« Que pensez-vous du fonds LFP Actions Nouveaux Enjeux qui investit dans la sécurité ? Est-ce que la sécurité est un thème porteur ? »
La sécurité est incontestablement un thème à la mode dont il est régulièrement question dans les médias : sécurité alimentaire, sécurité des biens, sécurité informatique, sécurité du territoire… Mais s’agit-il pour autant d’un thème porteur en termes d’investissement ?
Quelques fonds se sont en tout cas spécialisés sur ce thème et le fonds LFP indique dans son Prospectus que son gisement de valeurs est composé de 5 domaines : protection des personnes et des biens, santé et protection alimentaire, sécurité informatique, préservation des ressources naturelles, services et systèmes de défense. Comment ce programme ambitieux est-il mis en musique ? Pas facile à dire dans la mesure où nous ne disposons pas du portefeuille de ce fonds et que le rapport d'activité mensuel publié sur le site de la société de gestion apparaît légèrement diaphane : on trouve exposition géographique (50% de valeurs américaines par exemple), exposition sectorielle (dont près de 29% dans le secteur de l’énergie), allocation par stratégies ainsi qu’une exposition aux devises. Pas d’informations en revanche sur les valeurs détenues en portefeuille.
Coté performances, le fonds classé en actions internationales grandes capitalisations affiche sur 5 ans une performance légèrement négative de -0,13%, soit 2,23% de moins que la moyenne de la catégorie à laquelle il appartient. Comment interpréter cette performance ? Clairement elle place le fonds dans le dernier quartile du classement de performance, ce qui se ressent d’ailleurs au niveau de sa notation quantitative à 2 étoiles.
Inventaire à la Prévert
Plus loquace sur le contenu de son portefeuille, le fonds Crédit Suisse Global Security investit lui essentiellement en valeurs internationales, avec d’un part une prépondérance pour les actions américaines et d’autre un profil moyenne capitalisation de type croissance comme l’indique sa Boîte de Style. Le portefeuille compte une cinquantaine de lignes dont les 10 premières ne représentent guère que 30% des actifs.
Pas de poids lourd en portefeuille : la première ligne, Thermo Fisher Scientific qui pèse 3,30%, à peine plus que les lignes suivantes. Il s’agit d’un fournisseur américain d’équipement pour laboratoires qui s’échange à moins de 50 dollars. L’équipe d’analyse actions de Morningstar est positive sur la valeur et lui attribue une « fair value » de 73 dollars, avec 5 étoiles. Toutefois, en dépit de la qualité boursière de ce titre, il convient de noter qu’il n’est pas spécifiquement lié à la sécurité…
En revanche, Tyco International qui apparait en 6ème position dans le portefeuille est plus centrée sur la sécurité, (alarme, anti-incendie, assistance respiratoire, etc). S’échangeant actuellement à plus de 35 dollars, le titre bénéficie d’une solidité financière jugée moins forte, par l’équipe d’analyse actions, que celle de Thermo Fischer, avec des perspectives de croissance elle aussi en retrait.
Dans le portefeuille on trouve des éditeurs de logiciels comme CheckPoint Software, Symantec, McAfee. Mais aussi une société comme Veolia Environnement, une belle valeur certes mais dont le rapport avec la sécurité semble assez ténu…
Le portefeuille de ce fonds est assez représentatif de ce type d’approche thématique : des valeurs qui sont pour ainsi dire « cœur de cible » c'est-à-dire répondant au thème du fonds et des valeurs sans réel rapport avec le thème. Il s’agit un peu d’un inventaire à la Prévert, certes séduisant, qui peut parfois donner de bons résultats mais qui sur le long terme n’apparaît pas convaincant. Alors qu’un fonds sectoriel (matières premières, immobilier, finance, santé, etc) présente un territoire d’investissement clairement identifié, un fonds thématique court le risque de s’éparpiller dans toutes les directions. Comme ce fonds jouant le thème du vieillissement de la population dans lequel on trouvait, assez logiquement, des valeurs santé, de l’agro-alimentaires, mais aussi des transporteurs aériens, des valeurs du luxe et des casinos au motif que n’ayant plus d’enfant à charge les retraités ont souvent un pouvoir d’achat important…