Paris refranchit les 6.000 points

A l’instar de la météo, les marchés sont au beau fixe. Trop ?

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Il aura fallu à peine plus de 4 ans à l’indice phare de la bourse de Paris pour retrouver depuis son plus bas en mars 2003 à moins de 2.500 points un niveau jugé historique : en clôturant hier à 6.014 points le CAC 40 a atteint de nouveau sa fourchette de décembre 2000 !

Une progression de plus de 100% sur 4 ans et de plus de 8% depuis le début de l’année. Oubliés donc l’accès de faiblesse de février et celui de mai 2006 alors que certains craignaient une date anniversaire tumultueuse. D’autant que des statistiques économiques en demi-teinte venues d’Outre-Atlantique et les craintes suscitées le mois dernier par le marché immobilier américain ont pu jeter de l’ombre sur les anticipations des analystes et des opérateurs.

Mais il n’en est rien, à Paris comme sur les autres grandes places boursières mondiales, les indices apparaissent résolument inscrits à la hausse avec des facteurs de soutien forts.

Un contexte différent

En effet, la cote est depuis quelques semaines particulièrement animée par des opérations qui se succèdent : dans le secteur bancaire il y a l’offensive de Barclays sur ABN-Amro, dans l’immobilier celle d’Unibail sur la néerlandais Rodamco, News Corps a déclaré s’intéresser au groupe Dow Jones, le distributeur Ahold vouloir céder ses actifs américains, le japonais Fijitsu veut lancer une OPA sur la SSII française GFI Informatique, dans le ciment l’allemand HeidelbergCement lorgne sur le britannique Hanson… sans oublier le russe Norilsk dans le nickel qui a fait une surenchère sur le canadien LionOre.

Une débauche d’offres et de contre offres qui contribuent à la hausse des marchés, au point que quelques voix commencent à s’élever pour se demander si nous ne serions pas revenus à la situation qui prévalait à la fin des années 90 avant l’éclatement des bulles boursières !

Les situations n’apparaissent pas comparables, et ce à plusieurs égards. A l’époque les marchés avaient atteint des niveaux vertigineux et étaient tirés à la hausse en large partie par les valeurs TMT (technologie, media, telecom) qui faisaient l’objet de véritables surenchères. Aujourd’hui, les opérations de rachat et de fusion ne concernent pas le seul domaine des technologies. Au contraire, pratiquement tous les secteurs d’activité sont concernés.

Des opportunités

Deuxième différence : à l’époque ces opérations été financées en monnaie de singe, par échanges titres eux-mêmes survalorisés avec des niveaux de prime excessifs, ou par un recours massif à l’endettement. Aujourd’hui, après avoir apuré leurs comptes et reconstitué leur trésorerie, les sociétés lancent des offres avec des niveaux de prime et un recours à l’endettement raisonnables.

Une situation qui incontestablement profite, s’ils ont su identifier les valeurs idoines, aux fonds qui se sont fait une spécialité des OPA et autres opérations spéciales comme le fameux Fidelity Special Situations surtout investi en valeurs britanniques, OPA Monde de Louvre Gestion avec un terrain de chasse beaucoup plus large comme son nom l’indique, Ofi Cible d’Ofivalmo, Richelieu Special, Odyssée, Echiquier Quatuor…

Si la période est faste pour ces fonds opportunistes, l’investisseur au long cour sera toutefois bien inspiré de garder la tête froide : si à Paris on n’a certes pas encore retrouvé le plus haut de septembre 2000 à près de 7.000 points, il convient de rappeler que l’indice CAC 40 a pris son envol il y a à peu près 10 ans entre fin 96 et le printemps 97, après une période de plusieurs années pendant lesquelles il avait oscillé autour des 2.000 points. Un autre anniversaire…

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.