Objectif
L'ETF PowerShares EQQQ offre une exposition aux 100 plus grosses capitalisations du Nasdaq à l’exclusion de celles appartenant au secteur financier. L'ETF est plus particulièrement adapté pour un investissement de cœur de portefeuille au sein d'un portefeuille diversifié. Étant donné la taille de l'économie américaine, il n'est pas surprenant d'observer une forte corrélation avec les marchés internationaux ; du coup, les bénéfices que l'on peut retirer de ce fonds en termes de diversification supplémentaire au sein d'une allocation actions diversifiée seront limités. L'indice est corrélé à 90 % avec le MSCI World et à 80 % avec le STOXX Europe 600 sur les trois dernières années.
L'indice étant essentiellement investi en grandes capitalisations, l'ETF peut judicieusement compléter une exposition en petites et moyennes valeurs dans un portefeuille.
Les investisseurs anticipant une sur-performance des actions américaines, et du secteur de la technologie en particulier, peuvent utiliser cet ETF comme outil tactique. De plus, il convient aussi aux investisseurs recherchant une exposition hors valeurs financières dans un portefeuille bien diversifié, en particulier si le portefeuille existant affiche déjà un biais en faveur des financières.
Analyse fondamentale
L'indice que cet ETF réplique est largement dominé par le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). La performance sera donc largement dépendante de celle de ce secteur.
Malgré quelques statistiques pointant une faible croissance économique, les dépenses dans le secteur des TIC sont restées relativement robustes l'an dernier. Mais les mesures d'austérité imposées par divers gouvernements un peu partout dans le monde, pourraient finalement peser sur les futures dépenses du secteur. Les analystes actions de Morningstar pensent que les grands groupes de technologie activeront leurs excédents de trésorerie en 2012. Apple a récemment annoncé qu'il allait distribuer un dividende trimestriel et racheter ses actions, Dell et Cisco ont récemment affecté leur cash flows à des acquisitions. Par ailleurs, des tendances lourdes, comme le « cloud computing » ou la mobilité, vont bénéficier au secteur dans les années à venir.
Après un bon départ en 2012, les statistiques publiées récemment ont un peu obscurci l'horizon de l'économie américaine. Elle a seulement créé 122.000 emplois en mars, soit la moitié du mois précédent et bien en dessous des attentes. Ces nouvelles données indiquent que le marché du travail américain n'est peut-être pas aussi robuste que ce que les statistiques de janvier et février pouvaient laisser penser, à cause de biais saisonniers favorables tels qu'une météo clémente et de forts ajustements saisonniers. Plus récemment, les nouvelles demandes d'allocations chômage ont progressé de 13.000 à 380.000 début avril, affichant ainsi la plus forte hausse hebdomadaire depuis près d'un an.
Les prix à la consommation ont progressé de 2,7 % en mars, bien au dessus de l'objectif de la Fed de 2 %. Face à une reprise toujours fragile, marquée notamment par un chômage élevé (8,2% en mars), un marché immobilier et une industrie toujours affaiblis, le Président de la Fed Ben Bernanke, a déclaré le mois dernier qu'un nouvel assouplissement quantitatif (QE, « Quantitative Easing ») pourrait être nécessaire. Cependant, avec une inflation supérieure à l'objectif de la Fed, cela paraît peu probable. Par ailleurs, la situation fiscale aux États-Unis est pire que ce qu'il y paraît, selon William Duddley, le Président de la Réserve Fédérale de New York. Les faibles taux actuels permettent de maintenir les coûts du service de la dette à de bas niveaux, et par la même occultent les vrais problèmes de la dette. Et ces taux d'intérêt historiquement faibles aux États-Unis ne devraient pas remonter rapidement puisque la Fed entend maintenir le niveau actuel jusqu'à au moins fin 2014. Bernanke a déclaré que tant qu'il n'y aura pas de période prolongée de forte création d'emplois, il ne peut pas considérer que la reprise est durablement installée. Ce qui signifie, qu'en dépit de quelques statistiques encourageantes, le marché du travail est encore trop faible pour prendre le risque d'un relèvement des taux.
