Mardi dernier, nous annoncions le lancement des premières récompenses Morningstar des Gérants de l’Année en Europe. Celles-ci sont basées sur les plus fortes convictions de notre équipe de plus de 25 analystes en Europe et en Asie. Ces récompenses visent à reconnaître les fonds qui ont non seulement bien réussi en 2009 mais qui ont également démontré leurs capacités à gérer de manière excellente le capital des investisseurs sur le long terme.
Il y a deux récompenses : le meilleur gérant de l’année d’actions européennes et le meilleur gérant de l’année d’actions internationales.
Les nominés pour la récompense Morningstar du meilleur gérant de l’année d’actions internationales sont les suivants:
Edouard Carmignac
Carmignac Investissement A
Edouard Carmignac est l’un des gérants les plus expérimentés et, de notre point de vue, également l’un des plus talentueux en Europe. Il a fondé sa société de gestion il y a 20 ans et a rassemblé autour de lui une équipe de taille relativement compacte mais composée de gérants et d’analystes très compétents. Ils contribuent tous à la recherche de titres mais également sur des thèmes d’investissement plus larges, « top down », qui caractérisent le style de gestion opportuniste de la maison. Même s’ils pensent que les frais pourraient être plus bas, nos analystes ont une haute opinion de cette société de gestion dont la culture est bien orientée vers l’intérêt des investisseurs. La société publie ainsi chaque trimestre les portefeuilles complets de ses fonds sur son site internet, une pratique qui mérite d’être soulignée car malheureusement bien trop rare en Europe.
Le track record d’Edouard Carmignac est éloquent. Le fonds pour lequel il est nominé, Carmignac Investissement, se classe dans le premier percentile de la catégorie Morningstar Actions Internationales Grandes Capitalisations Croissance sur trois, cinq et dix ans à fin janvier 2010. Carmignac fut l’un des seuls gérants à surperformer à la fois en 2008 et 2009, grâce notamment à un positionnement courageux sur les banques américaines au début du mois de mars 2009, après avoir mieux protégé le capital des investisseurs que la plupart de ses concurrents en 2008.
Graham French
M&G Global Basics
Graham French possède de nombreuses qualités que nous aimons voir chez un gérant. Il est chez M&G depuis plus de 20 ans et dirige une équipe solide et stable. French est aussi un investisseur patient et son approche est éprouvée. Sur le fonds Global Basics, il recherche avant tout des opportunités d’investissement de long terme sur les secteurs de base qui participent à la construction de l’économie globalisée. Cette approche rend le fonds relativement plus risqué puisque ses thèmes n’ont pas toujours les faveurs du marché mais French est suffisamment patient pour traverser des périodes de sous performance s’il est convaincu du potentiel de long terme d’un titre.
La persévérance de French est notamment illustré par le taux de rotation de son portefeuille en 2009, inférieur à 5%, qui montre à quel point son approche est orientée sur le long terme et ne cède pas aux tendances de court terme des marchés. En 2009, le fonds a terminé dans le 20ème percentile de la catégorie Morningstar Actions internationales Petites et Moyennes Capitalisations avec une performance de 35.31%, soit 10% de mieux que la moyenne de la catégorie. Les risques du fonds ont été mis en évidence en 2008, quand il a perdu plus de 26% du capital des porteurs de parts mais même cette année là, il s’est classé dans le 55ème percentile, beaucoup d’autres fonds ayant perdu bien plus. Ce qui rend la performance de French en 2009 encore plus impressionnante, c’est que son univers d’investissement exclut les financières dont le rebond ne lui a donc été d’aucun secours. French est un gérant de talent qui est passionné par l’investissement et dévoué à délivrer le meilleur pour ses investisseurs sur le long terme. Il investit d’ailleurs lui-même dans le fonds et aligne donc ses intérêts sur ceux de ses clients.
