En tant que plus grand producteur mondial de ciment et un des principaux producteurs de granulats, de béton et de gypse, les revenus de Lafarge seront largement déterminés par la demande de matériaux de construction dans les marchés qu'elle dessert. Le ralentissement économique mondial a pesé sur les revenus, en particulier dans les marchés développés. Toutefois, la croissance devrait se rétablir dès que l'activité de construction se renforcera.
L’activité principale de Lafarge, la production de ciment, est caractérisée par sa forte intensité capitalistique, des barrières à l'entrée élevées sur certains marchés, une forte intensité énergétique et un faible ratio valeur / poids qui structure les marchés au niveau local plutôt que mondial. Le ciment est fabriqué à partir de calcaire, de sable, d'alumine et de minerai de fer, et les usines sont généralement construites à proximité de grands gisements de ces matières premières. En raison de la nécessité de chauffer ces matériaux dans un four à 1500 degrés Celsius, le combustible représente le coût de production le plus important. Comme il est onéreux de transporter du ciment par voie terrestre, les usines ont généralement un rayon d'expédition maximum de 300 kilomètres. Par contre, ces marchés régionaux ont eu tendance, dans de nombreux cas, à entraîner des prix favorables pour les producteurs.
Lafarge a investi massivement dans l'expansion de ses capacités dans les marchés émergents, compte tenu des perspectives plus prometteuses concernant la croissance de la demande de matériaux au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. L'acquisition début 2008 d'Orascom Cement lui a permis d’obtenir la position de leader au Moyen-Orient et dans le Bassin méditerranéen. Les usines d’Orascom sont parmi les plus récentes, les plus grandes, et les moins coûteuses de l'ensemble du portefeuille de Lafarge. Malheureusement, l'acquisition a eu un coût élevé, 12 fois l’EBITDA 2008, et a pesé sur le bilan de Lafarge. Notamment dans un contexte de ralentissement considérable de la demande de matériaux de construction, en particulier dans les marchés développés. Lafarge a également investi en Chine, où les perspectives de croissance semblent favorables, bien que la rentabilité ait été entravée par la fragmentation de l’industrie et l’inefficacité des opérations.
Le ciment (et les agrégats) est un composant du béton, et les autres activités de Lafarge comprennent la production d’agrégats et de béton, même si globalement, ces dernières contribuent à moins de 20 % du bénéfice d'exploitation total. Les barrières à l'entrée dans l'industrie des granulats sont relativement élevées, compte tenu de la nécessité d’avoir accès à des carrières proches des marchés, de la valeur encore plus faible du ratio valeur/poids et des difficultés à obtenir des autorisations pour l’exploitation de nouvelles carrières. En revanche, l'industrie du béton n'est pas aussi favorable pour les producteurs que le ciment ou les granulats, en raison des plus faibles barrières à l’entrée.
Valorisation, croissance et rentabilité
Nous abaissons notre estimation de « Fair Value » du titre à 65 euros par action en raison de la faiblesse persistante des marchés de la construction en 2010. Les volumes de ventes de ciment sont un moteur important du potentiel de bénéfices, et nous prévoyons une augmentation minime en 2010, suivie d’une croissance de 8,5 % par an par la suite. Nous croyons que Lafarge va maintenir des prix favorables sur la plupart de ses marchés. Notre hypothèse à long terme de marge opérationnelle est de 19 %, contre une moyenne historique sur cinq ans d'environ 16 %. Nous utilisons un coût moyen pondéré du capital de 9,6 %, et notre ratio valeur d’entreprise / EBITDA est d'environ 6,0.
Lafarge faisait partie en octobre de « Nos 10 valeurs préférées » européennes. CLIQUER ICI pour consulter la liste européenne.