Un regain d’inflation en mai à 2,6% au sein de la zone euro, la BCE qui devrait relever de nouveau son taux directeur après l’augmentation de 25 points de base en avril dernier à 1,25%. Certes la Banque centrale européenne a pour mission de contenir l’inflation en deçà de 2%, et même si on ne voit pas sur le Vieux Continent de réels facteurs d’inflation (marché du travail atone, pas de tension sur les salaires, taux d’épargne important laissant peu de place à une débauche de consommation), les investisseurs ne peuvent pas complètement ignorer le risque inflationniste.
Un risque qui se traduit mécaniquement par une contraction des rendements en raison de l’érosion monétaire, avec parfois des rendements négatifs comme on a pu le constater par exemple au cours des années 70, période de forte inflation.
Pour se prémunir en partie contre ce risque, plusieurs stratégies sont envisageables. On peut par exemple investir sur des obligations indexées sur l’inflation dont le rendement facial sera d’autant plus important que l’inflation sera forte. Pour séduisant qu'en soit le principe, la mise en œuvre d’une telle stratégie requiert un peu de doigté. L’investisseur en fonds doit en effet garder à l’esprit que le gisement d’obligations indexées au sein de la zone euro est essentiellement composé de papiers français, allemands…. et italiens.
Un fonds d’obligations indexées est donc susceptible, en fonction de sa composition, de porter un risque crédit plus ou moins important. Pour investisseur souhaitant mettre en place une stratégie défensive l’idéal est de disposer d’un fonds affichant une Boîte de Style obligataire avec la qualité de crédit la plus haute et le plus faible niveau de sensibilité comme celle qui apparaît ci après :
Dans la pratique, la qualité de crédit peut être dégradée. Quant à la sensibilité aux taux d’intérêt, elle est fonction d’obligations dont l’échéance est parfois éloignée. Dans ce cas, l’investisseur doit bien comprendre qu’un fonds d’obligations indexées ne l’immunise pas contre une hausse des taux.
En quête de stratégies plus simples à mettre œuvre, certains se tournent vers l’or, valeur refuge par excellence, et plus largement les matières premières. Concernant le métal jaune, on a assisté à un doublement de sa valeur depuis novembre 2008, de 750 à environ 1.500 dollars l’once.
L’évolution du cours de l’or entre 1970 et 2011 en euro courant peut laisser penser qu’il existe vraisemblablement peu de marge de progression. Mais c’est compter sans l’érosion monétaire : en euro constant les cours de l’or atteignent des niveaux que nous avons déjà connu par le passé :
Mais pour l’investisseur en matières premières, le problème tient peut-être moins à la cherté qu’à la stratégie à adopter : spot ou futures ? Autant il est possible de se constituer un stock d’or, autant sur les matières premières il est purement et simplement impossible pour un particulier de se positionner sur le marché physique. Il faut alors se tourner vers des contrats à terme qui comme leur nom l’indique ont un terme et donc deviennent inévitablement caduques (voir l’article « Quels supports pour les matières premières ».
Les coûts de portage expliquent, parmi d’autres facteurs, l’écart que l’on constante entre l’évolution du cours des matières premières, représentés par exemple par l’indice CRB, et d’autre part la performance moyenne des fonds ayant une stratégie de portage via des futures sur matières premières.
Enfin, mentionnons une stratégie plus simple, pas spécifiquement orientée inflation mais qui peut produire de bons résultats dans un tel contexte : la recherche d’actions à fort rendement. En effet, le rendement peut faire la différence. Autant sur des années extrêmes comme 2008 et 2009, un écart de rendement de quelques points est pour ainsi dire noyé dans la masse.
Mais sur une petite année comme 2007, on voit bien que le rendement permet d’avoir, ou non, la tête hors de l’eau : tandis que l’indice CAC 40 hors dividende progressait de 1,31%, la version TR (Total Return) de l’indice rapportait près de 3% et permettait le cas échéant de rester positif en dépit d’une inflation de 2%. On retrouve ces stratégies rendement dans des fonds tels que Centifolia ou Tricolore Rendement.
On s’en doute, ces différentes stratégies ne fonctionnent pas comme des assurances annihilant tout impact de l’inflation, et il faut garder à l’esprit qu’elle doit être mise en place progressivement lorsque l’on anticipe une résurgence de l’inflation, pas lorsque l’inflation est déjà là…
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