Les Etats-Unis sont majoritairement représentés dans votre fonds sectoriel, comment l’expliquer ?
La construction du portefeuille est uniquement fondée sur la sélection de valeurs, nous n’avons de biais géographique avec des régions du monde qui devraient être plus ou moins représentées. Il se trouve que c’est surtout aux Etats-Unis que nous trouvons les meilleures opportunités.
De ce fait, ce pays représente en permanence entre 85 et 90% du portefeuille. Mais cette exposition peut évidemment évoluer si nous trouvons d’autres opportunités qui correspondent à nos attentes sur d’autres marchés. Car nous sommes assez sélectifs et nous recherchons des sociétés de croissance.
Quels sont vos critères de sélection de valeurs ?
Nous recherchons des entreprises de croissance. Nous appliquons des filtres quantitatifs pour identifier celles dont les ratios sont en phase avec nos attentes. A partir de là nous effectuons des due diligences pour nous assurer que ces sociétés sont à la hauteur. Nous recherchons en particulier des titres avec une croissance durable et de la visibilité sur l’activité.
C’est entre autre ce qui explique que nous ne soyons pas exposés aux marchés asiatiques. Ainsi sur le marché japonais nous ne trouvons pas réellement de titres avec une bonne visibilité sur la croissance.
Enfin, notre biais croissance nous conduit à nous intéresser en priorité à des valeurs moyennes. Environ 65% du portefeuille est investi sur des titres pesant moins de 2,5 milliards de dollars. Dans tous les cas, quelle que soit la taille de la société, ce qui nous intéresse c’est la croissance. Pour nous la santé ne doit pas être conçue comme un secteur défensif.
Vous avez en portefeuille une valeur comme Pfizer, on ne peut pas réellement parler de valeur moyenne dans ce cas…
Oui, mais il s’agit d’un très beau titre de croissance. Pfizer occupe des positions très fortes sur son secteur avec un portefeuille de molécules en préparation tout à fait intéressant. La valorisation boursière du groupe est en ligne avec celle de ses concurrents alors qu’il nous semble qu’elle devrait bénéficier d’une prime.
En réalité Pfizer illustre assez bien le type de valeurs que nous aimons. Nous ne nous fixons pas d’objectif de cours, nous gardons tant que le titre est à la hauteur.
Nous vendons lorsque nous sommes déçus, cela peut être le cas avec l’échec d’un produit, si le titre devient trop cher par rapport à ce que l’on peut en attendre. Ou encore pour des raisons de gestion du portefeuille, si j’ai besoin de faire de la place.
Est-ce que vous accordez beaucoup d’importance au benchmark ?
Non, nous avons un benchmark parce que cela est important pour les investisseurs qui souhaitent positionner le fonds, mais en aucun cas le benchmark ne nous sert à piloter le fonds ni à effectuer la sélection des titres.
Si le benchmark ne nous guide pas, il est vrai en revanche que nous regardons les indices consacrés à la santé car aucun d’eux à notre avis ne rend complètement compte des différentes facettes du secteur santé.
Nous avons identifié 4 grands pôles dans le secteur santé. Il y a bien sûr les valeurs pharmaceutiques. Dans ce domaine il existe des opportunités intéressantes tant sur les génériques que sur les spécialités. Nous avons d’autres part une assez grosse exposition sur les biotechnologies, de l’ordre de 30% du fonds. C’est un domaine où il existe de nombreuses opportunités, mais c’est loin d’être le seul. Plus de 20% du fonds par exemple est investi sur des fournisseurs de matériels.
Enfin, notre quatrième centre d’intérêt est constitué par les services et représente près de 20% du portefeuille. Il s’agit aussi bien de cliniques que de laboratoires ou encore de mutuelles santé.
Le portefeuille de votre fonds compte 120 valeurs, soit beaucoup plus que les autres fonds santé. N’est-ce pas un peu trop ?
Par le passé, nous avions 150 lignes en portefeuilles, donc nous avons déjà sensiblement réduit le nombre de valeurs. En réalité, il faut garder à l’esprit que lorsque l’on intervient dans l’univers des valeurs moyennes il n’est pas possible de créer des lignes trop importantes.
Quelles sont vos anticipations sur le secteur santé pour les mois à venir ?
A court terme, nous voyons quelques risques se profiler à l’horizon. Il y a d’abord la question des taux d’intérêt. Il est important de savoir quand ils vont se stabiliser. Et puis il y a l’inconnue des élections présidentielles américaines en novembre. Si c’est un démocrate qui est élu, cela peut avoir un impact pour le secteur santé aux Etats-Unis car les démocrates ont la réputation d’être plus contraignants sur la santé.
A moyen terme, sur 12 à 24 mois, je suis très confiant. Les entreprises vont continuer à redresser leurs marges et leurs bénéfices vont s’améliorer. D’autre part il existe plusieurs marchés en plein développement qui connaissent de grandes avancées comme la cardiologie ou la cancérologie.
Sur le long terme, les facteurs démographiques font de la santé un secteur structurellement porteur.