L'industrie européenne des fonds a connu un bon mois de mars et un robuste premier trimestre 2012. Ce qui n'est pas surprenant compte tenu de la bonne orientation des marchés et de la relative accalmie sur la question de la dette de la zone euro. Les fonds à long terme ont collecté plus de 16 milliards d'euros en mars, portant les montants collectés au delà de 50 milliards d'euros sur le trimestre. Dans le même temps, les fonds monétaires ont attiré plus de 10 milliards d'euros en mars, pour afficher une collecte nette trimestrielle positive de 5,5 milliards d'euros. Mais les fonds européens devront encore connaître de vigoureux trimestres pour compenser les sorties de capitaux de 2011.
En termes de classes d'actifs, le tableau est plus mitigé. Après deux mois de flux modestes, les fonds actions ont affiché des rachats nets de 1,3 milliard d'euros en mars. Alors que les fonds obligataires ont engrangé près de 14 milliards d'euros d'argent frais, portant le total trimestriel pour cette catégorie à 37 milliards d'euros. Les fonds d'allocation ont aussi brillé, encaissant plus de 3 milliards d'euros en mars et près de 7 milliards d'euros sur le premier trimestre.
Source : collecte nette Morningstar Direct.
Remarques sur les données : Les chiffres de ce rapport ont été compilés le 23 mars 2012. Ils incluent plus de 27 000 des 31 000 fonds suivis par Morningstar et gérés par 1 100 sociétés dans 29 pays. Entre 1 et 4 milliards d'euros d'actifs sous gestion de ces groupes ne sont pas inclus parce que les actifs de certains fonds n'étaient pas déclarés à la date de publication : il s'agit de SEB, Idinvest, Carnegie, East Capital, Amundi, Henderson, Man, et Storebrand.
La catégorie obligataire est reine
Aux États-Unis, les investisseurs ont délaissé les actions pour se reporter sur les obligations depuis plusieurs mois déjà. Mais de ce coté ci de l'Atlantique, les obligations ont été plus difficiles à placer en 2011 à cause de la crise de la dette européenne. Les investisseurs européens ont racheté plus de 50 milliards d'euros de parts de fonds obligataires entre août et décembre 2011, alors que l'aversion au risque dominait et que l'on craignait des défauts souverains.
Les récents flux vers les fonds obligataires ne doivent pas pour autant être considérés comme un vote de confiance en faveur de la zone euro. Les investisseurs européens ne se ruent pas sur les fonds d'obligations d’État. Les catégories obligataires Morningstar les plus prisées au premier trimestre sont la dette privée, la dette à haut rendement et émergente. La catégorie obligations à haut rendement en dollars a connu une croissance organique de 18,3 % au premier trimestre, affichant ainsi une des croissances les plus fortes. Les investisseurs européens font clairement la différence entre des gouvernements en difficulté et des sociétés profitables, entre un occident endetté et des pays émergents disposant d’une liquidité abondante.
L'intérêt des investisseurs pour le haut rendement et les marchés émergents peut être considéré comme un phénomène global et comme un retour vers la tendance moyenne en Europe. Les investisseurs européens ont placé environ 150 milliards d'euros en fonds obligataires en 2009-2010 ; les obligations privées (en particulier le haut rendement) et la dette émergente ont été très en vogue. L'appétit pour le rendement a aussi été un facteur clé. Il est aussi probable que des investisseurs nerveux sont à la recherche d'une alternative aux actions. Les obligations convertibles – qui ne sont pas vraiment des actions - ont probablement bénéficié de cette perception. Les investisseurs européens ont placé plus de 1 milliard d'euros dans les obligations convertibles au premier trimestre. Dans le même temps, les rendements obligataires sont en baisse, et l’éventualité d'une « bulle » obligataire est de plus en plus évoquée.
Les thèmes des émergents et des dividendes perdurent coté actions
Dans ce contexte, rien de surprenant à ce que les fonds actions les plus populaires au premier trimestre soient concentrés sur les pays émergents et les actions versant des gros dividendes. Aberdeen Global Emerging Markets a attiré 1,5 milliard d'euros sur le trimestre passé, Global Dividend chez M&G et Templeton Asian Growth ont collecté près d'un milliard d'euros chacun. Les analystes de Morningstar ont octroyé à ces trois fonds les notes « Gold », « Silver » et « Bronze » respectivement, en fonction de leurs convictions sur chacun d'entre eux.
Un marché des fonds monétaires français marqué par d'amples mouvements
Amundi a collecté un montant énorme de 5,2 milliards d'euros en mars, sa plus grosse collecte mensuelle ces dernières années. Et BNP Paribas a attiré un impressionnant 7,6 milliards d'euros sur le premier trimestre, ses plus gros flux depuis 2009. Les deux établissements ont bénéficié d'un afflux vers les fonds monétaires, alors que Natixis a connu de sérieux rachats tant sur le mois que sur le trimestre.
En termes de flux vers les fonds à long terme, il n'est pas étonnant de trouver les établissements orienté plutôt vers les actions comme Fidelity et DWS connaître des sorties nettes de capitaux au premier trimestre, tandis que ceux plutôt orientés obligations comme BlackRock et PIMCO affichent des collectes nettes.
L'allocation au sein des émergents se distingue
Avec une croissance organique de 34 %, la catégorie (de taille significative) affichant la croissance la plus rapide au premier trimestre est « Allocation globale marchés émergents ». Le fonds Carmignac Emerging Patrimoine, de loin le plus gros de la catégorie, se distingue sur la période en termes de flux. Mais les offres de Capital International, Pioneer, PIMCO, et UBS ont aussi bénéficié du concept de flexibilité laissant une certaine liberté au gérant dans la pondération entre actions et obligations sur les marchés émergents.
Catégories avec la collecte nette la plus importante en mars 2012
Source : collecte nette Morningstar Direct
Classement des 10 premières sociétés de gestion en fonction de l'actif sous gestion à long terme
Source : collecte nette Morningstar Direct