En publiant hier un document de synthèse intitulé « Quelles priorités pour les marchés financiers ?», Jean-Pierre Jouyet a clairement indiqué l’importance que l’AMF accorde aux chantiers réglementaires actuellement en cours au sein de l’Union européenne, et plus largement au sein du G20. Point commun de ces différents chantiers pour le président de l’AMF : un besoin accru de transparence. Les questions abordées portent aussi bien sur les actions que les fonds, les marchés organisés ou au contraire OTC ; avec des bilans sur certains aspects et des propositions pour l’avenir.
Coté bilan, l’AMF tire des enseignements de la directive MIF ou MIFID mise en place pour aider à une meilleure efficience des marchés. En ce qui concerne la mise en concurrence des plateformes de transaction, l’AMF constate qu’en effet on assiste à « une concurrence accrue entre les plateformes de négociation », mais que celle-ci s’est accompagnée d’un « développement de systèmes de négociation non transparents, tels que les systèmes communément désignés par l’appellation anglo-saxonne « dark pools ». Avec corrélativement une baisse de la transparence. Ce qui va à l’encontre de l’esprit de MIFID.
Autre phénomène pointé du doigt, les fameux marchés OTC (Over The Counter, de gré à gré ) sur lesquels s’échangent entre autres les produits dérivés. Le problème est qu’on ne dispose pas de centralisation des informations concernant les échanges sur ces marchés OTC ; et de ce fait on connait mal tant les volumes d’échange que les engagements pris par les intervenants. Parmi les écueils de ces marchés OTC : des mécanismes de fixation des prix qui eux aussi manquent de transparence. Dans ce domaine l’objectif est de faire évoluer les opérateurs vers des marchés réglementés et d’éviter que ne se reproduise la situation de 2007 et 2008 où on avait réalisé à quel point certains opérateurs étaient engagés.
Du coté des OPCVM, l’AMF revient sur le KID (Key Information Document) qui sera mis en place en juillet prochain et rappelle la mise en garde qu’elle avait faite en fin d’année dernière sur les produits structurés, et les fonds à formule en particulier (voir l’article Fonds à formule, la surenchère ).
Parmi les autres sujets abordés par l’AMF mentionnons la question des matières premières. Dans cet univers le poids des dérivés est devenu prépondérant au cours des dernières années ; au point qu’aux Etats-Unis la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) a fixé des limites aux positions que peuvent prendre les opérateurs. Ces limites visent à contenir les positions spéculatives et elles varient selon que l’intervenant est un éleveur / agriculteur ou un opérateur purement financier.
Afin de contenir la financiarisation des marchés de matières premières, l’AMF souhaite la création d’une base d’information centrale permettant de suivre les flux et le cas échéant de fixer des limites d’intervention. Compte tenu des enjeux géopolitiques associés aux matières premières, comme on l’a vu en 2008 avec les « émeutes de la faim » face à la hausse brutale du prix des denrées alimentaires, il est vraisemblable que les instances politiques se montreront volontaristes.
Pour consulter la feuille de route publiée par l’AMF, CLIQUER ICI.