Rolf Stout
BNP Paribas OBAM
Rolf Stout et son équipe investissent avec conviction depuis maintenant plus de 20 ans aux commandes du fonds BNP Paribas OBAM (anciennement Fortis OBAM). Stout divise le portefeuille en deux parties : dans la première il investit dans les sociétés dont il attend une surperformance de long terme et dans la deuxième il adopte une approche plus pragmatique où il vise à profiter de thématiques de court terme. Par exemple, les valeurs financières déchues et l’Indonésie sont deux thèmes que l’on retrouve actuellement dans le fonds. Stout n’hésite pas à afficher de fortes convictions et le portefeuille est souvent marqué par des paris sectoriels très importants. L’horizon d’investissement est long et le taux de rotation des actifs est très faible, ce qui devrait permettre au fonds de limiter les frais de transaction sur longue période et donc de constituer un avantage compétitif. Le total des frais sur encours est de 1,11%.
En dépit de toutes ses qualités, le fonds ne conviendra pas à tout le monde. Les risques sont ici élevés puisque Stout prend des paris massifs, même lors de périodes difficiles. En 2008, par exemple, le fonds a perdu 66% de sa valeur en euro compte tenu des paris dans les matériaux de base et l’énergie. Pourtant les investisseurs patients ont été récompensés. La performance du fonds en 2009 est de 70,1% et il a battu 99% de ses concurrents. Les positions sur les financières, les matières premières et les marchés émergents ont contribué à la performance. Le track record de long terme du fonds est excellent. A fin 2009, le fonds se classait dans le premier quintile de sa catégorie sur cinq ans, dans le 26ème percentile sur dix ans et dans le 4ème percentile sur les 15 dernières années. Le fonds est passé chez BNP Paribas suite à l’intégration de Fortis mais nous n’attendons pas d’impact négatif sur cette stratégie ou son gérant.
Filip Weintraub and Torkell Eide
SKAGEN Global
Filip Weintraub est un vétéran de l’investissement et ses collègues de Skagen, basés dans la ville de Stavanger en Norvège, sont parmi les meilleurs gérants d’actions internationales que nous ayons rencontrés (Omid Gholamifer a décidé de quitter l’équipe le 11 février dernier, mais nous ne pensons pas que cela change globalement l’intérêt de ce fonds pour les investisseurs). En tant qu’investisseur contrariant, Weintraub ne craint pas d’aller contre la tendance dominante – en effet son approche repose avant tout sur la recherche de titres sous valorisés et délaissés par les autres. Le fonds n’est pas pour autant « deep-value ». L’équipe recherche en effet des entreprises qui générent du cash avec des business models solides et pas seulement des sociétés en restructuration. Ils tendent également à conserver leurs paris sur le long terme, ce qui a pour bénéfice un taux de rotation faible et donc moins de frais de transactions – un élément à l’avantage du fonds mais qui explique que le portefeuille n’affiche pas un style « value » marqué. Néanmoins, le fonds a un profil bien différent ses pairs de la catégorie Morningstar Actions Internationales Grandes Capitalisations Mixte. Bien qu’il soit principalement exposé aux grandes valeurs, les gérants investissent sur des plus petites capitalisations quand une bonne opportunité se présente. Autre facteur différenciant, et pas des moindres, ils investissent significativement sur les marchés émergents, environ 25% du portefeuille ces dernières années. Au total, près de la moitié du portefeuille est constitué de positions qui ne sont pas dans l’indice, une vraie marque de gestion active.
Le fonds a excellé en 2009, délivrant une performance de 48,9% qui le place 18,5% devant l’indice MSCI World et dans les 5 premiers percentiles de sa catégorie Morningstar. L’exposition aux marchés émergents et les petites et moyennes capitalisations ont participé à la performance mais aussi une très bonne sélection de titres dans l’énergie et l’industrie. Le style de gestion de l’équipe n’est pas sans risque et les performance en 2008 en atteste. Les paris sur les pays émergents ont couté au fonds qui a terminé l’année avec une perte de 44,4% et dans le dernier quartile de la catégorie. Toutefois l’équipe a démontré sa capacité à utiliser ce risque à très bon escient sur le long terme. En effet, hormis 2008, le fonds a terminé chaque année calendaire de la dernière décennie dans les 5 premiers percentiles de sa catégorie, une performance tout à fait remarquable. Le fonds se classe dans le premier percentile sur cinq et dix ans au 31 janvier 2010 avec une performance annualisée de 9,1% sur cinq ans et de 8,2% sur dix ans. A l’inverse, la moyenne de la catégorie affiche une perte annualisée de 3,73% sur les dix dernières années.