Comment vous est venue l’idée de vous associer à d’autres sociétés de gestion européennes pour créer un fonds de petites capitalisations zone euro ?
Disons d’abord que nous n’avons pas vocation à nous associer à d’autres gérants pour gérer nos fonds, mais quand on ne sait pas faire quelque chose, autant s’associer. Concernant les petites capitalisations allemandes ou italiennes, il est difficile de faire du bon travail à partir de Paris…
L’idée d’un fonds investi sur les petites capitalisations de la zone euro nous est venue d’un certain nombre de clients institutionnels. En matière de fonds small cap, les institutionnels sont limités : l’offre dans ce domaine est essentiellement franco-française alors que leur horizon d’investissement s’est élargi à la zone euro. Ils sont d’autre part confrontés à des contraintes de liquidité.
En s’intéressant de plus près à la question, nous nous sommes aperçu qu’il y avait un véritable intérêt à jouer les small cap au niveau de la zone et non sur un seul pays. Autant les marchés de la zone euro sont corrélés au niveau des grandes capitalisations, autant on constate une véritable décorrélation du marché des petites valeurs si on regarde les indices MSCI France, Allemagne, Italie et Espagne.
Pourquoi avoir choisi ces 3 pays, mis à part la France ?
Parce que ce sont les plus gros marchés de la zone. Entre l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la France on dispose des ¾ du marché de la zone. A l’avenir si cela s’avère nécessaire nous élargirons la base du fonds en intégrant d’autres marchés. Nous pensons au Benelux, et à terme pourquoi pas le Royaume Uni.
La taille des encours peut représenter un problème pour un fonds small cap, qu’en est-il pour ce nouveau fonds ?
Des encours trop importants peuvent en effet représenter une contrainte pour un gérant de fonds small cap : il est susceptible faire décaler une valeur en achetant ou vendant un volume trop important et il ne peut pas multiplier de façon excessive le nombre de lignes de son fonds.
C’est une contrainte que nous avons en tête par exemple avec notre fonds Sycomore Midcap : il pèse actuellement 25 millions d’euros et nous pensons qu’il ne sera pas possible d’aller au-delà de 75 millions d’euros.
De son côté le fonds Synergy Small Companies a été lancé avec un encours de 20 millions d’euros le 10 décembre dernier, il pèsera une trentaine de millions à la fin janvier et 100 millions à fin 2004. Nous pensons pouvoir raisonnablement gérer le fonds jusqu’à 200 millions d’euros.
Chaque gérant doit avoir 15 à 20 convictions fortes sur son marché et nous pensons que ce nombre de valeurs nous permettra d’absorber sans difficulté la progression d’encours d’ici la fin de l’année.
Comment s’effectue l’allocation des actifs entre les pays… et le partage des revenus ?
Actuellement l’allocation entre les 4 pays est simple : chaque gérant à 25% des encours à gérer. Ensuite, on réévalue l’allocation tous les trimestres : chaque gérant en fonction de la situation de son pays peut souhaiter réduire le poids de son allocation tandis que tel autre peut avoir de nombreuses opportunités à saisir.
Quant au partage de rémunération, il ne s’effectue ni sur la base des encours gérés ni sur la base des performances enregistrées car ces deux éléments peuvent largement être influencés par les phases de cycles que connaissent chacun des marchés nationaux. Le partage de revenus se fait à égalité entre les 4 sociétés de gestion.
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* Le fonds Synergy Smaller Companies est géré par Sycomore AM en France, Bestinver Gestion en Espagne, Lupus Alpha AM en Allemagne et Nextam Partners en Italie.