Pourtant Moody's anticipe une croissance américaine de 2,5 % pour le milieu de l'an prochain et de 4 % à la mi-2014. Et un chômage en recul à 7 % d’ici la fin 2013. Malgré la hausse des prix du pétrole, la poursuite de la crise de la dette européenne et les incertitudes sur les dépenses budgétaires aux États-Unis, Moody's estime que ces facteurs présentent moins de risque qu'il y a quelques mois.
Pour l'avenir, un taux de chômage élevé et un marché immobilier affaibli continueront de peser sur l'économie américaine. De plus, l'élection présidentielle de 2012 a de bonnes chances de déboucher sur un blocage politique cette année.
Construction de l’indice
L’indice Nasdaq 100 fournit une exposition aux 100 plus grandes valeurs non financières cotées sur le Nasdaq. L'indice est pondéré par les capitalisations et regroupe les principaux secteurs industriels, tels les matériels informatiques et les logiciels, les télécommunications, le commerce de détail et de gros et la biotechnologie. L'indice est calculé en fonction d'une méthode pondérée par la capitalisation ajustée, visant à préserver les attributs économiques de la pondération par la capitalisation tout en fournissant une diversification accrue. Pour y parvenir, l'indice Nasdaq 100 est révisé chaque trimestre et réajuste les pondérations des sociétés de l'indice grâce à un algorithme propriétaire, si une certaine distribution des pondérations n'est pas atteinte. Pour être éligible à l'indice, les valeurs doivent être cotées sur le Nasdaq et respecter une liste de critères, comme par exemple ne pas appartenir au secteur financier, avoir un volume d'échange quotidien d'au moins 200.000 titres et être cotées depuis au moins trois mois.
L'indice affiche un net biais en faveur du secteur de la technologie (60%), suivi par la santé (12%) et la distribution (10%).
Apple est le plus gros titre de l'indice, pesant 12,2 %, suivi par Microsoft (8,5%) et Oracle (6,5%). L'indice a donc un biais important en faveur des grosses capitalisations puisque les 10 premières sociétés représentent environ 50 % de l'indice.
Construction du fonds
L'ETF PowerShares EQQQ utilise une méthode de réplication physique pour reproduire la performance de l'indice Nasdaq 100. Pour y parvenir, il investi dans toutes les valeurs de l'indice de référence et reproduit leurs pondérations. PowerShares peut faire du prêt de titre pour accroître ses revenus. Les prêts de titres contribuent en partie à réduire le TFE (total de frais sur encours). Afin de couvrir le fonds face aux risques de contre-partie qu'implique le prêt de titres, PowerShares prend des collatéraux supérieurs à la valeur du prêt. Les niveaux de collatéraux varient suivant le type d'actif fournit par l'emprunteur en collatéral, mais doivent être supérieurs à 102 %.
Le fonds peut détenir jusqu'à 20 % de ses actifs dans un seul émetteur. Dans des conditions de marché exceptionnelles, le gérant peut investir jusqu'à 35 % du portefeuille sur un seul émetteur. Le fond peut par ailleurs détenir jusqu'à 10 % de son actif dans d'autres supports d'investissements collectifs. Il peut également investir sur des instruments dérivés. De plus, il peut avoir recours aux dérivés OTC et investir jusqu'à 20 % de son actif dans des actions ou des produits de dette émis par un même émetteur.
Frais
Le fond affiche un TFE de 0,30 %, se situant au milieu de la fourchette des ETF répliquant l'indice Nasdaq 100.
Alternatives
Il existe cinq ETF reproduisant l'indice Nasdaq 100. Le plus gros en termes d'actifs est le NASDAQ-100 chez iShares. iShares a recours à une réplication totale de l'indice de référence et prélève des frais de 0,32 %.
Les investisseurs recherchant un indice plus diversifié pour s'exposer aux actions américaines peuvent utiliser l'ETF S&P 500 de iShares. Le secteur le plus important dans l'indice S&P 500 est les TIC (20%), suivi par les financières (15%) et la santé (11%). La plus forte pondération est Apple (4,4%), suivie d'Exxon Mobil (3,2%).
Gordon Rose est analyste ETF chez Morningstar.