Rien ne semble devoir arrêter la progression des cours du pétrole qui cette semaine a volé de sommets en sommets, faisant ainsi la Une de la presse française et internationale.
C’est que, à quelques encablures maintenant des 70 dollars, l’or noir s’oriente incontestablement vers les 100 dollars. Un niveau jugé extravagant il y a quelques mois lorsque certains analystes le prédisaient mais qui maintenant apparaît de moins en moins invraisemblable.
Plusieurs éléments militent en faveur d’un pétrole sans cesse plus cher. Il y a d’abord, bien sûr, la hausse de la demande qui cette année devrait progresser de 2%. A l’instar des autres matières premières, les cours du brut sont en effet portés par la demande chinoise (dont la croissance du PIB est attendue cette année entre 8 et 10%). Mais aussi par les bonnes performances de l’économie américaine. Sans oublier les approvisionnements et reconstitutions de stocks en prévision de l’hiver.
Menaces et opportunités
Cette évolution des cours du brut est diversement appréciée par les économistes. Car si pour certaines entreprises, du secteur pétrolier ou pas d’ailleurs, elle représente un potentiel de marge supplémentaire, elle pèse aussi sur les économies.
Ainsi en France, selon les statistiques du Ministère de l’économie, les prix à la pompe ont augmenté 7,5% pour l’essence entre juin et juillet. Les répercussions se font sentir aussi au niveau du transport aérien, et des industries fortement consommatrices d’énergie et de dérivés pétroliers.
Bref la hausse des cours a un effet inflationniste et pèse sur la croissance économique des pays importateurs. La croissance dans l’Hexagone en 2005 pourrait, selon les statistiques de l’Insee, passer de 1,5% à 1,3% en raison de la hausse du prix du baril.
Les belles pétrolières
A l’inverse, la hausse vertigineuse des cours fait aussi des heureux. Selon une information publiée cette semaine par le quotidien La Tribune les pays membres de l’OPEP devraient encaisser cette année un pactole de 560 milliards de dollars, soit une hausse de 35% par rapport à 2004.
Même chose pour les pétroliers. D’ailleurs les cours de ces derniers s’en ressentent : le titre Total par exemple a gagné plus de 30% depuis le début de l’année alors que dans le même temps l’indice CAC40 prenait à peine plus de 17%.
Certes pour les investisseurs, les valeurs pétrolières sont devenues chères avec un indice sectoriel Energie qui à Paris a pris 33% depuis le premier janvier. Reste que pour les gérants qui savent trier le bon grain de l’ivraie le secteur recèle des opportunités. Emery Préaubert, gérant du fonds Sycomore Twenty estime par exemple que titre Total, même s’il fortement apprécié, demeure attractif quand bien même le baril redescendrait-il en dessous de 50 dollars.