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Fonds à formule, la surenchère ?

Les promoteurs rivalisent d’imagination pour séduire les investisseurs. L’AMF de son coté tire la sonnette d’alarme…

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Après YinYang, Zanzibar, Conquistador, Curcuma, Mambo, Flamenco, Capoeira, BNP Paribas a récemment mis sur le marché Appaloosa, un fonds à formule qui se veut fringant à l’image des chevaux sauvages du Grand-Ouest américain. Il est vrai que la banque nous a habitués aux appellations romanesques pour ses fonds à formule, tous plus évocateurs les uns que les autres d’ambiance festive, de bonne humeur et d’exotisme. Ainsi à défaut de toujours comprendre comment fonctionne la formule du fonds, l’investisseur a le sentiment de participer à une grande aventure épique.

Et les investisseurs en redemandent : après plus d’une centaine de fonds à formule mis sur le marché en 2009, ce sont près de 70 produits de ce type qui ont été lancés sur la première moitié de l’année 2010. Tous ces produits ont en commun de proposer « le meilleur des 2 mondes » : une protection, parfois partielle, du capital accompagnée d’une exposition aux marchés actions.

Lorsque la garantie en capital est totale, alors les perspectives de gains sont relativement modestes. Prenons le cas du fonds Playlist proposé par la Caisse d’Epargne. La formule court sur 6 ans avec une possibilité de gain maximal de 4,5% par an. Compte tenu des frais de souscription de 2,5%, le gain annualisé maximal ressort à 3,64%. Ce n’est pas très cher payé pour immobiliser son argent pendant 6 ans, sachant d’une part que toute sortie anticipée est pénalisée par des frais de sortie de 4%, sans garantie de valeur liquidative ; et d’autre part que le rendement peut aussi tout simplement ressortir à 0%.

Avec une simulation historique de la formule sur 22 ans (de 1987 à 2008) on obtient 11 années seulement où la formule fonctionne, dont au maximum 5 années consécutives…

Avec le fonds Fructi Sécurité Septembre 2016 de la Banque Populaire, on bénéficie d’une exposition à l’indice Euro Stoxx 50  (60% de la performance moyenne constatée tous les 6 mois de l’indice Euro Stoxx 50 sur une durée de 6 ans). Une simulation historique de la formule entre décembre 1987 et décembre 2008 donne 31 séries de 6 ans avec des performances moyennes par série de -35% à +156%. La formule donne, en tenant compte des frais de souscription de 2,5%, un rendement sur 6 ans entre 0% et 91,6%, soit en annualisé 0% à 11,45%.Mais attention ce 11,45% de rendement par an correspond à la meilleure série. La moyenne de ces 31 séries donne un rendement annualisé de 3,91%.

Il s’agit ici de fonds avec des formules relativement compréhensibles, mais certaines formules sont tout simplement inextricables. En octobre, l’AMF a d’ailleurs publié une mise en garde sur la « Commercialisation d’instruments financiers complexes auprès du grand public » qui vise les produits difficilement compréhensibles, en particulier dans le domaine des fonds à formule et plus largement des produits structurés. Les vendeurs des produits devront apporter la preuve qu’ils ont bien informé les investisseurs et qu’ils ont vérifié que ces derniers comprennent les enjeux, entre autres en les informant mieux sur les conditions de sortie anticipée qui souvent désactivent la garantie en capital. Le cas échéant, l’AMF se réserve la possibilité d’apposer sur certains produits la mention suivante : « l'AMF considère que ce produit est trop complexe pour être commercialisé auprès des investisseurs non professionnels et n'a dès lors pas examiné les documents commerciaux. »

Pour consulter le communiqué de l'AMF, CLIQUER ICI.

Cet article a été initialement publié dans la revue L'AS Patrimonial, novembre-décembre 2010

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A propos de l'auteur

Frédéric Lorenzini

Frédéric Lorenzini  est Directeur de la Recherche de Morningstar France.