impact les scandales Worldcom et Vivendi ont-ils eu sur la confiance des investisseurs ? Est-ce qu’ils ont affecté les valeurs techno asiatiques ?

L’Asie est plus résistante à la contagion qu’en 1997/98. Au cours des 12 derniers mois, nous avons assisté à une forte instabilité sur les marchés latino-américains comme l’Argentine ou le Brésil qui a eu un effet minime sur les marchés asiatiques. C’est la même choses avec les scandales qui touchent le monde des affaires américain, ils ont eu un impact très faible sur les marchés asiatiques.

Les normes comptables asiatiques sont clairement moins rigoureuses que les normes US GAAP en vigueur aux Etats-Unis et les investisseurs qui sont actifs dans la région ont intégré ce fait. C’est une des raisons qui nous ont conduits à mettre en place des équipes locales de gestionnaires qui rencontrent très régulièrement les directions des entreprises. Nous avons toujours pensé que les investisseurs devaient en Asie réaliser des analyses qui aillent au-delà des chiffres publiés par les entreprises.

Votre portefeuille est fortement concentré, avec les 10 premières lignes représentant 45% des actifs nets…

Nous choisissons d’investir, au bon moment, dans des sociétés de qualité qui apportent un retour sur investissement pérenne aux actionnaires. La sélection de valeurs a toujours été le moteur de notre performance, ce qui nous poussent à visiter régulièrement un grand nombre de sociétés technologiques.

Par exemple, nous avons 12 gérants de portefeuille basés à Taiwan, ce qui nous apporte une bonne compréhension des entreprises et nous permet de concentrer nos investissements sur les entreprises qui nous apparaissent comme les plus porteuses. Il faut aussi garder en tête que des sociétés comme Sony, Conon, Samsung Electronics, TSMC représentent une part importante des indices technologiques en Asie.

A quel type d’investisseur se destine votre fonds ?

Les investisseurs qui veulent profiter des valeurs techno asiatiques doivent être convaincus des phénomènes de fonds suivants : la délocalisation grandissante en Asie de productions de plus en plus sophistiquées, le développement de la Chine en tant que grand marché de consommation et aussi de production d’équipements technologiques, et enfin la domination de l’électronique grand publique par les groupes asiatiques.

Cependant, ces investisseurs doivent être prêts à affronter la volatilité de ce secteur qui est très cyclique et dépend en bonne part de la demande américaine.

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