Pas de hasard : dans le Top 10 des meilleures performances sur 3 ans on trouve 5 fonds investis en Amérique Latine et 3 fonds jouant l’Europe de l’Est. Quant au Top 10 à 3 mois, il fait apparaître 5 fonds Chine… C’est peu dire que les marchés émergents sont aujourd’hui sur le devant de la scène.
En fait la catégorie des fonds Chine a pris 17% en 3 mois tandis que dans le même temps les fonds actions françaises prenaient en moyenne 7%. De son coté l’Amérique Latine a enregistré un gain moyen de 181% sur 3 ans avec des performances dépassant 200% pour certains fonds, comme par exemple le Latin America Equities distribué par le Crédit Agricole. A noter que dans cette famille de fonds les moins bonnes performances sur 3 ans sont juste sous la barre des 100%.
Il est vrai qu’après avoir connu un passage à vide au début des années 2000, on se souvient de la crise argentine et des craintes qu’a suscité un moment la colossale dette brésilienne, les pays de la région et leurs marchés boursiers ont largement profité de la hausse des cours du pétrole et, de manière générale, de ceux des matières premières.
Des marchés portés par les cours
Mais pour séduisantes que soient ces performances, il faut garder à l’esprit que ces marchés connaissent facilement des hauts et des bas : la volatilité moyenne des fonds Amérique Latine s’établit à 21,6, contre 10 pour les fonds actions françaises. Il n’y a guère que les actions russes et indiennes pour offrir une plus grande volatilité.
Surtout, est-il encore temps d’entrer sur cette classe d’actifs ? Très positif sur les marché émergents, Malik Haddouk de CPR Asset Management conseille toutefois d’adopter une position nuancée : "la fin probable du cycle des matières premières et un ralentissement outre-Atlantique pourraient entraîner une réallocation au profit de l’Asie émergentes, Chine et Inde, au détriment de l’Amérique Latine…" En d’autres termes, les investisseurs en actions risquent de prendre leurs bénéfices, ce qui tirerait les cours des marchés latino-américains à la baisse.
Mais attention, le même conseil de prudence vaut pour les actions chinoises : les fonds investis sur cette classe d’actifs ont en moyenne gagné 41% depuis le début de l’année, près du double de ce qu’ont fait fonds « Grande Chine » (c’est à dire ceux investissant aussi dans les places boursières satellites) qui ont progressé de 21% depuis le début de l’année. Il faut noter en outre que la volatilité des fonds Chine est sensiblement plus importante que celle des fonds Grande Chine : 17,3 contre 13,4.
Un univers globalement porteur mais hétérogène
La plus grande diversification de la catégorie Grande Chine explique cette relativement faible volatilité. Certes le rendement est moins attractif ; mais tout en se rapprochant de ceux que l’on rencontre sur les marchés développés il demeure supérieur à ce qu’aura pu offrir l’indice phare de la place de Paris cette année.
Ce principe de précaution, la diversification, est d’autant plus nécessaire sur les marchés émergents qu’ils connaissent parfois des rallyes importants. Ainsi à Bombay l’indice Sensex est à 13.500 points contre moins de 3.000 points il y a 4 ans… Une évolution qui incite à la prudence !
Comme le dit Malik Haddouk, même si ces marchés émergents ont bien progressé au cours des derniers mois ils recèlent "une sous-évaluation relative de l’ordre de 10-20%, que ce soit en termes de Price earnings ou de Price to book par comparaison avec les marchés développés". Une classe d’actifs donc qui garde de l’attrait à condition de la jouer dans une optique "multi-zone".