C’est une pratique courante que de regarder les résultats passés d’un fonds avant d’investir mais, outre le fait que les performances passées ont un faible pouvoir prédictif, cela ne donne pas une image complète de la performance réellement obtenue par les investisseurs. La recherche Morningstar montre que les gains des investisseurs sont parfois bien loin des performances affichées des fonds. Ce phénomène est particulièrement fréquent pour les fonds qui collectent beaucoup d’encours après une période de performance spectaculaire.
Pour avoir une idée des résultats obtenus par les investisseurs avec un fonds donné, Morningstar calcule les « Investors Returns » (Performance des investisseurs). Les « Investor Returns » ajustent la performance en prenant en compte le timing des investisseurs pour acheter et vendre les parts d’un fonds. La performance des investisseurs prend ainsi en compte le fait que tous n’investissent pas exactement à la date de début de calcul de performance et ne gardent pas nécessairement leurs parts jusqu’au bout. A titre d’exemple, imaginez un fonds qui a généré 10% de performance sur une année civile dont la majorité des gains a été réalisée sur le premier trimestre. Si les investisseurs avaient investi massivement après ce premier trimestre de forte croissance, leur retour sur investissement serait bien inférieur aux 10% de hausse enregistrée par le fonds sur l’année.
Une forte volatilité implique souvent une moins bonne performance pour l’investisseur
La recherche Morningstar montre que les fonds volatils (souvent des fonds sectoriels ou concentrés sur des marchés risqués) tendent à afficher la plus grande différence entre la performance du fonds et celle vécue par l’investisseur moyen. Cette corrélation est plutôt cohérente : les fonds volatils peuvent en effet apparaître très attractifs lorsque le vent leur est favorable et attirent alors des actifs importants. Inversement, les investisseurs ont tendance à vendre leurs parts après des périodes de chutes effroyables, qui finissent toujours par arriver compte tenu du caractère fondamentalement risqué de ces classes d’actifs. Les investisseurs dans les fonds très volatils peuvent ainsi, sans toujours s’en rendre compte, acheter au point le plus haut et vendre au point le plus bas. Cela ne veut pas dire qu’il faille rester complètement à l’écart des fonds volatils qui tendent à encourager ce type de comportement mais seulement en être conscients et prêts à supporter des périodes difficiles.
Par exemple le fonds CAAM Funds Latin America Equities affiche un historique de performance très séduisant sur les cinq dernières années. La valeur liquidative a progressé de plus de 25% par an en moyenne à fin juillet 2009. Une somme de €10 000 investi dans ce fonds il y a cinq ans vaudrait aujourd’hui €31 182 euros. Mais les investisseurs n’en ont pas forcément profité. La performance de l’investisseur moyen sur cette période lui aurait rapporté une somme bien plus modeste de €12 582. La différence – d’un montant de €18 601 – est imputable au mauvais timing répété d’achat et de vente de la part des investisseurs pour essayer de « courir » après la performance.
Pour le fonds Schroder ISF China Opportunities qui affiche une solide performance de près de 20% par an sur les trois dernières années, la même somme de €10 000 investie il y a trois ans aurait rapporté €17 181. L’investisseur moyen dans le fonds a quant à lui perdu de l’argent sur ces trois années et se retrouverait avec une somme de €7 273.
La plupart des investisseurs ont en effet acheté après la forte performance du fonds en 2007, pour sortir en catastrophe au cours de l’année 2008 et ont raté le rebond consécutif du fonds depuis le début de l’année 2009.
Des pertes plus importantes que vous ne le soupçonnez?
Il ne s’agit pas uniquement de manquer des gains potentiels. La performance des investisseurs montre également que ces derniers peuvent amplifier leurs pertes lorsque le fonds s’effondre.
Prenons le cas du fonds AGF Matières Premières. La performance du fonds sur la période de cinq ans aboutit à une perte de €2060, pour une somme de €10 000 investie au début, soit une valeur finale de €7 940. L’investisseur moyen a en revanche perdu beaucoup plus. Son investissement initial de €10 000 a été réduit à €3 903…
Ces quelques exemples démontrent une fois de plus qu’essayer de programmer ses achats et ventes pour courir après la performance de court terme, particulièrement sur les fonds les plus volatils, est bien souvent un exercice futile. La plupart des investisseurs y sont perdants.
Pour en savoir plus sur les détails de calcul de la performance des investisseurs, nous vous invitons à consulter la fiche méthodologique Morningstar ici.