Les petites valeurs gardent leur attrait

Gérant du fonds European Smaller Companies, Jimmy Burns privilégie la croissance organique.

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Votre fonds investit en valeurs européennes hors Royaume-Uni, pourquoi cet ostracisme ?

Il n'y a à cela aucun ostracisme. Il se trouve qu'historiquement nous avions déjà des fonds investis au Royaume-Uni et que l'objectif en créant ce nouveau fonds était d'offrir aux investisseurs des marchés différents.

Une autre raison est que le marché au Royaume Uni est très différent de ceux d'Europe continentale, c'est un marché où les opérateurs interviennent à court terme. Ce n'est pas mon style, mon horizon est plus de l'ordre de 2 à 3 ans.

La zone d'investissement que je privilégie en Europe compte l'Allemagne, la France et la Suisse. Ce sont des marchés très actifs avec un très large choix de petites valeurs disposant d'un bon management, et ces marchés sont transparents en matière d'informations financières. Habituellement, je suis relativement peu exposé à l'Europe du Nord. Les marchés scandinaves sont plutôt spéculatifs comme le Royaume Uni.

Vous vous définissez comme petites capitalisations alors que la Boîte de style de votre fonds le place en mid cap… quel est selon vous le seuil pour les small cap ?

Le haut de la fourchette pour une small cap est de 1 milliard de livres. Si une valeur dépasse cette barrière, j'ai 12 mois pour la vendre. Beaucoup de gérants vont sur les mid caps lorsqu'ils gèrent des fonds small caps parce qu'ils cherchent la liquidité.

N'est-ce pas aussi parce qu'après avoir connu leur heure de gloire en 2002, les small cap sont de nouveau dans l'ombre des grandes capitalisations boursières ?

Les small et mid caps présentent des intérêts forts indépendamment des large cap. Elles font de plus en plus l'objet d'opérations financières, comme ce fut par exemple le cas avec Royal Canin qui a fait l'objet d'une OPA de Mars UK.

Il est vrai que ce sont les grandes capi qui donnent le ton aux marchés, elles offrent la liquidité et apportent les rallyes. Mais quand il y a du mouvement sur les grandes capi, on observe toujours quelque temps plus tard un retour sur les small et mid cap.

Dans cet univers, quelle est votre grille de sélection de valeurs ?

Je cherche des sociétés ayant une croissance régulière, avec une croissance organique de 3 à 6% par an, et une hausse du bénéfice net par action de 15 à 25%. On en trouve toujours, même si c'est plus difficile aujourd'hui.

Le portefeuille est concentré, il compte une quarantaine de lignes. Quand je prends une position, le minimum est de 2%, sinon ce n'est pas la peine d'y aller si on n'a pas une conviction sur une valeur. Je connais bien ces sociétés et depuis longtemps, je travaille sur ce créneau depuis 13 ans.

Mes critères de sélection sont la croissance du bénéfice net par action, celle des ventes et les marges. Disons que j'ai une approche de type GARP, growth at reasonable price.

On parle beaucoup des pays d'Europe de l'Est, est-ce un terrain de chasse potentiel ?

Oui et non. L'ouverture de l'Union Européenne aux pays d'Europe de l'Est représente une opportunité pour nous via les sociétés dans lesquelles nous investissons et qui travaillent à l'Est. Mais pour le moment, nous n'avons pas de projet pour investir directement. On parle beaucoup de l'Europe de l'Est comme on a beaucoup parlé de la Grèce et de la Turquie qui ont été très à la mode par le passé.

Certains pays peuvent bénéficier à un certain moment d'un grand engouement. Comme par exemple l'Espagne où beaucoup de gens ont décidé d'intervenir. Le pays offre des secteurs en pleine croissance comme les infrastructures et les services aux collectivités locales. Mais il s'agit de secteurs soutenus par les budgets de l'Union Européenne. Pour moi, ces affaires n'offrent pas assez de croissance, ce sont des "defensive growth".

Pouvez-vous nous donner des exemples de sociétés qui retiennent votre attention ?

Il y a par exemple Munters en Suède. C'est une société d'ingénierie très pointue qui intervient sur le marché de l'assèchement. Elle a un marché international très technique. En Allemagne nous sommes investis sur Stada qui produit et distribue des médicaments génériques, les génériques représentent 20% du marché allemand.

En Allemagne, il y a aussi Puma, une société qui comme Adidas était en faillite il y a 10 ans. Ils ont très bien su se repositionner sur le "sport leisure" qui au-delà des chaussures comporte aussi les vêtements que l'on peut porter pour sortir le soir.

Autre exemple de société ayant réussi son repositionnement : IAWS en Irlande. A l'origine la société était dans les engrais, aujourd'hui avec des marques comme Délices de France et Cuisine de France elle est passée avec succès dans le domaine de la restauration.

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.