Ces fonds qui ont résisté à la tempête

Quelques fonds actions zone euro qui ont bien passé 2008…

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La chute des marchés actions en 2008 puis le fort rebond qui a suivi en 2009 font des trois dernières années l’une des périodes les plus volatiles pour les fonds d’actions. Les pertes n’ont pas encore été épongées dans bien des cas. Par exemple, les fonds de la catégorie Eurozone Grandes Capitalisations ont perdu 43% en moyenne en 2008, gagné 26% en 2009 et sont restés légèrement positifs sur 2010. Sur trois ans à fin octobre 2010, la catégorie a perdu 11% par an en moyenne. Sur cinq ans, le tableau n’est guère plus enthousiasmant : les fonds de cette catégorie ont cédé 0,4% par an.

Voici quelques fonds, notés Supérieur par Morningstar, qui ont bien passé la tempête de 2008. Ils se sont classés dans le premier tiers de la catégorie sur les trois dernières années tout en étant moins volatils que le marché et ont mieux résisté dans la chute en 2008.

Elan Euro Valeurs

Elan Euro Valeurs a été particulièrement résistant en 2008. Le fonds a cédé 30% quand, en moyenne, ses concurrents perdaient 43%. Ces résultats tiennent à l’approche d’investissement, mise en place par un tandem de gérants expérimentés. Relativement originale, elle est basée sur de fortes convictions et une grande attention accordée aux risques de perte. Ils privilégient les actions dont le potentiel de hausse est élevé, sur la base d'un scénario escompté, tandis que le risque de baisse est limité si ce scénario ne se réalise pas. La prudence dont font preuve les gérants dans leur stratégie se traduit en outre par un profil de risque modéré.

Les gérants sont restés très à l'écart de la plupart des valeurs cycliques jusqu'en 2008 et ont parallèlement augmenté le cash en portefeuille (15% en moyenne en 2006 et 2007), convaincus du caractère insoutenable de la progression des marchés. La performance est restée en retrait en 2006 et 2007 mais le retournement de 2008 leur a largement donné raison. Ils ont par la suite largement profité du rebond des marchés en 2009 puisqu’ils étaient parmi les premiers à investir sur les bancaires et certaines cycliques dès la fin 2008. Au final, le fonds a surperformé 95% de ses concurrents sur trois et cinq ans à fin octobre 2010. L'expérience des gérants Philippe Chaumel et Didier Bouvignies, combinée à une approche prudente et cohérente, devraient à notre avis continuer d’assurer le succès du fonds sur le long terme.

 

Allianz Actions Euro Value

La sous-exposition progressive sur les valeurs financières - dès la fin 2006 - a contribué à la très bonne performance en 2007 et a permis au fonds de faire mieux que ses concurrents en 2008 tout en restant, à tout moment, entièrement investi. Le retour sur des valeurs cycliques et certaines bancaires, à la faveur de valorisations au plancher, a ensuite assuré le succès du fonds en 2009. Sur trois et cinq ans, le fonds a battu 75% de ses concurrents. Le fonds est sous la responsabilité d’une gérante chevronnée. Catherine Garrigues est aux commandes depuis 2004 avec une réussite indéniable qui ne s’est pas démentie dans la tourmente des marchés. Elle dispose du soutien d’une équipe également expérimentée composée de quatre autres gérants.

L’approche est orientée vers la recherche de titres sous valorisées mais pas à n’importe quelles conditions. La gérante s'intéresse plus particulièrement aux entreprises disposant d'avantages concurrentiels durables et évoluant sur des marchés avec des barrières à l'entrée importantes. Les titres ciblés sont analysés à la lumière de plusieurs méthodes de valorisation, la gérante privilégiant une approche plus ou moins conservatrice selon la configuration de marché. La sélection des titres intègre par ailleurs des facteurs macroéconomiques et les thématiques d'investissement identifiées par l'équipe. Cette stratégie a été bien exécutée au fil des ans. Enfin, pour ne rien gâcher, le fonds est particulièrement bon marché puisque le total des frais facturés n’est que de 1,44% par an.

 

Metropole Euro

Metropole Euro affiche un très bon historique de performance depuis son lancement en 2002 qui ne s’est pas démenti sur ces trois dernières années. L’équipe a sous pondéré dès 2006 les valeurs cycliques et celles liées aux matières premières pour des raisons de valorisation, laissant le fonds à l’écart d’une partie de la hausse en 2006 jusqu’à l’été 2007. Ce positionnement s’est révélé payant en 2008 où le fonds a battu 70% de ses concurrents. En 2009 et depuis le début de l’année 2010, les résultats sont excellents grâce à une sélection de titres particulièrement efficace. Cette stratégie « value » est entièrement « bottom up ». Afin de détecter les titres décotés, l’équipe filtre l’ensemble de l’univers sur des critères simples de valorisation puis ceux jugés intéressants sont soumis à un examen minutieux de leur valeur intrinsèque. Les gérants retiennent souvent le scénario le moins optimiste et l’analyse est complétée par la recherche de catalyseurs de revalorisation.

 Si le fonds n’est pas taillé pour surperformer dans toutes les conditions de marché, nous pensons que c’est un choix gagnant sur le long terme. L’équipe de six gérants, sous la direction de la très expérimentée Isabel Levy, a démontré l’efficacité de son approche collégiale. La stabilité de l’équipe illustre s’il en est que chaque membre adhère pleinement au fonctionnement et à la philosophie d’investissement du fonds. Nous apprécions en outre la société de gestion Metropole dont le comportement est globalement favorable aux intérêts des investisseurs, notamment à travers des frais compétitifs sur les fonds français. C’est le cas sur cette offre qui bénéficie d’un TER raisonnable de 1,60%.

 

ING Invest Euro High Dividend

Le succès de ce fonds dans des conditions de marchés volatiles a été indéniable. Le coussin des dividendes a joué à plein en 2008. Le fonds a certes accusé une perte de 37% mais il fait mieux que 89% de ses concurrents qui ont perdu, en moyenne, 43%. Sur trois ans, le fonds se classe dans le quartile de tête. Outre la plus forte résistance en marché baissier, l’importance accordée aux dividendes a permis de réduire significativement la volatilité du portefeuille sur le long terme. L’approche d’investissement retient en priorité les actions dont le rendement est supérieur à 2,5% mais la capacité des entreprises à maintenir un dividende élevé ou à le faire progresser est un élément clé de l’approche. Pour se faire, l’analyse des valeurs se concentre sur la croissance des bénéfices et la solidité des bilans. Le portefeuille est concentré autour de 50 à 60 actions à tout moment.

C’est Nicolas Simar qui est à la manœuvre sur ce fonds depuis son lancement en 1999, ce qui en fait l’un des historiques de performance les plus longs de la catégorie et aussi l’un des plus solides. Sur dix ans, Simar a en effet surperformé ses concurrents de 4,2% par an en moyenne à fin octobre 2010. Ils bénéficient du soutien d’une équipe de recherche qui compte 26 analystes. Ce fonds est, à notre avis, l’une des meilleures offres pour jouer le thème du dividende sur les actions de la zone euro.

 

Cet article est issu du MorningstarProfessional de Janvier 2011.

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A propos de l'auteur

Mathieu Caquineau, CFA

Mathieu Caquineau, CFA  Analyste fonds senior, Morningstar France