En abaissant la note souveraine de l’Irlande de AA à AA-, Standard & Poor’s met la pression sur le pays. Dublin a vivement réagi et le NTMA qui gère la dette publique estime que la décision de l’agence de notation n’est pas justifiée.
Quoi qu’il en soit, le marché s’y attendait et les opérateurs étaient de plus en plus prudents : les CDS (qui sont un indicateur des anticipations de risque de défaut d’un émetteur) s’étaient tendus sur la dette irlandaise. Confrontées à un système bancaire plombé, les autorités de Dublin ont du récemment remettre la main à la poche pour soutenir leurs banques. Résultat : après avoir bondi de moins de 40 milliards d’euros en 2007 à 50 milliards d’euros en 2008, la dette publique irlandaise a atteint 75 milliards en 2009 pour toucher 85 milliards d’euro à la fin du mois dernier.
De ce fait les investisseurs se font de moins en moins gourmands : au cours de l’émission sur le marché primaire du 17 août, si la tranche de 500 millions d’euros à échéance avril 2014 a été souscrite plus de 5 fois, en revanche celle à échéance 2020 - avec un coupon de 5%- n’a été souscrite que 2,4 fois.
Conséquences pour les investisseurs
Lorsqu’un émetteur voit sa note dégradée ses conditions de financement deviennent plus difficiles et le papier déjà en circulation est délaissé. Il perd de sa valeur et, mécaniquement, son rendement augmente.
Les fonds qui ont du papier perdent alors de leur valeur comme on l’avait déjà observé pour les fonds qui avaient du papier grec ou espagnol. Sont principalement concernés les fonds de la catégorie « Obligations d’Etat zone euro » comme par exemple Palatine Première qui a un peu plus de 7% de ses actifs en obligations irlandaises. Sur les 7 premiers moi de l’année le fonds se classe en percentile 65 en terme de performance.
Autre exemple, le fonds Ofi Euro Souverains avec au printemps environ 5% de titres irlandais, 21% de dette italienne, près de 6% en titres grecs…
Pour autant, en dépit de la qualité médiocre de ces papiers, il ne faut pas nécessairement se détourner des fonds qui en détiennent. Dans certains cas, cela peut valoir la peine d’en acheter car s’il n’y a pas de défaut, et qu’à terme les obligations sont remboursées au pair à leur valeur nominale, alors on gagne de l’argent si on a acheté « à la casse ».
D’autre part, certains fonds détenant de la dette souveraine d’Europe du Sud ont un excellent track-record. C’est le cas par exemple du fonds HSBC Euro Governement Bonds noté Supérieur dont près de 4% du portefeuille est investi en dette irlandaise et 18% en dette italienne. Ou du Petercam Bonds, noté Elite, avec environ 20% de dette italienne.
Le problème n’est pas tant qu’il y ait de la dette irlandaise, italienne, espagnole ou grecque en portefeuille que la façon dont ce papier a été acheté. Et le fait que cette allocation soit cohérente, ou non, avec les objectifs affichés par le gérant.