Pourtant, la direction a montré un strict respect de ses objectifs de retour sur investissement et de génération de cashflow, deux éléments clés pour les investisseurs. Tant que E.ON échappe à l'intervention pénalisante des gouvernements, notamment une taxe allemande sur le nucléaire ou la fermeture forcée de centrales, nous pensons qu'il peut s’agir d’un bon investissement à long terme pour ceux qui cherchent à se diversifier en Europe.
Fondée dans les années 1920 comme société nationale allemande d'électricité, E.ON compte aujourd'hui plus de 28 millions de clients dans 30 pays. Avec Électricité de France (EDF) et GDF Suez en France, elle est au niveau mondial l’une des trois plus grandes entreprises de services aux collectivités détenues par des investisseurs.
Les acquisitions réalisées depuis 2000 ont renforcé l’envergure internationale de E.ON qui est désormais présente aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Scandinavie et en Europe continentale. La plus récente de ces opérations a été la plus importante : l’achat, finalisé en juin 2008, pour 11,5 milliards d'euros des actifs d'Enel et Endesa. De même, E.ON a récemment conclu des accords concernant les énergies renouvelables aux États-Unis, une entreprise de services aux collectivités en Europe du Nord, des centrales électriques en Russie et en Turquie, et une entreprise de services aux collectivités en Italie. Elle est toujours en pourparlers avec Gazprom, le géant russe du gaz, à propos de projets conjoints en matière d’énergie.
Cependant, la direction a récemment changé de cap et prévoit de céder 15 milliards d'euros d'actifs entre 2009 et 2011. Ceci est en partie dû à un accord conclu en novembre 2008 avec la Commission européenne qui exigeait qu’E.ON cède certains de ces actifs dans le domaine du transport de l’énergie et de la production énergétique avant décembre 2011. Bien que le moment soit particulièrement défavorable en raison des prix de l'énergie actuellement au plus bas de leur cycle et de l’effondrement des prix des actifs, E.ON a été en mesure d'exécuter des opérations de swap pour la plupart des 3 milliards d'euros de cessions nécessaires, tout en préservant la valeur pour ses actionnaires.
Outre les cessions européennes, E.ON a également recentré ses opérations par la vente de ses intérêts minoritaires dans les services aux collectivités en Allemagne (Thüga), de ses activités dans le secteur des services aux collectivités aux États-Unis et de sa participation de 6 % dans la société russe Gazprom. La vente des opérations aux États-Unis a rapporté environ 5,7 milliards d'euros (7,6 milliards de dollars) et la vente des participations dans Gazprom a rapporté 3,4 milliards d'euros. De même, E.ON a récemment réduit de 6 milliards d'euros le plan d'investissement de 63 milliards d'euros sur 4 ans qu'elle avait annoncé en 2007.
Nous pensons que la direction a fait preuve d’une bonne discipline en vue de protéger son rendement sur capital de 11 %, le meilleur du secteur. Ces rendements pourraient être plus difficiles à atteindre dans un environnement économique moins favorable. En Allemagne, E.ON fait face à un mécontentement croissant des clients et des régulateurs qui paient l’un des tarifs énergétiques les plus élevés dans le monde tout en subissant des pénuries d'approvisionnement. Une bataille politique sur l'avenir de la production d'énergie nucléaire dans le pays nuira à la valeur des actions si les partisans de l’anti-nucléaire l'emportent. Les pressions politiques pourraient aussi compromettre le recouvrement des coûts dans les tarifs de distribution. Les hommes politiques en Italie, en Espagne, et en Russie continuent d’intervenir sur les marchés de l'énergie ce qui, en général, a des conséquences négatives pour E.ON.
Si les marchés européens se stabilisent et le plan d'investissement de E.ON se poursuit comme prévu, nous pensons que les actionnaires obtiendront d'excellents rendements pendant plusieurs années.