Allez au-delà de la notation

La notation est un outil précieux pour classer des fonds. Mais il existe de nombreuses autres ressources pour cerner le potentiel de chacun d’eux.

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Vous vous intéressez au marché japonais : par les temps qui courent vous vous dites qu’il faut sortir des sentiers battus, peut-être prendre des risques et aller voir ailleurs pour trouver des thèmes d’investissement. Comme le gouvernement japonais semble décidé à soutenir le Nikkei à coup de milliards de yen et que l’Archipel est en récession depuis longtemps déjà, on peut imaginer que le pays va sortir de sa léthargie alors que les économies de l’Ouest ont du mal à trouver un second souffle.

Pour identifier des cibles potentielles dans la catégorie des fonds Actions Japon, un classement par notation est un premier outil. On peut ainsi commencer par jeter un coup d’œil sur les fonds notés 5 étoiles. Il s’agit d’un indicateur synthétique qui témoigne de la performance passée de ces fonds.

Prenons par exemple les fonds Objectif Japon de Lazard Frères Gestion et ISF Japanese Equity de Schroder IM.

Ils sont tous deux notés 5 étoiles (ils entrent dans la famille des fonds qui ont le mieux performé au cours des 3 dernières années). Certes le fonds Schroder affiche des performances sur 3 ans et depuis de début de l’année moins bonnes que celles du fonds de Lazard. Il s’agit toutefois de performances passées qui ne préjugent pas de l’avenir, et surtout le fonds ISF Japanese Equity présente un écart-type inférieur à celui d’Objectif Japon. Cela signifie que sa performance est globalement plus stable dans le temps que celle d’Objectif Japon.

Le poids du fonds

Une différence de taille apparaît entre les 2 fonds au niveau de leurs actifs nets qui affichent un rapport de 1 à 20. A plus d’un milliard d’euros, l’ISF Japanese Equity entre clairement dans le clan des "poids lourds". Cela signifie que les interventions de son gérant sont susceptibles de faire décaler les valeurs sur le marché lorsqu’il les achète ou qu’il vend. Pour éviter cela, le gérant tendra à intervenir sur des grosses capitalisations (où ses positions sont proportionnellement moins lourdes qu’elles ne le seraient sur des moyennes capi.). D’autre part, le gérant sera sans doute amené à multiplier le nombre de lignes de son portefeuille afin de gérer des applications plus petites.

Les Boîtes de Style des deux fonds confirment bien qu’ils sont investis sur des grandes capi (ligne du haut, la ligne du bas représente les petites capi et celle du milieu les moyennes capi). Mais tandis que le fonds Objectif Japon est clairement investi sur des valeurs de type "croissance" (colonne de droite), le fonds Japanese Equity est "mixte" (colonne du milieu) ce qui lui permet d’intervenir sur un spectre d’actifs plus large allant de "valeur" à "croissance".

La diversification

Sans surprise, le fonds Schroder compte un nombre de lignes bien plus important que le fonds de Lazard : près du double. Cela est assez logique. Si les 10 premières lignes du fonds Objectif Japon concentrent près de 40% de l’actif net, dans le fonds ISF Schroder Japanese Equity les 10 premières ligne pèsent moins de 34%.

Un amateur éclairé connaissant bien les valeurs nippones peut consulter les 10 premières lignes de chaque fonds. Dans l’un et l’autre fonds on relèvera des noms connus même des profanes en matière d’investissement sur le Japon : Sony, Ricoh, Toshiba, Hitachi… Mais la bonne, ou mauvaise, opinion que l’on a des produits de ces sociétés ne suffit pas à se forger une opinion raisonnée sur leur valeur en bourse.

Il est toutefois intéressant de noter que la première ligne du fonds Schroder est investie… dans un autre fonds Schroder : Japanese Smaller Companies Fund. Un placement sans doute judicieux dans son principe puisqu’il permet au gérant d’élargir son terrain de chasse en investissant au travers de ce fonds dans des petites et moyenne capi, ce qu’il pourrait difficilement faire en direct compte tenu de sa taille.

L’exposition sectorielle

A défaut d’avoir un avis autorisé sur les valeurs détenues en portefeuille, il est toutefois possible d’évaluer l’exposition sectorielle des fonds. En effet, dès lors que l’on dispose du détail de chaque portefeuille, il est extrêmement facile de calculer sa structure sectorielle.

Objectif Japon fait la part belle aux valeurs du secteur technologique qui représentent 30% de son actif net. De son côté ISF Japanese Equity est d’abord investi sur des valeurs cycliques qui représentent son premier thème d’investissement (37,5% de l’actif net). Un secteur vaut-il mieux que l’autre ? Impossible à dire dans l’absolu, cela dépend de la phase de cycle que traverse l’économie et aussi de la conviction de chaque investisseur. Si on pense que les valeurs technologiques ont été excessivement massacrées en bourse, il est peut-être judicieux de faire des paris sur ce secteur…

On constate tant chez Lazard que chez Schroder que les 5 premiers secteurs représentent entre 80 et 85% de l’actif net. Il serait intéressant de regarder sur quels secteurs sont investis les 15 à 20% restant : une position même faible sur un secteur connaissant une forte volatilité peut en effet influer sensiblement sur la performance du fonds.

Sur quel fonds investir ?

Ces quelques investigations préliminaires permettent d’obtenir une première image des fonds sur lesquels on envisage d’investir. Il est ensuite possible d’aller plus loin en observant par exemple la performance du fonds par rapport à la moyenne de sa catégorie ou par rapport à l’indice de référence sur une ou plusieurs années, etc.

Une chose est sûre : quelle que soit la richesse des informations disponibles, une base de données aussi fournie soit-elle ne peut offrir une recommandation ferme d’achat ou de vente. C’est à chaque investisseur, sur la base d’informations fiables comme la Boîte de Style, l’exposition sectorielle ou géographique, l’analyse par classes d’actifs, etc, de se forger une opinion. Et de trancher.

Comparer ces 2 fonds.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Lazard Japon AC EUR269,01 EUR-1,01Rating
Schroder ISF Japanese Eq A Acc JPY1 796,12 JPY0,67Rating

A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.