Initialement destiné à héberger des actions françaises en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse, le PEA s’est progressivement ouvert aux fonds investis en actions françaises, puis plus largement aux actions de la Communauté européenne.
Reste qu’en dépit de ces évolutions qui permettent de loger jusqu’à 132.000 euros, ou 264.000 pour un couple, l’ensemble du PEA est fermé aux autres classes d’actifs : obligations, actions américaines ou des marchés émergents, produits monétaires, etc.
C’était compter sans l’ingéniosité des sociétés de gestion qui ont conçu des fonds éligibles au PEA donnant accès à ces classes d’actifs interdites. Les exemples plus spectaculaires, sinon les plus anciens, se trouvent du coté des fonds monétaires. Pratiquement tous les grands réseaux ont à leur catalogue un, ou plusieurs, fonds monétaires éligibles au PEA. C’est le cas chez Axa avec le fonds Axa PEA Régularité, à la Caisse d’Epargne avec les fonds Ecureuil Trésorerie PEA et Ecureuil Refuge PEA. Citons encore les fonds Natixis Monétaire PEA ou Allianz Sécurité PEA.
Echange de performances
Comment fonctionne ce tour de passe-passe ? Tout simplement en créant d’abord un fonds actions éligible au PEA puis en échangeant la performance de ce fonds actions contre une performance monétaire à l’aide d’un "swap".
Prenons le cas du fonds Allianz Sécurité PEA. L’analyse de son portefeuille montre clairement qu’il est investi en actions françaises. Mais il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg.
Le Prospectus du fonds décrit clairement le mécanisme en 2 temps évoqué plus haut d’un produit monétaire éligible au PEA : constitution d’un fonds actions, et mise en place d’un swap.
Pour séduisants que soient ces monétaires PEA, une certaine vigilance s’impose car certains fonds présentés comme "monétaires" par leur promoteur peuvent réserver quelques surprises. C’est le cas notamment du CAAM PEA Court Terme qui vise à obtenir une performance supérieure à celle du marché monétaire. Un objectif qui oblige les gérants à aller chercher de la performance hors des sentiers battus…
Au-delà du classique "swap" de performances, le gérant recourt à des outils relativement sophistiqués pour atteindre son objectif de performance : arbitrages sur devise, arbitrage de volatilités, etc.
Au cours de la dernière année, cette gestion a été couronnée de succès comme le montre la courbe de performance du fonds. Mais il convient de noter qu’elle a fait courir au fonds des risques supplémentaires et différents de ceux d’un pur produit monétaire…
Des marchés de niches ?
On le voit, la performance du fonds est moins régulière que celle de l’EONIA, et a pu connaître quelques fléchissements. On constate aussi sur le graphique précédent qu’au cours des derniers mois, les marchés monétaires sont devenus de moins en moins rémunérateurs.
Pour aller sur des classes d’actifs potentiellement plus rémunératrices, le Sélecteur de fonds est un allié précieux de l’investisseur, il lui permet d’établir rapidement des listes de fonds répondant à ses critères comme le montre l’écran suivant :
Au-delà des fonds Action France, Actions Allemagne, Actions Europe…il donne accès aux fonds Actions Etats-Unis avec par exemple Fédéral Indiciel US, aux obligations avec Etoile Obligation, à une gestion diversifiée avec KBL Richelieu Flexible, etc.
Les possibilités d’ouverture de son PEA se sont encore élargies avec le développement des ETF : Actions Chine avec le CASAM ETF MSCI China, Actions Russie avec le Lyxor ETF Russia, la région Asie-Pacifique avec le Easy ETF DJ Stoxx Asie-Pacifique. La créativité des promoteurs d’ETF les a d’ailleurs conduit à mettre sur le marché des produits qui sont un peu verticaux et suivent des indices de marchés de niche comme le Koweït ou encore l’Egypte.
Certes ces ETF spécialisés peuvent faire rêver… mais il convient de les utiliser avec précaution et sans doute parcimonie, et de garder à l’esprit que ces marchés exotiques n’ont certainement pas vocation à occuper une place centrale dans un portefeuille diversifié. De la même façon, les ETF permettant de jouer la baisse des marchés, comme les CASAM ETF Short CAC 40 et Lyxor ETF Bear CAC 40 ou mieux encore ceux qui présentent un effet de levier comme les Easy ETF CAC 40 Double Short ou Lyxor ETF CAC 40 Double Short, ne sont peut-être pas à mettre entre toutes mains… Ainsi ce dernier a fait -32% sur les 6 derniers mois alors que dans le même temps le CAC 40 prenait 16%...
Si pour l’investisseur la disponibilité de supports éligibles au PEA de plus en plus nombreux est une bonne chose car elle lui permet de diversifier son portefeuille en ayant accès à des classes d’actifs parfois inhabituelles, la mise en œuvre effective de ces possibilités requiert, répétons-le, un certain doigté et une bonne dose de prudence.
Cet article a été initialement publié le 4 novembre 2009.