Pour des investisseurs européens, les fonds d’obligations européennes ou de la zone euro constituent habituellement le cœur de portefeuille. La crise de la dette en zone euro vient pourtant rappeler, s’il en était besoin, la nécessité de se diversifier à l’international. Les fonds d’obligations internationales permettent en effet aux investisseurs de bénéficier de l’appréciation des devises et de rendements plus élevés (notamment si les fonds investissent sur les pays émergents). Cela leur permet en outre d’être moins exposés à l’évolution des taux en zone euro, mais avec comme corollaire, une plus grande sensibilité à l’évolution des taux internationaux, qui peuvent monter, et des devises, qui peuvent se déprécier. Sur le long terme, néanmoins, un portefeuille obligataire diversifié à l’international donne accès à de nouvelles opportunités, sur des régions géographiques aux cycles économiques et monétaires différents, ce qui permet de lisser la performance et la volatilité dans le temps.
Largement dominés par la dette gouvernementale, notamment des Etats-Unis et du Japon, les indices d’obligations internationales ne reflètent pas forcément le positionnement des fonds au sein de cette catégorie. En effet, de nombreux fonds d’obligations internationales sont gérés avec une grande latitude par rapport aux indices, et certains investissent par exemple de manière significative dans les marchés émergents. Ces derniers ont enregistré ces dernières années des performances impressionnantes et sont peut-être prêts pour une pause (et quand ces marchés chutent, c’est généralement tout aussi impressionnant). De nombreux gérants estiment néanmoins qu’ils sont devenus plus attractifs sur le long terme : ils sont moins dépendants des flux de capitaux pour financer leur croissance, bénéficient d’institutions politiques et économiques plus solides, sont moins endettés et l’inflation y est moins forte que par le passé. Aussi, avant d’investir sur un fonds d’obligations internationales, les investisseurs doivent s’assurer qu’ils ne dupliquent pas une exposition à la dette des marchés émergents qu’ils auraient déjà acquise par ailleurs via un fonds spécialisé.
Parmi les fonds qui ont fait leurs preuves sur l'univers des obligations internationales, en voici trois qui font partie de nos plus fortes convictions:
Loomis Sayles Global Opp Bond (noté Silver)
Les investisseurs ont accès avec ce fonds à une maison de gestion américaine, Loomis Sayles, avec un savoir-faire reconnu en gestion obligataire. L’ensemble des fonds gérés par l’équipe obligataire sont de bonne facture, et la communication de la société envers les investisseurs est exemplaire. Cette équipe a en outre été remarquablement stable au cours du temps. David Rolley et Kenneth Buntrock ont plus de 30 ans d’expérience chacun, dont plus de dix au sein de la société, et gèrent cette stratégie depuis 2000. Ils s’appuient sur plusieurs groupes de recherche, notamment une vingtaine d’analystes crédit corporate et cinq analystes spécialisés sur le risque souverain dont l’expérience moyenne est de 20 ans et qui ont tous passé une bonne partie de leur carrière chez Loomis Sayles. Nous saluons aussi les investissements personnels conséquents des gérants dans les fonds qu’ils gèrent, un signe de leur engagement aux côtés des investisseurs. Le fonds investit principalement en dette de qualité « investment grade » avec un maximum de 20% en haut rendement. L’exposition au crédit représente typiquement un tiers des actifs, et les devises sont une source importante de valeur ajoutée. Le portefeuille final est très diversifié, autour de 150 à 200 positions, et peut afficher une composition nettement différente de celle de l’indice. Ce positionnement parfois contrariant ainsi que les paris offensifs sur le crédit et les devises peuvent laisser le fonds temporairement à la traîne par rapport à ses concurrents, comme c’était le cas en 2008. Les investisseurs ont donc tout intérêt selon nous à adopter un horizon d’investissement de long terme pour bénéficier au mieux de la stratégie. Même si nous avons une forte conviction sur le potentiel de ce fonds, un point négatif à notre avis est son prix : son TER, de 1,50% en 2010, il est supérieur de 50 bps à la catégorie, ce qui limite sa compétitivité.
Templeton Global Bond (noté Silver)
Ce fonds est un choix attractif pour les investisseurs prêts à en supporter les risques. Il bénéficie tout d’abord d’un gérant très expérimenté, Michael Hasenstab, qui a rejoint Franklin Templeton en 1995 et a repris la gestion du fonds en 2002. Nous pensons qu’il bénéficie de l’une des expertises les plus solides du marché, en particulier sur le plan macroéconomique. Il est épaulé par une équipe de plus de 15 analystes répartis entre Londres et la Californie, et peut également compter sur les vastes ressources de la société, y compris localement dans les pays émergents. Hasenstab investit à titre personnel dans les fonds qu’il gère, ce qui permet selon nous de mieux aligner ses intérêts sur ceux des investisseurs. La stratégie consiste à identifier et exploiter les poches de sous-valorisation. Elle se base sur une analyste top-down de l’environnement macroéconomique global ainsi que pays par pays, via de nombreux modèles qui ensemble permettent de définir une allocation-cible par devise et sensibilité au taux d’intérêt. Il n’hésite pas à s’écarter sensiblement de son benchmark et de ses pairs. A fin décembre 2011, trois pays représentaient près d’un tiers du fonds : la Corée (12,7% contre moins de 1% pour la catégorie !), la Pologne et la Hongrie (10% chacune). Cette approche a fait ses preuves depuis l’arrivée de Hasenstab, et le fonds se classe parmi les 10% meilleurs de sa catégorie sur cinq ans à fin février 2012, avec une surperformance annualisée de plus de 400 bps. Il a certes été plus volatil que la moyenne, sans surprise pour cette stratégie de conviction, mais le risque a été utilisé à bon escient et le fonds affiche une notation Morningstar globale de 5 étoiles. En revanche nous regrettons que ce fonds, domicilié en Irlande, soit offert à un prix aussi peu compétitif : avec un TER de 1,41%, il est nettement plus cher que la catégorie et que sa version américaine.
Raiffeisen-Global-Rent (noté Silver)
Les investisseurs sont avec ce fonds entre de très bonnes mains. Gernot Mayr gère le fonds depuis fin 2000 et il peut compter sur 18 autres gérants répartis entre stratégies taux, devises, crédit et marchés émergents. Ils forment une équipe globalement stable et expérimentée, ayant travaillé ensemble depuis plus de 9 ans pour la plupart. L’équipe a développé au cours du temps un processus de gestion particulièrement discipliné qui vise à tirer profit de nombreuses sources de performance à travers des petits paris sur chacune des plus de 40 stratégies individuelles identifiées (duration, courbe de taux des différentes régions géographiques, allocation entre crédit et obligations d’Etat au sein de chaque pays, sélection de titres, devises…). Nous pensons qu’il s’agit de l’une des stratégies les plus solides au sein de cette catégorie, et l’utilisation de multiples leviers de performance a permis de bien contrôler le risque au cours du temps. Le fonds a bâti un track-record enviable : il surperforme avec une grande régularité sur trois, cinq et dix ans à fin février 2012. En 2011, il a réalisé une performance de 7,38% soit 6,35% de plus que la catégorie, notamment grâce à sa surpondération des Etats-Unis (31,7% de l’actif à fin janvier 2012 contre 21% pour la catégorie Morningstar Obligations Internationales). Enfin, le fonds est proposé à un prix raisonnable (0,73% de TER contre 1% pour la catégorie) ce qui contribue à sa compétitivité.