A l’instar des grands indices américains, le dollar est entré depuis quelque temps dans une phase de hauts et de bas. Les deux phénomènes offrant d’ailleurs peut-être une corrélation, le recul du dollar par rapport à l’euro laminant les performances des actifs américains lorsqu’elles sont calculées en euro.
Un effet de change négatif particulièrement perceptible sur les fonds monétaires en dollars. On sait que les fonds monétaires sont recherchés en période d’incertitude pour leur absence de risque de perte en capital, qui s’accompagne il est vrai d’un faible potentiel de gain.
En 2004 les fonds monétaire en dollar ont enregistré, en euro, une perte moyenne de 6,65%. Ainsi le fonds Julius Baer Dollar Cash a légèrement progressé de 1% sur la période… mais calculé en euro sa performance 2004 accuse un recul de plus de 6%.
Niveau d’étiage
Du côté des fonds actions Amérique du Nord, essentiellement investis en titres américains, on constate le même effet de change négatif. En 2004, ces fonds ont enregistré une faible progression de 2,22% alors que dans le même temps l’indice MSCI North America prenait 9,36%.
Là encore un tel écart tient au recul du billet vert sur l’année écoulé. Rappelons d’autre part qu’en 2004, les fonds investis en actions de la zone euro ont en moyenne progressé de 11,77%.
La question pour les investisseurs tentés par les marchés américains, quelle que soit la classe d’actif, est bien de savoir comment le dollar est susceptible maintenant d’évoluer. Après avoir franchi le niveau de 1 euro pour 1 $ 36, et donné des sueurs froides aux industriels de la zone euro, le billet vert reste depuis le début de la semaine en dessous de 1,32…
Stratégie à double tranchant
Certes les autorités américaines ont tout intérêt à laisser filer leur monnaie : un dollar faible favorise leurs exportations, soutient les industries locales et l’économie américaine.
Mais cette politique présente aussi des effets pervers : le billet vert ne cessant de lâcher du terrain depuis près de 3 ans, les investisseurs internationaux se sont progressivement détournés des emprunts d’Etat américains dont les rendements sont laminés par un effet de change négatif. Pourtant, l’administration américaine a besoin de placer ses emprunts : le déficit public fédéral a atteint en 2004 la somme 422 milliards de dollars, contre un solde positif de 236 milliards il y a 5 ans.
Un déficit lié entre autres à la politique de réduction d’impôts de l’administration Bush. Cette politique vise à relancer la consommation, mais elle a en même temps dopé les importations. Résultat : la balance des paiements est fortement déficitaire, - 640 milliards de dollars à fin 2004.
Aujourd’hui, il semble que les Américains, comme les Européens, n’aient pas intérêt à trop laisser filer leur monnaie. A défaut de se ressaisir et de revenir à son niveau d’il y a 3 ans, le dollar pourrait donc se stabiliser. Ce qui pourrait signifier qu’il est temps de s’intéresser de nouveau de plus près aux actions américaines.